Grand corps malade

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

(Mise à jour du 09 février : un écho indirect – enfin, moi, je trouve)

(Mise à jour du 08 février : sujet du concours externe 2011 de conservateur : “Romantisme et politique” – moi qui parle d’endogamie plus bas…)

(Mise à jour du 04 février : puisque les trolls et les anonymes débarquent, je ferme les commentaires sur deux constats :

  • énormément de lectures et d’interventions : je crois que je ne suis pas le seul à ressentir le malaise pro dont je parle ici ;
  • (sauf très rares exceptions) silence radio des politiques et décideurs des bibliothèques, ici ou ailleurs (entendez, dans leur club fermé) : la politique de l’autruche a de beaux jours devant elle).

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J’ai assisté récemment à deux rencontres professionnelles qui ont été l’occasion de discuter avec les collègues et de tâter par cet intermédiaire un peu du pouls du grand corps malade des bibliothèques.

Le constat est toujours le même : une bonne partie de l’appareil politique et de pouvoir des bibliothèques n’a toujours absolument pas compris ce qui se passe dans notre présent, et continue à préparer un futur déjà presque passé avec des outils, des systèmes, des logiques du 19ème siècle. Un peu comme un conducteur d’automobile qui serait en train de penser au virage serré qu’il doit prendre alors qu’il est en fait déjà en sortie de ce virage, et dans une trajectoire qui va sans doute l’amener dans le mur.

Les symptômes ? Blocages par leur hiérarchie des rares collègues qui essaient encore de faire bouger les choses ; perte de temps, d’énergie et d’argent dans ce nouveau miroir aux alouettes bling-bling que sont les Learning-centers, énormes outils destinés à n’être que des coquilles vides et fermées la moitié du temps ; refus d’entrer dans les réseaux sociaux où sont nos usagers (combien de bibliothécaires actifs sur ces réseaux ? et la question plus cruciale : combien de nos décideurs sur ces réseaux, seul endroit d’où on puisse  comprendre ces réseaux et ce qu’ils représentent) ; et une bonne dose de consensus mou par-dessus pour faire bonne figure et surtout, ne pas faire de vagues.

Les raisons ? Multiples. Recrutement endogamique (les concours d’entrée au métier de conservateur ne peuvent que recruter des gens qui ont lus tout Deleuze mais ne savent pas qu’une souris n’est pas qu’un rongeur) ; formation initiale totalement dépassée et purement théorique ; luttes de pouvoir pour des enjeux de pouvoir ridicules ; crispations sur le cadavre de manières de faire datées ; refus de laisser parler la créativité des équipes par crainte de perdre la main.

Le résultat de tout cela ? Une ambiance terriblement lourde (cela m’avait déjà marqué il y a 3 ans, lors de mon premier congrés de bibliothécaire, à Dunkerque) qui me fait penser à un bal des vampires même pas drôle, ou à un remake de ces scènes de rues de Walking Dead, où l’on croise tout à la fois des personnes découragées de se heurter à des murs ; et ces mêmes murs, plus ou moins vivants. Et puis surtout, et c’est ce qui me désespère réellement dans tout ça, en fait, le sentiment que ce sont nos usagers qui, in fine, paient notre stratégie suicidaire. Mais cela fait longtemps que quasiment tout le monde a oublié le sens de nos missions, et à qui elles sont destinées.

Voilà. Nulle conclusion à tout cela. Un constat amer. ‘Il faut cultiver son jardin’.

PS : je n’ai aucune ambition en écrivant ce genre de choses. Je ne suis pas un politique, je ne cherche pas à faire carrière, tout cela ne m’intéresse pas. Et à dire vrai, je sais que personne, de ceux qui sont en position de faire changer les choses, ne lira ce qui s’écrit ici (c’est le plus désespérant, ces billets dans le vent) ni ne réagira : les bibliothécaires et ceux qui les pilotent ne sont pas sur les réseaux, ils vivent dans un autre monde, un monde mort.

155 thoughts on “Grand corps malade

  1. bon, dans ce cas-là, c’est les rencontres en question qu’il faut virer de ton calendrier, comme du mien les salons du livre et autres machins pots de fleur, sauf quand justement ils font confiance, genre Bron ou Paris en toutes lettres…

    ce que tu dis c’est réel évidemment, mais en même temps contient son contraire –  c’est hallucinant que un tissu de médiathèques qui dans les années 80 ont été si en pointe sur tout, la Seine Saint-Denis, la pression des petits potentats dans chaque ville, les coupes de budget (35% à Bagnolet en 2 ans), font que ce tissu s’est éloigné dans un pays très lointain (1 seul abonné à publie.net sur les 50 ou 60 médiathèques de ce dept)

    idem aucune fac ou grande école de la région parisienne qui nous fasse cet honneur pour l’instant, alors qu’on commence à voir embrayer les consultations côté Nice Strasbourg Montpellier Poitiers…

    mais est-ce que ce n’est pas le paradigme de toute mutation profonde ? — est-ce que ça empêche nos jeudis soirs, avec profs et étudiants mêlés dans le même atelier, les étudiants dans la BU avec chacun son ordi mais là quand même, et les textes de l’atelier propulsés sur blogs et réseaux ?

    c’est peut-être un chemin qu’on trouve un peu solitaire, mais vu de mon côté, la présence des #bibs sur twitter par exemple (SM, LD, FQ, MF, JP, MDM, d’autres…) c’est quand même un sacré moteur, réactif, et qui justement solidifie le terrain

    et rien d’autre qui compte

    1. D’où…. ‘il faut cultiver son jardin’ 🙂 et travailler au local seulement (comme on essaie de faire).
      C’est juste désespérant de sentir les blocages auxquels certains collègues se heurtent (des sortes de murs de verre à freins)

      1. Merci pour ce billet car le sentiment de grande fatigue se retrouve chez beaucoup de professionnels. Pour trouver un engrais bio au jardin il me semble que le travail en local est certainement primordial mais pour éviter la sclérose, il ne faut pas s’empêcher de travailler avec des réseaux nationaux transversaux ou encore avec des projets internationaux. Un exemple parmi d’autres : soutenir sans répit les démarches de l’open access dans les bibliothèques en collaboration avec les structures qui y travaillent, permettrait de consolider une communauté trop fragilisée par l’attentisme et apporterait sans doute un nouveau terreau pour que le jardin fleurisse.

  2. Erreur. Ils te lisent. Mais t’ignorent.
    Et dans les raisons que tu cites il y en a une qui se trouve en filigrane dans ton texte mais à mes yeux pas assez explicite : le fossé générationnel. Les 30-40 (nous) n’en peuvent plus des vieux (50-60). Cf l’article du BBF de Lahary en 1995 sur le “fossé des générations”, qui, 6 ans plus tard, est devenu un gouffre.
    Tu as tort, d’une certaine façon, de ne pas avoir d’ambition : tu veux que ça change? Pousses les vieux dehors! Prends leur place!
    Tu as tort mais je comprends (ô combien) la tentation de les envoyer “pêter” et de cultiver ton jardin.

    1. Sur le fossé, je nuancerai : je connais de jeunes vieux, beaucoup. Bon ils ont été recrutés par des vrais vieux, ce qui peut expliquer. Et je connais des vieux très jeunes, mais étouffés dans la masse. Bon, où est ma bêche ?

      1. dois je m’insurger? moi qui fait partie des “vieux” et qui est entouré -cerné?- de + jeunes qui font comme s’ils étaient vieux? pas question d’âge, hein? juste de mentalité.
        (désolé pour la fausse manip précédente)
        Alain

      2. Wow, je m’endors un peu sur ce commentaire, je reviens qq jours plus tard et y’a 90+ commentaires. Misère…
        Je précise ma remarque sur les générations, visiblement mal comprise si je lis les commentaires qui suivent.
        L’article. D. Lahary est tout sauf manichéen, et cet argument générationnel ne prétend pas être l’unique cause de ces problèmes. Et en effet il y a des jeunes vieux, des vieux jeunes et toutes les nuances de gris au milieu. Mais c’est néanmoins un élément qui ne peut être complètement évacué, sauf à balayer l’intégralité de l’article en question, qui dit clairement non seulement qu’au delà du vieux-jeune de service (salut JC) et des cas individuels, il y a bel et bien des effets de génération, mais qu’en plus il y a des conflits entre les générations.
        A la fin des fin, l’argument est assez simpl(ist)e:
        1/ les bibliothèques sont dans un état déplorable et qui va s’aggravant
        2/ “ils” dirigent les bibliothèques depuis 20 ans, donc
        3/ “ils” sont responsables de ce désastre.
        C’est la faillite, sortez les : CQFD

        1. “Sortez-les”, “prends leur place”, facile à dire… Souvent les “n+1” sont les meilleurs promoteurs de l’immobilisme sont aussi les plus agrippés à leur poste.
          J’aimerais juste souligner que Daniel Bourrion a décelé et exprimé un malaise profond et réel, qui affecte bel et bien toute une classe d’âge.
          Peut-être qu’il a existé de tout temps des clivages générationnels, mais le fait est que l’accélération du temps à l’ère du numérique accélère aussi le creusement du fossé, que dis-je, du gouffre.
          Il en résulte des dualités difficiles à dépasser: paralysie et procrastination vs action, réflexion déconnectée du réel vs performativité du discours, non-délégation des tâches et exercice solitaire du pouvoir vs action conjointe et concertée, etc

          1. je voulais dire: “les “n+1″ QUI sont les meilleurs promoteurs…”

          2. Eh eh, j’ai pas dit que ce serait facile… Et ça prendra un peu de temps. Y compris, ss vouloir forcer un coming out, ds ton établissement

      3. Daniel je m’étonne! Tu ne réponds pas à ma suggestion de “prendre la place”. Tu veux changer les choses, j’en déduis donc que tu es candidat au premier poste de “responsabilité”, i.e. dir. BU qui se présente? Non? Pourquoi? Tss tss tss.

  3. Et ben, c’est noir!!… et le pire c’est que nous sommes obligés de partager ce point de vue. Et qu’il n’y a pas au fond du tunnel une petite lumière qui pourrait nous faire espérer la sortie.
    Les décideurs ne décident plus, les exécutants se retrouvent à se demander ce qu’ils pourraient bien faire, ceux qui ont des idées les remisent parce qu’on leur a fait comprendre que l’immobilisme était une solution bien plus confortable…
    les BU? Le meilleur des mondes …morts.
    Alain

  4. Ai twitté un peu sur ce très bel article, en effet assez désespéré. Où l’on voit comment une fois encore les pesanteurs politiques et administratives, mises en place par des sortes de dinosaures qui ne vivent que de ce que ça ne bouge pas empêchent toute évolution. Tout cela bien ressenti par l’usager que je suis, chaque fois que je mets les pieds dans une bibliothèque. A la fois éblouie de tout ce qui est proposé mais sidérée par l’ambiance, lourde, l’incompétence flagrante des personnels, la plupart du temps, la bureaucratie. Et le fait évident, que tout le monde se fout du livre, du disque, du besoin que l’on peut en avoir, pour vivre, se nourrir intérieurement.

  5. @dbourrion et @nicomo hélas, même pas caricatural :/. donc quand on cumule fossé générationnel côté pro et raideur côté politique + incompétence des services techniques, c’est l’immobilisme.
    en même tps, peu de trentenaires empoignent le pb à bras-le-corps en “sortant les vieux” : 95% de ma promo enssib a fui devant les quelques postes à (vraies) responsabilités offerts. Aujourd’hui, ils sont encore dans cette posture de “je ne suis pas un dirigeant mais un scientifique, moâââ”. Ben si, et ce n’est pas avoir les dents longues ni être vendu que d’avoir l’ambition d’être calife à la place du calife si c’est pour faire bouger les services.

  6. J’ai travaillé dans une structure où on m’a dit le jour de mon départ : ce que vous faites, c’est bien pour la profession. – Et pour la bibliothèque, non ?
    J’ai quitté le monde des bibliothèques après avoir organisé une journée de formation sur le livre numérique. La salle était comble mais sans aucun décideur du département.
    Je ne crois pas que ce soit une question de génération. La nouvelle n’est pas meilleure… et souvent guère plus douée en informatique. C’est une question d’implication. On s’en fout des outils : l’essentiel, ce sont les contenus et le public. Je crois à un monde des bibliothèques avec moins de moyen, dans un périmètre plus restreint avec des gens qui ont envie d’être bibliothécaire. Les bases du métier n’ont pas changé malgré les bouleversements technologiques en cours.

  7. D’accord avec toi sur le constat, ça n’avance pas vite donc tu as l’impression d’une immobilité.
    D’accord avec ta réponse à Nicomo, il y a des jeunes-vieux et des vieux-jeunes (pas beaucoup c’est vrai mais je pense en faire partie).
    C’est pas pour cela qu’il faut se désespérer et abandonner. Un des avantages de la veillesse, c’est qu’on à la patience. Il faut continuer notamment en local à faire avancer les idées, il faut passer les concours et grimper dans la hiérarchie.
    Une anecdote : quand j’étais jeune sous-bibliothécaire (cela s’appelait ainsi à l’époque), je ne voulais pas encadrer et passer chef (c’était mon côté post-68) et puis je me suis rendue compte que le meilleur moyen pour faire avancer ses idées, c’était d’être à un poste décisionnaire. C’est ce que j’ai fait et ça a marché.
    Autres conseils :
    – se focaliser sur ce qui va bien et laisser ce qui va mal derrière soit (ne pas gratter la croûte qui fait mal)
    – les petites avancées, un beau jour se cristallisent et prennent formes.
    – changer de bibliothèques si la sienne est vraiment trop archaïque.
    – un espoir proche, 30% des cadres vont être renouvelés dans les 5 ans à venir. Même si l’Etat a programmé la diminution des fonctionnaires il en restera un nombre important à recruter.
    En bref, courage

  8. Punaise, j’avais écrit un commentaire mais il a été effacé parce que les champs du formulaire étaient mal remplis.

    Bref, si je comprends bien, ce qui t’ennuie n’est pas tant l’absence de projets -on sait qu’il y a des initiatives intéressantes ici et là, que d’aucuns investissent et s’investissent, qu’ils cultivent leur jardin- pas tant l’absence de projets donc, que le manque d’ampleur de ceux-ci. Ce sont “les bibliothèques” dans leur ensemble qui vont dans le mur, même si certaines devraient y échapper.
    La question n’est alors pas de savoir si les bibliothèques vont dans le mur mais comment mieux faire émerger ces initiatives locales et afficher le contraire.

    Je suis d’accord sur certaines remarques. Il convient de se méfier des “Learning Centers” dont je ne suis pas certains que tous ont compris de quoi il s’agissait vraiment, ni comment cela fonctionnait ou devrait fonctionner. Certains services proposés existent déjà et, en un sens, j’ai l’impression qu’il s’agit plus de renommer un ensemble de pratiques déjà acquises afin de les regrouper et les concrétiser de nouveau que de révolutionner les pratiques elles-mêmes. Ceci étant, il reste encore beaucoup à faire pour remplir le contrat et faire de nos bibliothèques des « Centres d’apprentissages ».

    Évidemment, je suis moins d’accord sur d’autres remarques. Voire, il apparaît franchement lassant de toujours lire des remarques sur la formation initiale qui fait de son mieux et essaie de se réformer. Peut-être les parcours apparus cette année verront la spécialisation des agents que tu attends avec impatience ?

    Autre point de désaccord : dans les formations que j’ai animées, les réticences ne venaient pas tant des “pilotes”, des directeurs ou chefs de projets, que des équipes elles-mêmes, au mieux indifférentes, au pire hostiles. Il y a un travail d’accompagnement qui doit se faire et qui se fait, et c’est bien.

    Les choses changent, probablement pas assez rapidement mais c’est pourtant le cas.
    Il a d’abord fallu connaître les outils et leurs potentiels. On a ensuite laissé les early adopters se frotter à ces derniers. Je crois que c’est maintenant le temps de construire des projets qui intègrent pleinement ces dimensions numériques et, me semble-t-il, c’est déjà le cas. La maturité s’acquiert.
    Au-delà, il me semble que c’est à travers ces projets justement qu’on arrivera à fédérer les équipes où chacun, agents plus ou moins à l’aise avec le numérique, pourra participer à hauteur de ses connaissances, de ses moyens. Garder, afficher, toujours se référer aux objectifs finaux, ce qu’on veut faire et pour qui on veut le faire.

    Je n’arrive pas à être amer. Je vois les initiatives émerger, je vois les collègues créer, innover, proposer. Oui, il faut cultiver son jardin, mais peut-être justement est-ce grâce à ces initiatives et leur succès, ou non, que « les bibliothèques » parviendront à mieux s’adapter. L’autre solution est de participer à d’autres instances, ne pas se replier sur soi uniquement et prendre son bâton de pèlerin. Ça demande du temps et de l’énergie, probablement moins fertile, mais ce n’est jamais inutile.

    1. Thomas, remarques qui n’engagent que moi :
      – formation initiale, à voir, même si je n’y crois pas beaucoup, à cette réforme dont je me demande s’il n’est pas déjà trop tard. De plus, c’est aussi déjà au niveau du concours réservé aux littéraires que ça ne va pas. Tant qu’on pensera que les bibliothèques sont une histoire de bibliothécaires littéraires, ça n’avancera pas.
      – toujours sur formation initiale, petite remarque : quelle est la présence réseaux des conservateurs actuellement en formation ? Moi, je ne vois rien… Et donc, ceux qui piloteront les bibliothèques dans les 40 ans à venir ne sont déjà même pas sur les réseaux – ça promet.
      – personnellement, je pense que nous sommes déjà morts – ces initiatives pas assez rapides sont à mes yeux déjà des tentatives désespérées de se raccrocher à un modernité qui nous échappe largement. Comme me disait quelqu’un il n’y a pas longtemps, c’est comme les poulets à qui on a coupé la tête, ils courent encore mais…

      1. Sur le deuxième point, je ne suis pas d’accord… Il y a bien plus de conservateurs récemment sortis de promo ou en cours de formation sur les divers réseaux qu’on pourrait le croire… Simplement, ils ne le sont pas nécessairement publiquement (choix de confidentialité verrouillés à l’extrême, profils sous avatar et pseudo…) et bien souvent pas institutionnellement (et là, ça ne relève pas nécessairement du choix des professionnels de la profession, comme dirait l’autre ^^).

        A titre personnel, l’équipe que je pilote et moi-même sommes convaincues de l’utilité (et même de la nécessité) de la présence sur les réseaux sociaux. Sans distinction d’âge ou de statut. Le blocage, dans le cas présent, n’est pas le fait des professionnels du livre mais du service informatique. Lequel est force de proposition auprès du politique pour tout ce qui touche au numérique sous quelque forme que ce soit. Lequel politique, sans être totalement fermé à la question, se montre du coup très prudent en attendant d’avoir plus d’éléments de décision… A telle enseigne que mon profil public est quasiment vide et inactif pour la bonne et simple raison que je ne peux pas y transmettre d’information professionnelles (et que les informations personnelles sont ailleurs).

        1. – Où sont-ils, ces conservateurs en formation/jeunes premiers ? Pourquoi se cachent-ils ? Je ne comprends pas pourquoi les professionnels des bibs qui sont sur les réseaux sociaux se cachent. Ils ont honte de leur métier ou quoi ?
          – Cela ne relève pas du choix des professionnels de la profession ? Peut-être qu’en territoriale, les tutelles tiennent les manettes serrées. Mais en Bu, si, mille fois, ça ne relève que des professionnels, justement.
          – N’attendez pas les autorisations – faites – et si vous êtes dans un cas de figure où votre DSI vous bloque des accès aux réseaux, allez vous installer au Mac Do et travaillez de là-bas, créer vos pages et alimentez-les… Et ne me dites pas que c’est prendre des risques. Que je sache, personne n’a encore été pendu en place publique parce qu’il était sur les réseaux sociaux. Nos freins, ce sont nos propres peurs.

          .

  9. Mouais…
    Bon, déjà, une sacrée envie d’évoquer Brassens quand je lis que les 30-40 ans sont les porteurs de la modernité.
    En plus, j’ai 30 ans, et ça fait déjà plus de 7 ans que je suis dans le métier. Et j’ai encore du mal à trouver que les jeunes ce sont les 30-40… Mais bon, là je commente un commentaire déjà commenté…

    Sur l’article, je ne partage pas le pessimisme fataliste. Ça évolue, en fait, et plutôt pas mal. C’est sûr, une institution bouge moins vite qu’un individu, mais ça avance quand même. Il reste plein de trucs à faire ? C’est justement ce que je trouve motivant.

    Quant aux collègues qui nous freinent de toutes leurs forces, ça n’est pas parce qu’ils sont réfractaires à la modernité. Malheureusement, c’est souvent pire : c’est qu’ils ont oublié pourquoi on fait ce boulot. A leur décharge, c’est pas souvent qu’on nous incite à y réfléchir.

  10. Ce que tu décris, c’est, me semble-t-il, tout autant l’état de la France que celui de notre profession un peu auto-centrée : des groupes qui jouissent d’une rente de situation qui freinent et cassent les initiatives qui risqueraient de les bousculer, par tous les moyens (législatifs, réglementaires, médiatiques, etc.)
    A beaucoup de niveaux – et en premier lieu au niveau politique – on retrouve ce même fonctionnement, ce mal français – mais soyons honnête, pas que français, nous ne pouvons pas avoir la palme dans tous les domaines quand même 😉

    Les réseaux sociaux jouent bien un rôle – que je n’exagère pas non plus, il faut plusieurs éléments – dans la chute de certains régimes, alors pourquoi ne joueraient-ils pas un rôle dans la révolution d’un microcosme professionnel ?
    Je vois quand même des niveaux où ça bouge, indépendamment des générations, des catégories et des horizons culturels, dans la Territoriale ou à l’État. Il faut de temps, c’est usant le temps, par définition…

    Après est-ce que nous aurons su évoluer avant que l’environnement ait tellement changé que nous serons rendus complétement inadaptés (et on n’en est pas loin) ?…. je ne vais pas faire Nostradamus. Il se passe des choses intéressantes dans les formations avec des visées opérationnelles (je me méfie parfois des “colloques”), comme par exemple à Nancy : http://www.inset-nancy.cnfpt.fr/fr/stagiaire/Se_former/Cycle_professionnel_Directeur_de_biblioth%C3%A8que/400

    J’ai pas dans mon réseau de bibs plusieurs longueurs d’avance comme toi et la BUA, mais le constat est moins désespérant, pas facile certes mais le combat en vaut la peine. Bravo quand même pour toutes vos avancées, ça a au moins le mérite de montrer une voie et c’est déjà beaucoup vu de l’extérieur !

  11. Humeur du moment, qui n’apporte sans doute rien au schmilblick, mais ça ira mieux (enfin pas sûre) en le disant : cet état de fait dépasse le cadre des BU et touche beaucoup et de plus en plus de structures publiques.
    Je laisse au bib municipales et BDP le soin de parler de leurs cas que je connais mal, en tout cas pas de l’intérieur. La situation des centres de ressources internes est de plus en plus tendue. Dans les collectivités, nous sommes en train de découvrir, grâce aux “réformes territoriales” successives, ce que subissent l’Etat et les admin centrales depuis 4-5 ans. C’est pas joli.
    L’immobilisme et l’urgence d’attendre sont partout, parce que les décideurs, qui sont en campagne électorale une année sur deux, décident à un autre niveau que le nôtre (dont en général ils ont même à peine connaissance) et parce que les collègues frileux sont nombreux, qu’ils aient de 7 à 77 ans (j’anticipe sur les nouvelles règles du Code du travail et du régime des retraites).
    C’est dans un premier temps épuisant, dans un second temps démobilisant. Un peu comme le noyé qui se laisse couler quand il prend conscience qu’il est vain d’agiter les bras tout seul au milieu d’un océan même pas ravitaillé par les goélands. Il arrive un moment où l’envie d’avancer et l’instinct de survie professionnelle se laissent bouffer par la résignation à devenir une bonne caricature de fonctionnaire.
    On a beau bouger les bras très vite et chouiner dans notre entre-soi de colloques, journées d’études, séminaires et autres sauteries catégorielles, ça soulage sur le moment mais quand on retourne au bureau, on reste finalement tout seul.

  12. J’ai tendance à être d’accord avec Nicomo : si tu atteins un certain degré de frustration, c’est peut-être qu’il faut accepter l’idée d’aller plus haut dans la hiérarchie.
    J’ose espérer que les directeurs de BU ne sont pas tous montés “si haut” simplement parce qu’ils voulaient faire carrière et qu’ils y ont réussi, mais aussi parce que, à un moment, ils voulaient concrétiser leur vision de ce qu’était une bibliothèque et qu’être directeur était le meilleur moyen d’y arriver.

    Tu me répondras que je me fais une illusion complète là-dessus, et que réellement tous les directeurs sont montés parce qu’ils géraient leur plan de carrière.
    Soit.
    Rien ne t’empêche d’agir différemment.
    Tu as une vision, assume-là.

    (Je ne cherche pas à te mettre face à tes contradictions, je ne crois pas que c’en soient, et je comprends parfaitement ta position : mais en fait tu constates toi-même que c’est une impasse. Si toi — ou tous ceux qui pestent contre les directeurs qui… — refusez de monter à ces postes, qui va les occuper ? Les mêmes, toujours)

  13. @dbourrion : c’est un rôle utile aussi. Le pouvoir corrompt et tu peux en être ainsi préservé.
    Il y a un côté Fou du roi, également 🙂
    Ça te condamne simplement (et tu acceptes ce rôle) à être frustré et à le dire perpétuellement (Prométhée enchaîné ?) . Ce peut être fructifiant, mais plutôt pour les autres que pour toi.

    1. J’aime souffrir 😉 En fait, c’est quand je sors et que je suis confronté à la situation de certains collègues que je décompense. Il suffit de ne jamais sortir.
      Plus sérieusement, oui, je pense qu’il est très difficile de n’être pas atteint par le pouvoir. Et je pense aussi, très sérieusement, que je serai très mauvais dans des rôles de pouvoir (direction, etc). Donc…

  14. Ne pas désespérer. Surtout, ne pas désespérer.
    L’utilisation modéré des réseaux sociaux ou d’autres outils de communication en bibliothèque n’est nullement irréversible.
    Une stratégie avec deux instruments : 1°) s’inspirer des pratiques des bibliothèques (petites ou moyennes) dans d’autres pays, par exemple la Suisse, la Grande-Bretagne ; 2°) prendre le temps d’expliquer aux “murs” (car parfois même les murs ont des oreilles).
    Je pense qu’il y a un véritable défi générationnel que les bibliothécaires geeks que nous sommes (ou voudrions être) doivent affronter. C’est une mission pédagogique vis-à-vis de nos hiérarchies et/ou de nos politiques. Les usages web effraient parce qu’il est question de communication, donc d’image (donc d’électeurs) et puis parce qu’il faut – si on veut faire les choses bien – pas mal de personnels sur l’affaire. Un compte Facebook, des photos sur Flickr, des tweets… Ca prend du temps. Nous sommes là, aussi, pour expliquer pourquoi les usagers bénéficieront de cette démarche RH et quelles retombées la collectivité ou l’université ou etc. pourra espérer.
    Mais en tout cas, ne pas désespérer. Non ! Vraiment ! Ne pas désespérer.

    Brunhilde Wagner

    1. Désespérer = ne plus avoir d’espoir = ne plus avoir de désillusions. Désespérer, c’est mieux qu’espérer, en fait. C’était le quart d’heure philo à deux sous.

  15. N’est-ce pas le propre de la fonction publique en général de dépenser de l’argent pour former des cadres à pas grand chose, de les affecter sans expérience à des postes parfois difficiles et de parvenir à les démotiver en quelques années ?

  16. De mon point de vue, le constat est parfaitement justifié par contre les causes ne sont pas uniquement celles que vous évoquez. Un directeur ou une personne en responsabilité, jeune ou vieille, si elle ne sait pas déléguer, faire confiance, … ne jouera pas son rôle et posera problème de toute façon. Il faut avoir affaire à des personnes qui ne sont pas égoistes (pas des enseignants-chercheurs quoi :)), qui se regarde le nombril.
    Mais surtout ne pas baisser les bras, on finit toujours pas s’imposer en démontrant ses compétences professionnelles et en prenant le pouvoir, non ?

    1. Oui, JC, tu as raison, j’ai oublié dans ma liste des ‘Raisons’ ce manque de confiance qu’on constate de la part de nombre de “N+1” (je l’avais oublié, celle-là)…

  17. Bonjour,
    ben moi je suis pas d’accord avec ce constat noir noir !!!
    Je travaille dans une BU où sans révolutionner le métier (comme à Angers ;-)) on essaye de faire des choses. Récemment j’ai fais une présentation de facebook aux collègues et lancé un groupe de travail pour mettre en place une page pour nos bibliothèques :j’ai été surprise par le nombre de gens qui veulent bosser sur ce projet.
    Je viens de découvrir la communauté Twitter des bibliothécaires (mieux vaut tard que jamais), et j’y glane milles infos utiles (comme le lien vers cet article). Du coup j’envoie les infos à mes collègues qui me disent que c’est super toutes ces infos…… et du coup je leur propose de les former à leur tour à son utilisation. Certains ne viendront pas, mais d’autres viendront et apporteront leur grain de sel….Bref, j’ai l’impression que cela bouge. Certains collègues ont découvert à postériori le bibcamp et se montrent très intéressées par ce qui s’y est dit. Je n’ai pas l’impression de bosser qu’avec des gens obtus et repliés sur eux-même.
    Bien sûr il y a des lourdeurs, bien sûr des fois on a envie de tout envoyer balader, mais je suis optimiste, je trouve qu’il y a beaucoup de réactivité dans notre profession, pour preuve les réactions variées à cet article.
    Courage donc ;-))
    Valérie

    1. [i] beaucoup d’infos à la fois dans le billet de @dbourrion mais peut être surtout dans les commentaire (c’est la force du blog) j’essaierai de donner ma vision globale plus loin, mais déjà je veux réagir…[/i]

      La formation aux outils, et aux pratique est pour moi une des réponse les plus importante à cet immobilisme des bibliothécaires, décideurs ou non (je ne parle pas de statut, j’emploie le terme générique).
      Je suis toujours en formation initiale, et pour ma première année j’ai tenté d’entrainer mes collègues vers ce monde de réflexion que sont les blogosphère/twittosphère formée par les professionnels. J’avoue, peu de résultat (1personne est devenue aussi accro que moi, 3-4 sont présent sporadiquement) mais je trouve ca déjà très important!

      Bien sur, je suis loin de pouvoir ressentir le découragement de certains de ces prêcheurs qui parcourent les bibliothèques. Mais je suis sure que leur passage peut faire fleurir de nouvelles pousses, et pour continuer la métaphore : cultiver son jardin oui, mais parcourir les jardins pour rencontrer et partager avec les autres jardinier, c’est encore mieux!

  18. Pas d’accord ! Facile d’imputer l’immobilisme à la hiérarchie, il y a aussi des freins à l’autre bout de la chaîne. 1 ex. parmi d’autres : la difficulté pour énormément de B-U à recruter du personnel qualifié, notamment en informatique. Comment lancer des projets si les compétences ne sont pas là ? Tout cela nous lance dans les réflexions sur la diversité des métiers ou les statuts de la filière (je veux bien croire qu’ils sont obsolètes, eux)… c’est un autre sujet.

      1. Ce qui nous ramène aux commentaires de Lully et Nicomo : à moyens équivalents, un “jeune” pilote non formaté par le “recrutement endogamique” ferait-il mieux et plus qu’un “vieux” “crispé sur le cadavre de manières de faire datées” ? Peut-être, mais ça reste à prouver…

      1. Cesser d’avancer masqués ? Ce n’est pas si simple, malheureux ! Il faut organiser des groupes de travail, prendre une décision après en avoir référé aux instances dirigeantes, se préparer à conduire le changement, accompagner les collègues. Ce n’est qu’au terme d’un vaste processus de redéfinition de notre identité que nous pourrions mettre en œuvre un tel plan, qui possède des implications transversales. Tout ça prendra bien quelques années.

        Sérieusement : à quoi bon ? Que vous apporterait de connaître nos noms ?

  19. Ayant tous les défauts (vieux, enseignant-chercheur, ancien prof de l’enssib, et j’en oublie sûrement ;-). permettez-moi quelques notes discordantes à ce billet d’humeur.

    Tout d’abord, je ne crois vraiment pas que la participation aux réseaux sociaux soit le seul critère pour juger de la pertinence professionnelle des bibliothécaires, même dans un monde de plus en plus numérique. Sans doute, il est utile d’y être, mais il y a aussi bien d’autres initiatives possibles et celle-là est loin d’être une panacée.

    Plus généralement, j’ai beaucoup entendu ce discours critique, quelque peu nombriliste, dépressif et agaçant, sous différentes variantes chez les conservateurs stagiaires, puis en poste dans l’Hexagone. Mon sentiment est au contraire que cette profession est particulièrement chanceuse dans la conjoncture actuelle. Je vous suggère un stage au Québec pour vous remonter le moral.
    http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2010/11/17/R%C3%AAver-sa-biblioth%C3%A8que-et-r%C3%A9aliser-ses-r%C3%AAves..-%C3%A0-Montr%C3%A9al

    1. – La présence sur les réseaux n’est certes pas un indicateur suffisant à lui seul. L’absence sur ces mêmes réseaux des cadres et futurs cadres des bibliothèques me semble tout de même légèrement (euphémisme) inquiétant : comment piloter un établissement dans un monde de plus en plus numérique quand on n’y va même pas voir ? Quand on ne sait même pas ce que c’est ? Il faudra m’expliquer cela. Pour ce qui me concerne, lors de ma relativement récente formation initiale (DCB15), on m’a beaucoup beaucoup parlé du catalogage, de la Dewey, de Rameau. Jamais, pas une fois, des blogs. Jamais de la valorisation en ligne. Pas une seule fois en 18 mois. Si cela ne vous inquiète pas, moi si.
      – 80 % des étudiants (coeur de cible des Bu) ont un compte Facebook. Combien de bibliothèques ont une présence Facebook ? Cela ne vous alarme pas ? Moi, si. Où est la page Facebook de l’Enssib qui forme les conservateurs ? Je n’ai pas souvenir de l’avoir vue.
      – L’exil pour ne plus voir cette pitié des bibliothèques françaises ? Intéressant, comme suggestion : n’est-ce pas justement confirmer ce que je dis ? 🙂

      1. C’est parfaitement cohérent : lors de ma formation (DCB13), c’est précisément J-M Salaün qui, le seul, nous avait parlé des blogs 🙂
        Il est en parti depuis…

      2. J’avais quitté l’établissement quand vous y êtes entré, mais lorsque j’y étais, j’ai piloté pour le Cnrs un réseau qui reliait quelques 150 chercheurs sur le document numérique. Le site en Spip du réseau et toutes ses applications était sur le serveur de l’école. L’établissement dispose d’un équipement informatique à la disposition des élèves bien supérieur à celui de la plupart des écoles qui, sauf erreur, vous a permis d’ouvrir un blogue et d’y faire vos premières armes sur le réseau. Je crois donc que votre mémoire est sélective, même si l’école a certainement plein de défauts.

        80% (peut-être) des étudiants vont au bistrot ou font des fêtes le soir. Est-ce que pour autant les bibliothécaires doivent y être présents ? Je caricature, bien sûr la présence sur Facebook est utile, mais le numérique et le web ne se résument pas à lui. La question de savoir où les établissements doivent construire une présence sur la toile n’est pas triviale et je n’affirmerais pas que pour les établissements et les bib universitaires la priorité doit être donnée à FB.

        Prendre un peu d’air est souvent bénéfique, mais pour le Québec, je vous suggère par expérience d’attendre le printemps..

        1. 1. Oui sur la qualité des espaces et des réseaux de l’école – non sur la part jouée par l’école car j’ai très bonne mémoire et ce sont des collègues de promo (certainement pas l’école) qui ont initié le blogue, pas l’école (ou alors on peut dire que le fait que Mac Do m’ouvre un réseau fait que Mac Do participe à ma formation).

          2.”80% (peut-être) des étudiants vont au bistrot (…) je n’affirmerais pas que pour les établissements et les bib universitaires la priorité doit être donnée à FB.” : désaccord total, pour une bonne raison : n’être pas sur les réseaux (ou d’ailleurs dans les lieux physiques) où les étudiants sont, c’est ne pas exister dans leur horizon, tout simplement (l’homme invisible est invisible). Vous pensez vraiment qu’un étudiant pense à passer par le site de la Bu d’abord ? Pour en croiser beaucoup, je peux vous assurer que pour certains d’entre eux (beaucoup), nous n’existons pas, ni dans le monde physique (d’ailleurs), ni sur le virtuel…

        2. Je rajoute : j’ai été contacté cette année par l’école pour un ‘cours magistral’ de 3 heures sur les portails de bibliothèques (rien que le terme me fait sourire). Est-ce qu’on fait un cours magistral sur le vélo et sa dynamique avant d’apprendre à en faire ? Non.
          J’ai donc proposé que l’on monte un blog de promo et que je travaille avec les étudiants (après une éventuelle première rencontre physique pour se connaître) pour les accompagner (à distance) sur ce blog. Dans le même temps, j’ai proposé que leur participation à ce blog participe de leur évaluation. Ca me semblait une bonne solution : réduction des coûts (cessons de dépenser des crédits à payer des intervenants qui font l’AR pour une demi-journée de cours magistraux pendant lesquels la moitié de l’amphi dort ; et l’autre n’est pas présente) ; démarche active des élèves ; évaluation pour montrer qu’il ne s’agissait pas d’un jeu. Résultat ? Silence radio. Tout est là, dans cette anecdote.

        3. Précisions encore : le blog de ma promo, que vous évoquez, n’a jamais été hébergé par l’école : il a été d’abord monté sur les espaces gratuits de Free, puis transféré sur les serveurs de l’Apinc, puis ailleurs où il est toujours (et où d’ailleurs nous payons de nos propres deniers sa survie).

  20. Daniel,

    1. écrire que de toute façon on est foutu et qu’on va tous mourir n’est pas le genre d’affirmation susceptible de motiver un collectif de travail (genre l’équipe d’une bibliothèque) pour améliorer les services rendus à ses usagers (donc, effectivement, évites les postes à responsabilité, uh, uh)

    2. convaincre une direction et ses collègues de te faire confiance prends du temps, c’est normal. Plus particulièrement quand ce que tu proposes implique des changements et donc du stress et potentiellement de la satisfaction (d’avancer) et/ou de la souffrance (le thème “échouer en bibliothèque” est un vaste chantier). Conserver cette confiance est un combat de tous les jours. Se présenter comme l’incarnation du progrès détenant LA vérité sur l’avenir des bibliothèques est un argument d’autorité qui ne convainc pas. Les agresser, les menacer, leur faire peur ne sert à rien (avis aux amateurs). Pour convaincre il faut s’efforcer d’être ouvert, patient et consistant (ne rien lâcher). Bref, c’est dur mais bon, c’est quoi l’autre option?

    3. développer sa présence sur les réseaux sociaux fréquentés par nos usagers et animer une communauté virtuelle qui les unissent eux et nous sur des centres d’intérêts communs cela me paraît important. Mais il ne faut pas laisser entendre que sans cela, nous n’avons pas de dialogue avec nos usagers. La bibliothèque est déjà un lieu social dans lequel nous dialoguons avec nos usagers autour de centres d’intérêts communs depuis des années. Facebook n’est qu’un outil, un lieu de dialogue supplémentaire. Bref, une bibliothèque peut encore entretenir des relations riches en contenu avec ses usagers sans être sur Facebook.

    1. 1. Dont acte (oui, il vaut mieux que j’évite ce genre de postes 😉 )

      2. En l’occurrence, autour de la patience, le problème me semble être le suivant : persuadés que nous sommes, que le Livre nous préserve de tout, nous nous donnons le temps d’être patient. Mais le changement de paradigme numérique fait que la bibliothèque comme elle est toujours conçue par la plupart des collègues, n’a plus vraiment de raisons d’être (dans une économie de la rareté, tu vas à la bib. parce que c’est le seul moyen d’avoir tes docs. Dans le modèle actuel où, à distance, tu as tout ou presque, tu n’as aucune raison documentaire d’aller à la bib et cette dernière peut ne plus être qu’une agence d’abonnement avec 5 personnes qui gère tout le portefeuille de l’Université).
      La patience, ça marche dans un monde lent, pas quand on se trouve au pied du mur. Je pense vraiment que nous y sommes. Je pense vraiment qu’assez rapidement, la question de savoir s’il est bien raisonnable de garder ouvertes des bibliothèques où l’on dépense 1 million d’euros/an en périos papier, va se poser, quand on s’apercevra que ces mêmes lieux sont désertés parce que par ailleurs, la doc est disponible à distance ; et parce que l’accueil n’y est pas vraiment… accueillant (d’où mon point 3.)

      3. Tu as raison, les réseaux ne sont pas le seul lieu où nous pouvons avoir des relations riches avec nos usagers. Mais pour avoir des relations avec quelqu’un qui ne vient plus dans tes locaux, c’est un peu…. compliqué (cf. les bibs de science par exemple). D’autant (et je précise que mon propos dans ce billet Grand corps malade ne porte pas que sur la question du numérique, finalement) que je connais aussi des bibs où l’accueil IRL est tout sauf chaleureux et riche. Je ne dis pas qu’il faut abandonner l’IRL pour ne plus être que sur Facebook ou autre, je dis que nous devons être partout, et avec la même exigence de qualité. Et malheureusement, je vois plein d’exemples où nous ne sommes nulle part, et avec une exigence de qualité plutôt basse. Encore une fois, dans un autre contexte, dans ce contexte où la bib. était le point obligé de passage des usagers, nous pouvions nous permettre de nous comporter comme des sagouins (quand ton boulanger est le seul à 45 kms à la ronde, tu acceptes et son pain rassis, et son accueil désagréable) ; nous ne pouvons plus nous permettre cela dans un monde qui bascule sur un autre modèle (le jour où à côté du ton boulanger pas sympa ouvre une énorme boulangerie où tu as plus de choix, un meilleur accueil, où les choses sont simples et où tous tes amis sont, tu changes de crèmerie, et voilà… 😉 )

  21. Bonjour,

    Je ne puis parler de la situation de l’Enssib, ni des bib en France depuis mon départ.

    Les questions qui se posent aux bibs partout dans le monde sont aujourd’hui cruciales, beaucoup les analysent et proposent des initiatives. Les réponses ne sont pas aussi univoques que vous les exprimez et, je le répète, les bibliothécaires se trouvent dans une position privilégiée, au cœur de bien des transformations sociales et cognitives, pour peu qu’ils se donnent les moyens de réagir. De loin, j’avais le sentiment que c’est ce qui se passe à Angers, non ?

    Avez vous lu le billet en lien de mon premier commentaire ? Je ne crois pas que cela nous suggère le pessimisme.

    1. Bonjour. En l’occurrence, je ne parlais pas d’Angers où oui, les choses se passent plutôt bien. Je parlais de nombre d’autres bibliothèques en France. Et il y a de quoi être pessimiste.

  22. Les DCB 16 ont eu droit à un TP (2h) sur le “web 2.0” et les réseaux sociaux. C’est un des rares cours dont je me souvienne, d’ailleurs, et mon compte Facebook date de ce jour-là. C’est vrai que 2h sur 18 mois, c’est assez léger, mais c’est toujours ça.

    1. 2 heures sur 18 mois pour des gens qui vont travailler dans un environnement essentiellement numérique dans les 40 ans (minimum) qui viennent, c’est un peu léger. Combien sur le catalogage et Rameau ?

      1. Beaucoup plus, sans doute, mais je ne me souviens plus de ces cours. Il faut dire que je ne les mets pas en pratique au quotidien… contrairement aux réseaux sociaux 🙂
        Mais Rameau et le catalogage font encore partie (certes pour peu de temps) de la “culture métier” indispensable pour faire tourner sa boutique (je peux en témoigner). Et vu la complexité des sujets, il fallait passer un peu de temps dessus.

        1. “Rameau et le catalogage font encore partie (certes pour peu de temps) de la “culture métier” indispensable pour faire tourner sa boutique” => ça dépend vraiment de ce qu’on veut faire de sa boutique… Combien d’usagers ont la moindre idée de ce que c’est que Rameau, et s’en servent ?

          1. Je ne pensais pas aux usagers (qui se contrefichent de ces questions, on est d’accord) mais aux équipes. Pour les faire bouger dans leurs métiers, je pense qu’il faut partir de ce qu’ils savent / font depuis des années pour les accompagner vers d’autres compétences.
            Et pour l’instant, le Sudoc fonctionne encore sur Rameau.

  23. Sur la patience = monde lent vs réactivité = monde rapide, tu raisonnes sur la bibliothèque en tant que lieu (physique ou virtuel) d’accès au document, or :
    1. Tous les documents utiles à nos usagers ne sont pas encore accessibles en ligne (mais ça viendra notamment avec la numérisation à la demande)
    2. La bibliothèque n’est pas qu’un lieu d’accès à la documentation

    Du coup nous ne sommes pas au pied du mur, surtout pour la raison énoncée au point 2.

    Et de toute façon, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre le temps nécessaire aux cycles réflexion-action-réflexion. Reste à travailler en interne sur la réduction du temps nécessaire à la prise de décision.

    Enfin, d’une manière générale, je crois que la patience fonctionne toujours mieux que l’impatience (petit scarabée) avec les collègues (en fait, l’impatience ne marche pas)

    Sur les relations riches avec nos usagers, cf point 2 du § précédent. Ils viendront si c’est un lieu convivial et utile pour faire leur boulot d’étudiant.

    Nos étudiants sont sur Facebook (pas prioritairement pour avoir des nouvelles de la BU), ils sont aussi à la BU pour se rencontrer IRL, bosser, taper la causette, boire des cafés et se goinfrer de sucreries en cachette, bref, faire leur vie d’étudiant en dehors des cours, et pas majoritairement pour accéder à de la documentation (il me semble).

    D’où l’accueil de nos usagers comme priorité stratégique à mon sens.

    1. Accord total sur ta dernière ligne, mais ce n’est pas incompatible avec le reste (cessons de réfléchir en ceci OU cela, on peut faire les deux => la bibliothèque continuum)

  24. >formation initiale totalement dépassée et purement théorique

    Formation quoi ? La seule dont je me souvienne, c’est cinq jours pour m’expliquer ce qu’est un fonctionnaire territorial, le genre de chose qu’on était censé avoir révisé six mois avant pour préparer l’oral.

    Ah mais j’oubliais, le bibliothécaire territorial ne compte pas, un vrai bibliothécaire est passé par l’ENSSIB…

    @Le dictionnaire du diable VS dbourrion pédagogue : je préfère celui qui s’avance masqué pour être honnête et dire son ressenti, que ceux qui prétendent se montrer tels qu’ils sont en travaillant leur image, surveillant leur e-reputation et se construisent un personnage, une persona, au final tout à fait fictif (je ne vous vise pas en particulier, M. Bourrion, no offense).
    Plutôt afficher clairement un masque pour dire une/des vérité(s) que prétendre n’en pas porter et mentir par ce fait même.

  25. Accueil comme priorité stratégique, tout à fait d’accord. Cela passe donc aussi par des horaires d’ouvertures satisfaisants pour les étudiants. Mais comment concilier la qualité de l’accueil avec le fait de confier cet accueil lors des ouvertures tardives à des vigiles de sociétés privées, interchangeables aux yeux de leur boîte (la présence de véritable personnel de l’université étant à mon sens un strict prérequis http://www.face-ecran.fr/2010/04/30/at-1100-pm/ ) ? Vous avez, certes, trouvé une solution à Angers, mais je crains qu’elle ne soit pas celle qui va se généraliser dans le contexte actuel.

    1. L’accueil en soirée n’est pas fait par des vigiles, mais par des moniteurs/monitrices fort sympathiques (parfois, je sors de la Bu pour le seul plaisir d’y revenir et d’être accueilli avec le sourire). Le vigile est là pour rassurer, pas pour faire de l’accueil 😉
      Et plutôt que de ne rien faire en se disant que cela ne pourra pas se généraliser, on fait et on verra ensuite (toujours ça de services rendus aux usagers)

      1. J’entends bien, et je pense qu’un vigile ne me cassera pas le bras parce que j’ai rendu un bouquin en retard. Ce qui me gêne, c’est que la première chose qu’on verra sera une armoire à glace Securitas qui, au demeurant, peut être charmant, là n’est pas la question. Ce qui me gêne, c’est la privatisation rampante de l’espace public. Je ne sais pas si c’est un service rendu à la qualité de l’accueil, même si ça lutte contre le fameux “sentiment d’insécurité”.
        Je peste suffisamment contre les bars où un vigile te tient la porte pour ne pas accueillir avec le sourire l’arrivée de ce phénomène dans des lieux publics

        1. Il suffit de mettre le vigile en retrait : visuellement, la première personne que tu vois en entrant à St Serge Angers, c’est les moniteurs/monitrices en banque de prêt, et voilà. Un vigile n’est pas un portier de bar 🙂
          Pour répondre sur le fond, encore une fois :
          – soit on ne fait rien tant que nos moyens ne triplent pas (ce qui n’arrivera jamais surtout si nous prouvons pas que nous servons à quelque chose – et nous n’en prenons pas le chemin)
          – soit on fait avec ce que l’on peut/a et on a déjà beaucoup, manière de montrer que nous savons rendre des services (et comme par ‘miracle’, nous devons intéressant y compris pour nos tutelles qui savent s’en souvenir)

          Bref : soit les bibliothèques sont toujours un problème, et forcément, à force, elles lassent ; soit elles deviennent des solutions vers lesquelles on se tourne et que l’on accompagne.

          1. Bon, rien à dire, à part “chapeau !”. On est de toutes façons globalement d’accord sur le fond.
            Juste une dernière question et j’arrête sur cette histoire un peu hors sujet. Le fait de faire appel à un vigile s’est-il imposé “naturellement”, sur la base de négociations avec l’équipe/la tutelle,… ?

          2. Sur le vigile, j’ai suivi de loin mais il me semble que oui, ça paraissait la meilleure manière de ‘sécuriser’ les esprits – dans les faits, on ne peut pas dire qu’il sorte son Nunchaku tous les soirs. En fait, ça pourrait être un mec tout rachos que ça suffirait 😉
            Franchement, qui va aller foutre le bazar dans une Bu le soir ? Faut vraiment avoir rien du tout d’autre à faire…
            Et puis en vrai, avant notre vigile, le djeune belliqueux quoi que prépubère verra d’abord :
            1. des monitrices souriantes dont le charme suffira à le calmer
            2. des DVD sympas qui l’hypnotiseront (le djeune belliqueux aime à rester bouche bée devant Kill Bill)
            3. des BD (dernier rempart mais terriblement efficace, sur lequel se brisent toutes les envies de baston)
            soit largement de quoi éviter qu’on en arrive au pugilat 🙂
            D.

  26. Bon, il va falloir livrer le 15e match retour sur le thème “l’emploi étudiant en bib”

    1. C’est sûr que votre tutelle va vous être reconnaissant de faire faire le boulot de titulaires à des étudiants sous-payés (qui sont mieux à bosser en BU qu’à Mc Do mais qui seraient encore mieux à bosser pour réussir leurs études plutôt que pour les financer : cf allocation d’autonomie réclamée par les orgas étudiantes)

    2. c’est sûr que c’est le bon moyen de rien de demander aux titulaires pour les extensions, ils acceptent de brader leur boulot en échange de leur vie de famille (ce qui est tout à fait compréhensible) même si j’ai rencontré récemment des collègues dans une BU en voie d’entension des horaires (et d’extinction de l’emploi titulaire?) qui voulaient pouvoir bosser le soir plutôt que tout soit laissé à des moniteurs étudiants (avec en toile de fond une grosse affaire de vol de bouquins revendus sur Internet par un moniteur)

    Bref, refiler notre boulot à des étudiants par confort/facilité du personnel et de la direction, c’est laisser entendre à notre tutelle que notre boulot ne vaut rien, que le 1er étudiant venu peut le faire avec 3 heures de formation et un salaire de misère.

    Daniel, proposes à votre président de remplacer tous les conservateurs par des contractuels sous-payés, il va adorer. Votre BU deviendra LA solution pour nos néo-managers universitaires décomplexés.

    Bref, on peut se couper des bras et des jambes en espérant sauver la tête…

    Ceci étant dit (ça fait du bien), “j’aime beaucoup ce que vous faîtes”!

      1. Tu sais bien qu’on peut lire les chiffres comme l’on veut. Dire par exemple que, puisque vos étudiants réussissent mieux que les nôtres alors que vous êtes beaucoup moins ouverts que nous, vous ne leur servez à rien et que donc, si l’on fermait la Bu de Pau, vos taux de réussite monteraient à 99 % 🙂 Ou dire que vos étudiants sont des héritiers nantis à qui la Bu n’apporte rien alors que les nôtres sont tirés du ruisseau grâce à nos efforts. Ou que vos profs sont meilleurs que les nôtres. Ou enfin, que les bibliothèques, ouvertes ou fermées, ne servent finalement à rien (ça me plaît bien cette dernière hypothèse). Cela dit, merci pour la ressource.

    1. Bon, nous ne sommes plus dans le coeur du débat que je voulais initier avec Grand Corps Malade (le billet, pas le slammeur) – je ne te réponds donc pas, nous avons déjà échangé sur ce sujet et nous ne sommes pas d’accord (tu le sais, je le sais, et on va se fâcher 😉 – et puis non, je ne dirai pas ce que je constate de visu tous les soirs sur la spécificité de notre travail…)
      Cela dit, je salue la constance de ton engagement.

    2. @antmeyl Je vote pour le pragmatisme, qui pousse à agir et à prendre quelques risques (celui d’échouer comme celui de réussir), et contre les positions de principe qui ont tendance à servir de cachesexe à l’immobilisme. Et j’ajoute que je connais personnellement quelques fonctionnaires qui pourraient très avantageusement être remplacés quelques heures par semaine par n’importe quel étudiant un peu éveillé. Quant à cette histoire de “vols de bouquins” c’est à mourir (non, quand même pas…) de rire. Voilà c’est dit.

      1. Note, on a connu des fonctionnaires qui bossaient à la B.. (en trois lettres, bibliothèque faite de 4 tours) et qui se barraient avec des manuscrits 🙂 De toutes les manières, pour piquer des bouquins, fonctionnaire ou moniteur, ça relève plus de la psychiatrie (ok je sors)

        1. En fait, y a pas de manuscrits dans les 4 tours. Enfin, sauf si tu comptes les notes prises au stylo (touillette à café) dans une réunion.
          T’es pas encore grillé à la B., la plupart des agents ignorent l’existence du réseau des BU (pour ne rien dire des territoriales), donc ne lisent pas ce blog. Mais ne va pas confondre devant eux le site T. (victoire de Clovis) et le site R. (ministre de Louis XIII). Ça serait une déclaration de guerre.

  27. A antmeyl : d’accord à 120% avec toi, si être un bibliothécaire moderne c’est transférer nos obligations et nos missions sur un lumpen prolétariat qui serait les moniteurs étudiants, je regrette d’avoir réussi ce concours.
    Je suis bib depuis 2006 après 15 ans cadrette dans le privé, c’est une des rares choses qui me choquent profondément dans la fonction publique : cette façon de faire des contrats iniques (et en plus comme toi, je suis persuadée que nous marquons contre notre camp).
    Sinon, je ne travaille pas à la BUA mais c’est ici que j’ai trouvé un travail riche intellectuellement, des possibilités de formations, de découvertes, de mise en place de nouvelles choses, de vraies discussions avec les collègues. Même si je râle, je ne me suis jamais sentie aussi libre et utile dans aucun poste. Je crois qu’il y a des bibliothèqueS, des bibliothécaireS et 100 façons de faire ce métier suivant le lieu, le public et que surtout il faut savoir prendre en compte que tout le monde ne peut pas toujours aller à la même vitesse.
    Tu as dit un jour que vous n’étiez que 4 à la bib num et que ce n’était pas assez, nous nous sommes 2 AU TOTAL donc nous ne pouvons pas faire les mêmes choses.
    La discussion finit toujours entre “dans le monde, il y a 2 sortes de gens ….” les vieux vs les jeunes, les geeks vs les catalogueurs, heureusement le monde (même celui des bibs) est bien plus compliqué que cela, et on continue de creuser ….

    1. Lumpen proletariat…. C’est un tantinet inapproprié, comme terme, ce me semble. Mais bon passons, on va pas entrer dans des débats sémantiques. Mon propos ici n’était d’ailleurs pas de parler des moniteurs et des problèmes d’extension des horaires. Donc on va y revenir, SVP.

  28. Moi, en tant que presque “vieille peau” de la profession et directrice de BU en plus … je ressens des résistances fortes de la part :

    – d’une partie du personnel, et ce n’est absolument pas lié à l’âge, aux fonctions et aux responsabilités, mais plutôt aux capacités personnelles et intimes des individus à s’adapter aux changements et aux évolutions ;
    – d’une partie des usagers (oui, oui !!!) : une enquête menée l’année dernière dans ma BU sur l’usage des lieux a démontré un souhait extrêmement normatif des lecteurs (des livres, des tables, des chaises, du silence, …) alors que les comportements observés semblaient a priori nous laisser penser que le besoin était ailleurs … Et qu’une bonne partie du personnel était prête à faire feu de tout bois !!! Et a été déçue de ces “jeunes qui sont plus vieux que nous” !!!

    Du côté des tutelles, comme on dit : le Ministère s’est transformé en fantôme oppressant (application d’une règlementation mouvante et quasi-ubuesque pour la gestion des personnels ; obsession monomanique des horaires d’ouverture. L’année dernière, on m’a demandé d’ouvrir 67h hebdo un site excentré, moribond, sans transport contre une somme rondelette destinée à recruter des moniteurs étudiants. J’ai refusé). Mais mon université me laisse une liberté totale d’action !!!

    Donc, oui, il faut réfléchir, se poser des questions, expérimenter, échouer, rebondir, proposer, convaincre, y aller …

    1. Les résistances du personnel voire des usagers, ça ne me choque pas, c’est… logique (et rien qui me paraisse anormal dans une demande de “livres, des tables, des chaises, du silence”).
      Ce qui me choque, ce sont les blocages des pilotes censés faire du stratégique et surtout, accompagner les forces qui sont dans leurs équipes et/ou initier les choses.
      En tous les cas, merci pour ‘ y aller ‘ 🙂

  29. hello Daniel
    ben dis donc tu vois tout en noir, et les verres à moitié pleins ! certes ya du boulot, mais il ne faut pas désespérer. Si on repense au web par exemple : en 1993 à l’enssib, on ne m’en a pas parlé (j’étais élève) et pourtant l’école était connectée (tout juste). En 95, dans la section de Bu de Rouen où j’étais, on essayait de se connecter à l’internet : je passais par le Minitel pour lire biblio-fr ! En 97, les bib se disaient qu’il leur fallait un site web, mais ne savait pas encore quoi proposer vraiment… c’est anecdotique certes, mais je pense que la même chose va se passer pour les outils sociaux. Ca va se faire.
    Simplement il faut dépasser l’aspect purement technique et réfléchir à ce qu’on fait, pourquoi, comment, et là, oui, nous ne sommes pas encore assez murs (ou bien vraiment trop blets ?). Voir le nombre de page facebook de bib abandonnées…

    Euh, tu dis qu’on ne t’a jamais parlé de blog pendant ta scolarité à l’enssib, allez !: sois tu n’as pas écouté soit tu jouais au ping-pong (je balance plutôt pour cette version). Mais ta mémoire semble sélective (en tout cas en pédagogie, c’est bien connu, faut répéter répéter répéter… mais ça ne suffit pas toujours)
    Je suis sure personnellement d’avoir au moins parlé de blog en présentant Formist (version 2004 sur spip agora, premier site de l’école en logiciel libre qui avait en 2005 un blog), voire en présentant l’évolution des outils du web, certes un court TD mais qui aborde justement cartes conceptuelles, blog, rss, wiki et autres joyeusetés sociales comme facebook et twitter.
    Car oui, ça fait partie du panorama que doivent connaitre les élèves. Mais pas que ça non plus.
    bon j’avoue ma mémoire est défaillante, je sais plus si ce Td a commencé pour les DCB 15 ou 16 ! c’est probablement celui signalé par beretjoker (je vais vite ressortir mon trombi des dcb16 et le croiser avec facebook pour voir qui c’est !)

    Allez, dans 20 ans, ou 30 ou 40 ans, quand nous serons pas loin de la retraite (!) y’aura des djeuns qui diront des choses similaires, tu ne crois pas ?
    Remplis ton verre de vin à ma santé !

    1. Le problème que je vois, c’est l’accélération du temps numérique – et les bibs qui continuent sur leur rythme si lent qu’elles se laissent distancer, à encore et toujours réfléchir (d’ailleurs, c’est exactement les mots que tu emploies). Il suffit de regarder les chiffres de ce qui transite par le net chaque jour, et ne cesse d’augmenter, de façon exponentielle. Dans ce flux, quelle part produite ou accompagnée par les bibs ? Pas grand chose et je doute que la production issue des bibs s’intensifie de façon exponentielle. Donc mécaniquement, nous sommes en train de disparaître dans cet espace, de nous y diluer. C’est mathématique : nous devenons invisibles.
      Je pense qu’il faut cesser en l’espèce de réfléchir, et agir, pour une autre raison : il n’y a pas de modèle, et ce changement de paradigme balaie tout ce que nous connaissons. Nous ne pourrons donc trouver comment agir seulement en agissant. Pas en réfléchissant avant.
      Sur le TD, je maintiens, aucun souvenir de cela. Et j’ai assisté (je dois être l’un des rares, j’ai les noms 😉 ) à TOUS les cours, à deux ou trois exceptions (raisons de santé) – quand je suis payé 18 mois par l’Etat pour suivre une formation, j’assiste à l’intégralité de cette formation même si je m’ennuie à mourir, je ne joue pas au ping-pong (d’ailleurs, il n’y avait pas de table de ping-pong quand j’étais à l’Enssib).
      Dans 20 ou 30 ou 40 ans, je pense très sincèrement que les djeunes nous demanderons juste pourquoi nous avons laissé passer le train, et ce que c’était, qu’une bibliothèque. Nous leur montrerons des photos. Sur Flickr…
      Santé, cela dit 🙂

    2. Ah, une chose : les pages Facebook abandonnées des bibs ne sont que le reflet, déjà, de ce qui se passe de vie, ou pas, dans lesdites bibliothèques, il me semble. CQFD

  30. on peut voir les choses comme ça, ou comme des essais inaboutis
    bon je croyais que tu avais été pongiste, mais je confirme que tu étais dans mes cours, en tt cas. Donc mémoire sélective, ou l’age aidant…
    On est beaucoup à essayer d’avancer, chacun sa manière, chacun ses résultats
    prosit

  31. “Simplement il faut dépasser l’aspect purement technique et réfléchir à ce qu’on fait, pourquoi, comment, et là, oui, nous ne sommes pas encore assez murs (ou bien vraiment trop blets ?). Voir le nombre de page facebook de bib abandonnées…”
    Ah oui, techniquement y’a pas de problème.
    Mais il faut REFLECHIR… C’est drôle c’est exactement ce que j’ai entendu moi-même de ma propre direction. Eh bien j’ai un peu l’idée que le temps de trouver une réponse à qui suis-jeoùvais-je et dansquelétatj’erre, the social network aura toutes les chances d’être relégué au rayon des archives… Pessimiste, moi ? Non, juste réaliste ! Pas grave, on va continuer à faire des ‘tites affichettes sur la banque de prêt pour dire ce qu’on a à dire. Et à imprimer des sélections bibliographiques illisibles dont on ne peut même pas espérer qu’elles puissent servir à autre chose qu’à remplir les poubelles. etc etc. Oui, ça m’énerve, et j’ai pourtant passé l’âge.
    Dans une vie antérieure j’ai moi-même occupé deux postes de direction… Je n’ai pas le souvenir d’avoir été si timorée. Peut-être j’ai eu tort, ça ne m’a pas porté chance. Mais non, je ne regrette rien, rien de rien.

  32. La bibliothèque fonctionne et évolue grâce au collectif de travail qui l’anime.

    Cette tirade illustre l’un des maux dont est affligé notre Grand Corps Malade : le mépris pour ses collègues (et accessoirement pour la sécurité des collections, l’une de nos missions quand même).

    Or le mépris de ses collègues, pas plus que l’impatience, n’est de nature à mobiliser un collectif de travail autour d’un objectif commun (l’amélioration du service rendu au public).

    Ce mépris souvent implicite, parfois explicite comme ici, conduit des « responsables » à adopter des attitudes qui se veulent pragmatiques : tenter de réaliser le phantasme managérial consistant à diriger une main d’oeuvre sur-diplômée, sous-rémunérée mais docile car précaire (étudiants ou contractuels variés) afin de passer outre les « résistances » non par la force de la conviction mais par la force (le collègue précaire, étudiants ou pas, a généralement le bon ton de faire ce qu’on lui dit sans « résister ») et l’éviction (remplacer les titulaires).

    Pour moi, le pragmatisme consiste avant tout à tirer le meilleur parti du collectif de travail sous votre responsabilité, rejoignant en cela le souci d’efficience.

    Ce pragmatisme se conjugue avec le respect des individus, lié à la compréhension du fait qu’on ne peut pas attendre la même chose de tous ses collègues.

    C’est un pragmatisme qui repose sur l’acceptation du réel et sur la confiance (nous avons identifié plus haut le manque de confiance de la hiérarchie vis-à-vis de ses subordonnés comme un frein) plutôt que sur le mépris qui n’est pas un bon levier pour l’action collective (sauf en réaction contre le mépris). Tout juste sert-il à ceux qui le pratiquent à exprimer leurs propres frustrations.

    Pour moi, une dynamique d’équipe ne peut se fonder que sur la volonté commune de réaliser un objectif partagé. Cette volonté commune ne peut construire qu’à force de conviction (et pas avec des arguments d’autorité du style : c’est mon le chef, c’est moi l’expert, j’ai raison alors juste fais-le). Pessimisme de la raison, optimisme de la volonté. Et le respect mutuel, c’est l’huile dans les rouages, le ciment de l’édifice avant tout humain qu’est la bibliothèque.

    Si cette dynamique existe, on peut accélérer les cycles de décision : Observer (prendre en compte l’environnement) – Orienter (sélectionner les facteurs déterminants) – DéciderAgir (et prendre en compte la nouvelle situation qui en résulte pour entamer un nouveau cycle).

    Moins la cohésion du collectif est grande, plus la friction (les grains de sable qui grippent les rouages) est forte.

    1. Bon bon bon. Je suis assez d’accord avec toi, mais il y a quelque chose dont tu ne parles jamais : c’est que quand même, certains collègues (et je fais entrer dans le terme ‘collègue’ l’ensemble des organigrammes, toutes catégories confondus) n’ont juste pas envie de trop bosser et sont sur des dynamiques disons… cool raoul (je pense en particulier à nombre de cat. A+ qui passent beaucoup (trop) de temps en colloques et JE – et à certaines stratégies en cat B. ou C. que nous connaissons tous, de glandouille).
      Tu vas me rétorquer peut-être qu’ils (je parle de toutes les catégories) sont comme cela parce que l’on ne parvient pas à les motiver. Mouais. C’est un peu angélique.
      En tous les cas, je bisse sur le manque de confiance de la hiérarchie vis-à-vis de ses subordonnés. C’était entre autres le point de départ de ce billet qui, par ailleurs, interpellait directement les pilotes des bibliothèques (et dont peu se sont manifestés pour l’instant, à mon très grand regret). On s’en éloigne un peu, je pense, en commençant à déployer des argumentations autour de la question de la précarité, etc. Vraiment, ce n’est pas le propos ici.
      Mais encore une fois, globalement, je suis d’accord avec toi sur le fond, tout en étant moins… oui, angélique, optimiste, allez, disons-le, humaniste, que toi 🙂

      1. Parfait Daniel, parlons des collègues qui fonctionnent en mode « cool raoul » pour reprendre ton expression et ce, qu’elle que soit leur position sur l’échelle hiérarchique.

        1. Je te propose un exercice pratique. Détermine la proportion de tes collègues que tu classes dans la catégorie “cool raoul”. Si elle est importante, je suggère 2 hypothèses. Soit tes critères sont trop élevés, soit vous avez un vrai problème de cohésion, de volonté d’avancer ensemble dans votre équipe.

        Soit ce nombre est faible et s’il ne s’agit que d’attitude « cool raoul », cela peut se résorber avec de la patience et de la conviction.

        2. Maintenant, allons plus loin et parlons des cas extrêmes de collègues dont l’objectif personnel est de ne pas travailler du tout. Dans ce cas-là, fort rare, aucun levier coercitif que tu pourrais souhaiter mettre en place n’aura de prise sur un tel collègue. Inutile de te fatiguer à le convaincre non plus, tu perdra ton temps et ton énergie. Un tel cas relève de la médecine du travail, pas de toi (tu n’es ni médecin, ni psychologue, ni assistant social).
        Ces cas sont rarissimes et ne jouent pas dans la dynamique collective pour la simple et bonne raison que leur attitude est source de rejet de l’équipe elle-même (et pas que de la direction)

        3. Pour tous les cas intermédiaires
        On trouve toujours une ou plusieurs tâches que le collègue réalise bien et avec plaisir (si, si, cherche bien). Il s’agit alors d’allouer au mieux les moyens que tu as aux tâches à accomplir et à le faire comprendre de tes collègues. Et dans ces cas-là aussi, la patience, la conviction et le respect peuvent faire beaucoup

        Dans le cas où le collègue est placé au-dessus de toi dans l’échelle hiérarchique., quelle autre option à part mettre en œuvre toute ta force de conviction pour qu’il s’intéresse à ta vision de l’évolution positive de la bibliothèque?
        J’ai peu d’occasions de contraindre le président de mon université à s’intéresser à ce que je fais et toi?

        1. Ok avec toi.
          Dans le cas où le collègue (je ne parle pas du président de l’Université, dont l’interlocuteur direct est le Dir-Bu, pas moi) est placé au-dessus, dans l’échelle hiérarchique, il est possible aussi à un moment de secouer le cocotier pour que ledit collègue cesse de se voiler la face : c’est tout le but de ce billet, au départ. Essayer d’alerter les pilotes.

          1. ben d’accord avec toi, je pratique le secouage de cocotier avec constance depuis un certain nombre d’années mais il faut savoir à qui tu as affaire et doser ton secouage en fonction.

            A défaut, tu t’exposes à un rejet de tes idées pour une simple question de forme (la façon dont tu les exprimes) ce qui, tu en conviendra, est plutôt ballot.

            Par ailleurs, que fais-tu d’autre depuis des années sinon tenter d’influer le cours des choses par la force de ta conviction en utilisant entre autres vecteurs ce blog?

            Bref, la force de conviction est la seule solution : Pessimisme de la raison, optimisme de la volonté

          2. Ok – alors je dois avoir la conviction un peu bruyante 🙂
            Sur le dosage, je pense que les personnes à qui s’adresse ce billet ont besoin de bonnes secousses – il n’est pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre…

    2. Je ne répondrai pas à cette magnifique tirade sur le mépris supposé etc. Parce qu’elle repose sur un parti pris qui revient de façon récurrente dans les débats (je ne parle pas, précisé-je, d’un cas particulier, mais d’une observation de plusieurs dizaines d’années et de plusieurs contextes). Le supposé “mépris”, c’est juste tout ce que certains (les angéliques, les idéologues…) finissent en général par invoquer quand ça ne va pas comme ils veulent…
      En revanche, je relève cette remarque très juste : “Pour moi, une dynamique d’équipe ne peut se fonder que sur la volonté commune de réaliser un objectif partagé”. Très très juste. Un véritable évidence. Mais il y manque juste une interrogation sur la nature de l’objectif… On ne peut pas, je crois, et même avec tout le respect et toute la conviction du monde, faire partager des objectifs sans envergure et par trop poussiéreux. Je suis pour ma part convaincue que c’est là que le bât blesse; la conviction et la confiance c’est parfait et ce sont des choses, à mon sens, très communément répandues; mais ce qui fait souvent défaut ce sont des objectifs (donc des projets) sur quoi les asseoir et susceptibles de les nourrir. Autrement, et plus rapidement dit : quand on s’emm…, on s’emm… . Et on s’emm… pas mal en bibliothèque, si j’ai bien compris. Enfin, pas partout, ni toujours, si j’ai bien compris aussi. Ceci dit, je retourne REFLECHIR.

      1. @Mrs Bean : j’adore votre “réponse” en 6 lignes introduite par “je ne répondrai pas”. C’est un grand classique mais ça fait toujours sourire.
        Quant aux respect de ses collègues, l’intérêt dans votre cas, pour le dire autrement et plus rapidement : c’est que si les projets de votre direction vous emm., au moins, vous n’emm. pas les autres pour autant!
        Et ça, c’est cool.
        Bonne réflexion!

  33. Nous avons en effet besoin de développer une culture du débat, de l’échange et de l’ouverture. Avoir le courage de donner nos opinions. A cet égard adbu-forum c’est en effet le Taklamakan. Nous sommes quelques chameaux de Bactriane à blatérer mais sans grand résultat. La querelle des Anciens et des Modernes m’est toujours apparue comme un artifice rhétorique et je ne ressens pas, en tout cas individuellement, le métier si rétrograde. Il est simplement en syntonie avec le reste de l’université : corporatisme, conformisme, créativité et prospective cohabitent allègrement.

    Comment se fait-il qu’aucune de nos associations professionnelles ne reprenne ce que l’autre laisse en jachère ? Nous sommes une petite bande de collègues qui depuis 20 ans proposons que l’ADBU s’élargisse à tous les chargés de section de manière égalitaire. En vain. Mais en même temps, jamais les chargés de section ne se sont constitués en association… Et l’ACB n’existe plus. Mais laissons cela. J’ai moi-même renoncé, même si par sympathie pour la démarche de Dominique Wolf j’ai accepté de participer à des commissions. Mes textes sont prêts mais de débat point…pour le moment

    Ainsi nous les actifs, les sans-culottes de la bibliothéconomie, sommes tous passés à des stratégies de contournement en organisant des colloques ou des séminaires sur des sujets qui nous préoccupent et que nous voulons partager. C’est la bonne solution et c’est une solution universitaire. Mais tout de même ce serait chic de jouer collectif et de partager entre collègues ! Afin que vivent les BU !

    Tant de choses à dire mais je laisse aller le débat 😉

    1. Bonsoir. Merci de votre commentaire.
      Je crois que justement, le temps n’est plus aux débats vains qui durent depuis 20 ans (au moins…) avec les résultats que l’on voit, mais bien à l’action et au changement. Je crois qu’il est temps de cesser de perdre du temps dans les sables des associations professionnelles, machines à produire du consensus mou et à consommer de l’énergie qui n’est plus disponible alors ailleurs, dans le quotidien.

      Et puisque vous parlez d’égalité et d’ouverture, alors je vous propose de porter dans ADBU-Forum, par exemple, cette proposition très concrète : que dès demain, tous les directeurs de Bu ouvrent leur équipe de direction et leurs réunions de direction (quand elles existent…) aux bibliothécaires, cadres de catégories A qui ont autant à dire sinon plus) que nous, conservateurs, sur le pilotage des bibliothèques. Je compte sur vous pour relayer voire appliquer (je ne connais pas la situation de votre établissement) cette modeste proposition qui ferait sans doute plus pour faire avancer les choses, que 20 années de journées d’études.

  34. Nous pensons que si Daniel Bourrion se trouve à publier de tels billets et nous-mêmes notre Dictionnaire du diable, c’est pour des raisons semblables.
    Parler ne sert à rien, nous avons déjà essayé.
    La « culture du débat » à insuffler, dont il est fait mention ci-dessus, nous amuse : c’est précisément de cette culture que les bibliothèques sont en train de mourir.

    Le seul espoir, le dernier, est de faire réagir – par la provocation ou par l’humour. Les bibliothécaires vivent pour une grande partie hors du monde actuel : il faut y revenir très rapidement, de manière active et efficace.

    Mais sans doute dira-t-on que dbourrion est un frustré et nous-mêmes des provocateurs sans intérêt afin d’éviter de se poser des questions et surtout d’agir.

    1. Totalement d’accord avec la dernière phrase (pour ma part, j’ai déjà eu droit à ce genre de remarques qui sont autant de stratégies d’évitement dans lesquelles les autruches sont passées maîtresses). Là où je ne suis pas en accord avec vous, c’est sur l’anonymat : je pense qu’il faut porter la contradiction, la provocation et l’humour, à visage découvert. Sans quoi on donne soi-même, d’emblée, la possibilité aux personnes que l’on gratte de vous dénier toute légitimité puisqu’il est très facile de dire qu’on ne répondra pas à des anonymes.
      D’autre part (désolé), mais rester dans l’ombre et anonyme dans la masse, c’est typiquement un comportement qui appartient à une partie des immobilistes dont il est question ici 😉

      1. Oui, c’est bien connu, l’anonymat a complètement réduit à néant les révélations de Gorge Profonde sur le Watergate, et l’action des Anonymous a toujours été vaine et sans conséquence.

        Si Machin refuse de répondre à un anonyme, c’est Machin qui est en tort, car on ne lui demande pas de répondre à une personne, mais à un propos, après tout, non ?

        1. Grosse différence en l’espèce – je suis tout prêt à protéger/garantir l’anonymat de quelqu’un qui viendrait faire des révélations le mettant en danger – mais là, franchement… Où est le danger ?
          Puisque le commentaire en question est signé “un des autres” et qu’il prend la défense des politiques et pilotes, je suppose que l’anonyme est un politique ou un pilote. Que craint-il ? Que j’aille l’attendre à la sortie de son bureau ?
          Allons, soyons sérieux.
          Et autre remarque, j’ai répondu : “ça donnerait ” c’est super, on avance” – c’est ma réponse à la question posée, qui était pour mémoire “Et le même post en version constructive, ça donnerait quoi?”

  35. Entièrement d’accord avec toi sur la question de l’anonymat !! C’est effectivement très pénible … Tu remarqueras néanmoins que les deux directeurs de BU qui ont réagi ici l’ont fait à visage découvert !! 😉
    Je pense que tu as néanmoins une vision très pessimiste des choses : dans beaucoup d’établissements et de plus en plus, la gestion participative existe et plein d’initiatives innovantes sont mises en oeuvre. Et les questionnements, les doutes et les interrogations traversent la profession, c’est sûr ! Mais on ne communique peut-être pas assez …

  36. Oy Oy Oy, qué pesimista, hombre !
    Si jeunes, vous nous rejouez déjà l’éternelle scène du bibliothécaire dépressif dans un monde de brutes ! Et pourtant, il n’y a jamais eu tant de choses à faire, tant de perspectives revigorantes. Il suffit de ne pas voir tout en noir et se retrousser les manches, car comme le dit si bien Bon Scott, poète australien, it’s a long way to the top
    (if you wanna be rock’n’roll).
    Pour ma part je trouve que la profession n’a jamais été aussi stimulante, que nous n’avons jamais eu tant de choses à faire, que nous n’avons jamais tant fait, tant réalisé. Finie, la complainte du pauvre bibliothécaire incompris (mais génial), l’avenir est à nous, agissons, Olé !

    1. Moi je trouve particulièrement frappant de voir les échos que rencontre ce billet. Alors l’optimisme, oui – mais l’aveuglement, je ne suis pas certain que ça soit une bonne solution…

  37. Bonjour Daniel,

    Ton billet pose de bonnes questions :
    1. l’importance des bibliothèques en général et des BU en particulier décline
    2. trop de réponses institutionnelles montrent une incompréhension du problème (par exemple les fameux portails, toujours plus chers, plus compliqués et obsolètes avant même leur mise en service intégrale)

    Je suis plus réservé sur les réponses. Ce n’est pas à cause des “vieux” que nous avons vécu la révolution numérique. Elle s’est imposée toute seule, et les vieux, quand ils étaient plus jeunes, y ont contribué à partir de la fin de année 1990 en popularisant internet en bibliothèque. Le rêve d’Eugème Morel s’est réalisé : un lecteur autonome ayant accès facilement à tout. Le seul problème pour nous, c’est qu’il s’est réalisé en dehors de la bibliothèque. Ce qui ne signifie pas que nous ne servirons à plus rien, mais à autre chose. J’ai lu récemment un article sur La Poste. Ce n’est pas à cause d’un mauvais management que le courrier entre particuliers est en chute libre : eux aussi ont été les vicitimes de la révolution numérique et leurs (anciens) clients en ont été les bénéficiaires. La Poste se cherche aussi de nouvelles missions (le facteur pourrait passer tous les jours chez les personnes âgées pour s’assurer qu’elles vont bien).

    Quand les jeunes cadres se plaignent des vieux directeurs, c’est bon signe : il sont mûrs pour prendre des responsabilités. Je crois vraiment que tu vas devoir t’acheter un costard et postuler !

    Cordialement.

    Alain Caraco,
    ancien jeune, en train de devenir un nouveau vieux, lecteur occasionnel de la prose de jeunes

    1. Bonjour.
      Non, définitivement non pour le costard.
      Mais oui, mille fois oui si vous comme d’autres, dans votre établissement (que je ne connais pas), vous changez des choses dès cette semaine (même les anciens jeunes et les futurs vieux voire l’inverse, peuvent changer des trucs rapidement et concrètement – si, je suis optimiste, la preuve).

      1. Cela dit, on peut être directeur sans costard…

        Pour répondre à ElisaFormist : c’est bien à ton TD que je pensais. De mémoire, la table de ping-pong a dû arriver peu après la sortie des DCB 15.

          1. Les DCB7 avaient déjà une table de ping-pong. C’est dire que le problème est plus profond et ancien…

          2. Peut-être que si on installait des tables de ping-pong dans nos B-U, ça augmenterait la fréquentation ?
            A quand un DCB “option ping-pong” ?

  38. Sans faire le rabat-joie, que toi, avec TON poste dans TA BU dresse ce constat, c’est un peu l’hôpital qui se fout le charité.
    Viens y voir un peu par ici, et tu verras que tu es encore loin de la vérité.
    Fais ton taff, fais les choses, creuse ton sillon l’ami…et laisse les crever.

  39. Il me semble que les débats de fond restent absents. Patrick Bazin utilise la méthode pour relancer la BPI. Pour les mener il faut en poser scientifiquement les termes, s’appuyer sur le nombre et pas seulement sur l’indivdu. Poster une opinion c’est facile, faire bouger le mamouth c’est plus dur.
    Accuser collectivement les directeurs de BU de ne pas ouvrir leurs équipes, préférer l’anathème au débat me semble une fausse route et une erreur de communication. Nous sommes nombreux à avoir d’autres pratiques, héritées en partie de Denis Varloot.
    Quant à relayer votre proposition, si vous vouliez passer un message sur ADBU-forum et lancer un débat vous le pourriez, en passant par votre directeur ou en vous inscrivant directement comme chargé de section. Et j’y repondrais, sans doute.

    1. Bonjour.
      Pour les débats de fond, il n’y a que ça dans notre profession, des débats. De fond. Qui restent des débats. Au fond.
      Je remarque simplement que dans les faits, nombre de réunions de direction se font portes fermées aux bibs. Et je m’interroge parce que pour le coup, accueillir des bibs dans une réunion de direction, ça n’a rien qui relève de bouger un mammouth.
      D’ailleurs, pour faire bouger un mammouth, il suffit souvent de commencer par lui faire avancer un pied – ma proposition pourrait être un moyen. Et un moyen d’ouvrir le débat que vous réclamez, au niveau local, dans chaque SCD. Ce serait un bon début, non ?
      Pour l’ADBU, j’ai été inscrit deux années – j’en suis parti, effaré du vase clos que c’était (et que c’est toujours – un forum fermé et invisible au public, pour moi, ça n’est pas un forum, c’est un carré VIP).
      Donc s’il doit y avoir débat, pourquoi ne pas débattre à un endroit où tout le monde peut participer – ici par exemple, ou ailleurs, le net est grand et ouvert.

  40. A l’époque où j’était doctorant (et post-doctorant) à l’URFIST de Toulouse, on avait mené une expérimentation visant à monter un référentiel de compétence partagé autour des métiers des bibliothèques et de la documentation (pour info, on bossait avec les arbres de connaissance de la société Trivium). Bref. On avait à l’époque été absolument abasourdis par l’absence totale d’estime de soi de “la” profession. Un espèce de déni de compétence même pas tacite mais quasiment revendiqué comme seule identité/culture professionnelle. On avait alors imaginé 2 hypothèses :
    – monter un psycho-bibliobus (pour faire de la psycho-thérapie de groupe itinérante)
    – proposer une immolation collective
    Bref et brrmmf, c’est assez interloquant de constater à quel point ce constat est toujours autant d’actualité. J’avoue ne pas encore avoir compris d’où pouvait venir cette incapacité structurelle du (grand) corps (malade) des bib. a entrer dans une démarche de légitimation de ses compétences. (bon en fait si, j’ai une petite idée, et elle s’appelle “formation et carrière”)

    1. Très bon, l’idée de l’immolo-bus, je prends.
      Pour ce qui me concerne, mon billet avait pour but de pointer des blocages de compétences, plutôt qu’un déni de compétence (sauf à considérer qu’un blocage de compétence soit l’équivalent d’un déni – ah ben oui).
      Cela dit, je pense (aussi) que nous souffrons d’un problème de compétences, pour ce qui concerne l’aspect strictement technico-informatique des bibs (et je m’inclus là-dedans).
      Mais c’est un autre débat (et l’une des solutions en l’espèce, oui, c’est la formation initiale et le recrutement – assez de gens, dans les bibs, qui aiment les livres… moi j’aime ce que contiennent les livres, et faire circuler ce qu’ils contiennent, pas les livres eux-mêmes, nuance..)
      Sinon, passe-moi le bidon, SVP.

  41. Bravo Daniel, tu as la preuve que ton blog est passé au crible de toute la profession et ne manque pas de faire réagir les fonction incriminées.
    Pour ma part je ne peux qu’être d’accord avec toi (sur le billet, hein, les commentaires pas tous lus, pfiouuuuuuu!). Et je commence malheureusement à craindre qu’il n’y a pas de machiavélisme carriériste dans ce système mais plutôt un aveuglement à être trop longtemps trop loin du terrain. Il est certain que les bibliothécaires ne sont pas tous (loin s’en faut) motivés et que la glandouille ça existe dans la FP. Mais est-ce que ce que l’on attend d’un responsable, avant de signer les congés et de discuter avec le Ministère, ce n’est pas d’impulser projets et motivation à une équipe?
    Dites moi juste où ça marche comme ça…? (certains commentaires ici sont d’ailleurs savoureux de virtualité (Tron sort bientôt, c’est très actu…)).

    Félicitation pour ta notoriété vilain petit canard;

  42. Je partage assez l’analyse d’Olivier. Tendance flagellante et en même temps normative (castratrice) d’un métier qui organise et transmet des connaissances, souvent de manière plus modeste et moins scénarisée que les enseignants. Métier conscient de l’énormité du volume des savoirs, de l’impossibilité de les synthétiser sauf par l’organisation dans une BU encyclopédique. Métier lucide donc désepéré face à l’avalanche de la société de l’information, à la dictature du présent. Média froid dévoué, dévolu à l’analyse, à la crétivité par l’Autre (Le Lecteur ? Le chercheur ? l’enseignant ? l’Ennemi ? ) face à tous les médias chauds de l’immédiatété, de l’émotion.

    A lire le fil de cet échange, ne varietur, les bibliothécaires restent en majorité pisse-vinaigre, alors que l’avenir me semble à l’avantage des bibliothèques car elles font partie de ces lieux indispensables à la fabrique des savoirs.

    Un mot sur les débats de fond : je maintiens qu’ils sont très rares. Agissez, développez des stratégies de communication et faites vous entendre. Il est temps de fonder une library science en France et de faire de la bibliothèque un sujet et un objet de recherche. Ne faites pas de fixette sur les directeurs de BU ou sur l’ENSSIB : agissez et ils -elle seront obligés de suivre.

    1. Désaccord profond avec vous, sur tout, en particulier, sur la bibliothèque comme sujet et objet de recherche ; et sur l’avenir à l’avantage des bibliothèques.
      La bibliothèque est un lieu menacé et ne pas le voir, c’est manquer à mon humble avis de lucidité (savez-vous qu’on commence à fermer des bibliothèques à l’étranger ? )
      Par ailleurs, ce n’est plus un lieu indispensable à la fabrique des savoirs, n’importe quel docteur en sciences (mais pas seulement), qui vient de terminer sa thèse et n’est jamais entré dans une bibliothèque parce qu’il n’en avait tout simplement pas besoin, vous le dira.
      Dire que la bibliothèque est un lieu indispensable à la fabrique des savoirs, c’est aussi, toujours à mes yeux, de pas avoir remarqué que nous étions passé d’une économie de la rareté (qui nous maintenait) à une économie de l’abondance (où il nous faut maintenant, tout simplement, exister).
      Pour l’objet de recherche, j’ai déjà donné ici, plus d’une fois, mon avis. Et là aussi, penser que faire des bibliothèque un objet de science (bon, historique, éventuellement – comme objet historique d’un temps révolu) les sauvera, est un grave erreur stratégique, toujours à mon avis.

  43. Je regrette que vous parliez d’un ton aussi définitif et tranchant alors que nul d’entre nous n’est dépositaire ou producteur d’une vérité révélée.
    Avant 1995 les chercherurs en Sciences venaient rarement car leur labo souscrivait à des abonnements papier. Après 1995, la distribution des abonnements électoniques, progressivement centralisés sur la BU, et leur accès distant n’a pas changé la situation. Par contre la BU est plus accueillante, avec des burea&ux, des carrels, des heurs d’ouverture étendues, etc. et au total je constate qu’elle est très fréquentée par le LMD.
    Sur la BU objet de recherche voir ce qui se passe au Canada.
    Les restrictions budgértaires ne signifient pas la mort des BU.
    L’abondance implique le tri et nous y contribuons par nos politiques documentaires.

    1. Mon ton est celui de la conviction dans le débat. Dans un monde de consensus mou, ça peut étonner. Mais soyez certain que je ne pense pas une seconde être dépositaire de quelque vérité que ce soit.
      Je remarque simplement, pour finir, que vous liez la fréquentation de la Bu aux espaces, pas aux collections. Je trouve ça très intéressant et un peu contradictoire avec cette histoire de politique documentaire.
      Merci en tous les cas d’intervenir ici : les collègues Dir Bu sont bien rares à le faire.

  44. Un billet très critique sur le pilotage jugé suicidaire des BU française, pilotage qui aurait pour effet l’extension du domaine de la déprime chez les bibliothécaires sensibles aux évolutions technologiques actuelles et qui provoque plus de 130 commentaires en 4 jours (avec un week end au milieu) témoigne peut être en soi :
    1. de notre capacité de débattre/causer/blablatter sur notre métier
    2. de l’existence d’un réel malaise

    Quand Nicomo nous propose de dire « dégage » à notre directeur/directrice ;

    Quand Olivier Ertzscheidnous propose l’immolationcollective

    Ca sent un peu la révolte, peut être les prémisses d’une révolution ? (enfin toutes proportions gardées hein, on est en bibliothèques quand même…)

    Bref, il me semble qu’il y a là un réel signal d’alerte que nos collègues (aînés mais pas seulement) « en situation de responsabilité » feraient peut être bien de capter.

    M. Klee, pour pouvoir agir dans un cadre strictement hiérarchique dans lequel nous sommes soumis au devoir d’obéissance (en 2010, mon président a quand même tenu à me rappeler que la BU n’est pas un soviet…), encore faut-il en obtenir l’autorisation de la part de sa hiérarchie. Aussi l’exhortation « agissez et ils – elles seront obligés de suivre » ne me paraît pas vraiment adaptée à notre contexte de travail.

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