Le caviar Lorrain

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Ce billet était au départ une réponse à ce post de Liber Libri. Plutôt que de pourrir ses commentaires, j’interviens ici. On lira d’abord ledit billet.
On lira aussi la suite dudit billet (avec des morceaux de carte dedans)

A Bar-le-Duc, en Lorraine, on trouve des épépineuses de groseille qui travaillent à la plume d’oie et fournissent les fruits d’une confiture d’exception nommée le caviar lorrain (véridique). Personne ne remet en cause cette spécialisation et la précision ou la qualité de leur travail, mais personne non plus, je pense, ne trouverait logique que l’on ouvre des écoles dans lesquelles on formerait des bataillons d’épépineuses de groseille.

Tout le monde aura compris la métaphore. La question ici, il me semble, n’est pas de savoir si le catalogage est mort ou pas (il ne l’est pas, évidemment, mais en disant ça, il faut préciser les choses – j’y viens – pour éviter de conforter les réactions du type ‘bon alors je continue à faire ce que je sais faire et ce que je fais depuis 30 ans, de la dentelle’), mais de savoir qui s’y consacre, et pendant combien de temps, et pourquoi – dit autrement, la question est de savoir si c’est une affaire de spécialistes, ou pas.

Vu les évolutions métier et techniques, il me semble évident qu’il est plus que temps de passer du catalogage comme coeur de métier, ce qu’il a été et est encore dans l’esprit de pas mal de monde, au catalogage comme travail de spécialiste (ce que c’est vraiment). Dans la phrase ‘on ne catalogue plus’, je ne vois pas un constat, je vois une incitation politique : vous tous, vous ne cataloguerez plus mais quelques uns continueront à le faire parce qu’ils en seront spécialistes.

Derrière tout ça, on retrouve ces grandes problématiques toujours pas tranchées, celle de la professionnalisation et de la spécialisation ; celle de la formation, évidemment (le jour où nos structures de formation et les gens qui les pilotent prendront eux-mêmes certains virages conceptuels, on commencera à former les gens à autre chose qu’à une activité qui n’est plus le coeur de métier et en même temps, on formera enfin des spécialistes correspondants aux besoins – ce qui dans le même temps, veut dire aussi qu’on formera enfin en vrai, par exemple, les bibliothécaires à un accueil de qualité, entre autres).

Evidemment, ce qui précède esquisse un autre champ de réflexion, celui de la spécialisation et des profils  : pourquoi diable continuons-nous à demander la même chose à tout le monde, comme si tout le monde était ou devait être bon en catalogage ET en accueil ET en je ne sais pas quoi. Pourquoi ne pas considérer qu’on peut être un catalogueur épouvantable mais un excellent hôte pour les usagers  ? Et à partir de là, pourquoi ne pas tout simplement créer des spécialités réelles, des filières  ?

Enfin, juste pour finir, une remarque toute personnelle, quelque chose qui, on dirait, n’est jamais pris en compte : la question du rapport coûts/bénéfices/usages – si j’écris rentabilité, tout le monde va s’énerver. Très franchement, apprendre que quelqu’un de la qualité pro de la tenancière de ce blog passe 1/5ème de son temps à cataloguer, cela m’attriste beaucoup 😉 parce que, même si je ne doute pas un instant de la qualité de son travail et du plaisir qu’elle prend à faire un travail au cordeau, je me demande vraiment s’il est raisonnable de passer autant de temps à peaufiner des notices dont tout le monde sait que leur qualité ne servira qu’à une infime minorité d’usagers (où l’on revient aux épépineuses du début  : elles travaillent très bien, font des miracles, sont fières de leur travail mais franchement, à qui/quoi ça sert in fine, à part permettre de faire des reportages TV sur les vieux métiers ?).

PS : Ah , j’oubliais, une réponse à ce que dit Liber Libri : “Disons que ce qui m’a hérissée, c’était un discours qui tendait à montrer que les bibliothécaires avaient désormais tout leur temps pour faire de la médiation, ce qui est faux” > ils n’ont pas tout leur temps pour ça (la médiation) parce qu’ils continuent à cataloguer – CQFD

38 thoughts on “Le caviar Lorrain

  1. Oui je suis d’accord qu’il faudrait spécialiser des collègues mais alors dans un esprit de mutualisation à un échelon plus important qu’une bibliothèque… Selon la taille de ta structure, tu n’as pas les moyens humains de spécialiser, tu es obligé d’avoir de la polyvalence pour pouvoir assurer toutes les missions.

  2. En lisant ta réaction, je me dis que j’ai dû mal présenter les choses. Entendons-nous bien, des épépineurs de groseilles, il n’en reste plus, ou presque. Ce qui fait aujourd’hui s’apparente à mon avis à de la confiture industrielle. Maintenant, si je file ta métaphore de la confiture et que j’imagine que les pots de confiture industrielle arrivent au supermarché/à la boutique, il reste quand même au chef de rayon un certain nombre de vérifications à faire. Quand il met un code-barre sur chaque pot (exemplarisation), il doit quand même regarder que tous ces pots seront liés à la bonne fiche-produit. Si ce n’est pas le cas parce que la centrale d’achat n’a pas fait son boulot, il doit récupérer la bonne fiche de chez elle (dérivation). Et si c’est un produit rare, par exemple du caviar lorrain, qu’il a eu par d’autres canaux que sa centrale habituelle il va devoir créer la fiche produit (création de notice). Il faudra enfin qu’il décide où il met son produit, rayon confitures ou tête de gondoles (cotation) et qu’il l’ajoute à la fiche-produit, ce que la centrale d’achat ne peut pas faire à sa place. Pourquoi il le fait ? Pour deux raisons, la première pour que la caissière puisse biper le code-barre et que les bonnes infos (prix, réf) s’affichent sur le ticket du client, la deuxième pour que si le client demande où on a rangé les confitures …, on puisse retrouver ladite confiote dans la base de données et le lui indiquer. Pas sure que, malheureusement, ces étapes puissent être supprimées.

    Autre chose, concernant la mutualisation : pour tout ce qui est français, elle est déjà effective depuis 10 ans. Le traitement de ce que j’achète en français va globalement vite. Cependant, j’achète 70% des documents à l’étranger et on ne peut pas demander à la BnF de cataloguer ce qu’elle n’a pas entre les mains. L

    1. Miam, toute cette confiture…
      Tu confirmes indirectement mes propos : la partie catalogage que tu décris ne relève pas/plus d’un traitement courant et généralisé, mais de travail de spécialistes traitant de produits rares. Spécialistes qui pourraient être mutualisés comme le suggère Xavier.
      Je ne remets pas en cause le catalogage dans ce cas (produits rares), il est évidemment nécessaire. Je remets en cause la dentelle autour des produits courants (et je t’assure que des dentellières – ceci n’est pas un propos sexiste – qui passent la journée à broder des napperons autour de produits plus que courants, il y en a plein dans les espaces pros des bibliothèques).
      Tout le problème est de faire comprendre globalement (on trouvera toujours des cas spécifiques où un catalogage précis se justifie, mais je suis ici dans une approche globale) que le catalogage (ou la retouche de notices) de produits courants, ça ne sert réellement à rien, c’est juste de l’occupationnel.
      Si nous devons progresser en qualité, ce n’est certainement pas au niveau des notices, c’est beaucoup plus au niveau de tout le reste (à commencer par l’accueil – personnellement, en tant qu’usager et je pense être un usager plus que lambda, i.e. que je représente 90 % des personnes qui sont dans une bibliothèque ; personnellement, donc, je préfère de loin un accueil souriant, aimable, bref, accueillant, à des notices hyper-pointues polies des heures durant). Encore une fois, la dentelle ou la confiture, si personne n’est dans les rayons pour l’utiliser, ça ne sert à rien.
      Nous ne travaillons pas pour les bibliothèques, nous travaillons pour les usagers dedans, je crois que ça change tout (mais ceci n’est que mon avis).

      PS : la confiture de groseille la meilleure que j’ai jamais mangé avait tous ses pépins, elle n’avait rien d’un caviar peaufiné des heures, c’était même plutôt une bouillie de bourrin. Mais c’était celle de ma grand-mère, qui la faisait dans un seul but, pas celui de faire la confiture la plus précieuse ou ‘précise’ qui soit, mais : faire plaisir aux gens qui la mangeaient

    2. Ah, encore une remarque : je ne comprends pas pourquoi on passe toujours autant de temps à former les professionnels au catalogage, et si peu à l’accueil, alors que tout (et ce que tu dis encore une fois le montre) prouve que le catalogage n’est plus le coeur du métier (sauf dans des cas très particuliers comme le tien – la majorité des bibs n’achète rien à l’étranger ou si peu, en tous les cas, pas 70% de leurs documents). Je vois souvent dans les descriptifs de formation, des modules catalogage. Jamais ou presque, des formations à l’accueil. C’est quand même étonnant, non ?

      1. Et au sport haltérophilique que représente le rangement de livres ?

        Pas étonnant, ça non plus. 🙂

        Le problème est que, en formation, une notice de catalogue peut être juste ou fausse, lorsqu’un accueil doit s’adapter à la personne en face = l’accueil est contextuel et difficile à apprécier aussitôt.

        Au niveau de la notation, un juste ou faux, c’est du gain de temps à la correction. Et on peut facilement voir si l’étudiant a avalé les codifications. C’est tout.

        Sur la cotation :
        Comme toi, je m’étonne que l’on peaufine au cordeau pour 5 % de la population au détriment d’une médiation pour 95 % de la population…

        En même temps, 95 % de la population qui s’en fout contre 5 % de gens qui en ont vraiment l’utilité… ça change la donne et la réflexion.

        Là, pour savoir, il faudrait une mesure de l’utilité pour dire si oui ou non ces notices “expertes” sont rentables.

        Est-ce la fin du catalogage ?

        Eh bien, j’avoue que sans la BNF (Merci à l’équipe BNF pour leur très bon travail), ce serait à moi de le faire ce catalogage.
        Je préfère que quelques personnes me fassent gagner un temps inestimable pour de la vraie médiation sur 95 % de mon temps libéré au catalogage. (Oui, on doit adapter la chaussure à son marcheur, ou ranger la confiture dans sa propre armoire ! donc il reste 5 % 🙂 )

        Idem que pour la BNF.
        Si quelqu’un remplit une base de données nationale (SUDOC), elle rend service à toute la profession.

        Et ces catalogueurs, on en a tous besoin.
        Qu’ils soient centralisés ou dispersés dans les structures.

        Si 20 % du temps de travail de Liberlibri est investi dans une base nationale (voire internationale), c’est tout bénéf.

        Par contre, là où tu as raison Daniel, c’est qu’on perd tout l’intérêt lorsque ce travail demeure interne et qu’il ne peut pas être redistribué ou mutualisé d’une manière ou d’une autre.
        Là, c’est vraiment du temps perdu. Et du catalogage inefficace.

        Je concède quand même que, traduire des notices anglo-saxonnes pour des documents anglais, ça me laisse un peu dubitatif.
        Soit la personne est bilingue et elle cherchera dans les deux langues ; soit – mieux – le logiciel propose la recherche en plusieurs langues (auto-traduction des termes généraux).

        Soit, pour finir, la personne est incapable de comprendre l’anglais, et ce rajout d’information ne crée – pour elle – que du bruit supplémentaire.

        En plus, si demain la structure de Liberlibri achète des documents chinois, le/la bibliothécaire en face devra être un(e) spécialiste du chinois, c’est ça ?
        Et son successeur tout pareil ?

        Est-ce vraiment au bibliothécaire de servir de logiciel de traduction ?

        Je trouve aussi critique cet autre point : qu’un doublon ne puisse être fusionné directement, ou même qu’un document ne puisse avoir plusieurs ISBN. On a bien plusieurs exemplaires, non ? Et on serait incapable d’avoir une vraie notice Autorité d’une même oeuvre (avec un même texte) ? avant d’exemplariser les ISBN.

        Je trouve plus surprenant encore qu’un bibliothécaire puisse découvrir une anomalie dans la gestion des autorités/responsabilités auteurs et n’agrandisse pas (ne complète pas de lui-même) la notice pour éviter les doubles portant à confusion.

        Faciliter le travail du suivant, ça me paraît une évidence quand on travaille en mutualisation.

        Mais c’est vrai, je l’ai entendu : en bibliothèque, on ne travaille pas en mutualisation.

        A l’image du catalogage en solo et à unique vocation de sa structure : du temps mal employé, si ce n’est jeté aux ordures.

        Non, il n’y a pas que le catalogage à revoir en formation. 🙂
        On a cette notion essentielle de coopération à introduire : pendant qu’un spécialiste catalogue, ses cinq voisins nationaux oeuvrent à la médiation mutualisée.

        Bien cordialement
        B. Majour

        1. Une précision : j’ai travaillé dans plusieurs établissements qui ont des fonds dans des langues rares. Ils recrutent souvent dans ce cas des vacataires bilingues pour cataloguer. Personnellement, quand je faisais du latin, j’étais ravie de trouver les notices en français ! On peut étudier une langue et avoir besoin de la sienne pour y accéder, dans un premier temps.

  3. Suite du comm, j’ai malencontreusement cliqué sur Entrée 🙁

    La Library of congress fait un boulot formidable pour le catalogage et elle nous fait gagner un temps précieux mais les notices sont en anglais et l’indexation aussi. Or nos usagers cherchent en français. Il nous reste donc à traduire.

    Pour finir, je voulais simplement dire que le chef de rayon, même s’il rêve de passer son temps en rayon à vanter ses produits, doit quand même passer un minimum de temps à gérer son fonds. C’est tout ! Voilà qui donne matière à mon prochain billet : “portrait du médiateur documentaire en chef de rayon” 😉

  4. Bonjour,

    Je ne suis pas tout à fait d’accord avec tout ça. En fait, il y a même des passages avec lesquels je ne suis pas du tout d’accord.

    Je ne rentrerai pas dans l’argumentation cœur de métier ou pas. Je trouve qu’elle est erronée, et presque malhonnête : toutes les facettes des métiers des bibliothèques sont interconnectées et interdépendantes. Et comme les bibliothèques sont assez différentes les unes des autres puisqu’elles s’inscrivent toutes dans un contexte (publics, collections, emplacement, taille, …), le poids et l’importance de chaque facette est très variable.

    Ceci dit, je me répète : le catalogage est indispensable. Et il reste indispensable dans la bibliothèque de demain. Et je ne parle pas de la cotation, également évoquée par Liberlibri.

    Pour ce qui est de l’équipe spécialisée, je ne suis pas d’accord. d’abord parce que seulement quelques grosses structures pourraient se le permettre. Sinon, on n’y mettrait que les bibliothécaires épouvantables avec le public, et la qualité du catalogage risque de s’en ressentir. Ensuite parce que je suis intimement persuadé que la majeure partie des problème des bibliothèques provient de cette spécialisation par catégories / corps / métiers, et du cloisonnement qui va avec.

    Pour le catalogueur épouvantable mais excellent hôte avec les usagers, même si je comprends l’idée, je ne peux m’empêcher de penser à la candidate de Ma(g) BU qui “adore les livres”. Sauf que là, elle “adore le contact avec le public”. Chouette, mais ça ne suffit pas à en faire une bonne bibliothécaire. Et même, je ne suis pas d’accord : quelqu’un qui ne pige rien au catalogue pourra certes indiquer les toilettes et recharger en papier les photocopieuses (ou l’inverse), soit 80% de mon boulot en SP, mais ne pourra pas remplir les 20% restants. Et c’est dommage, parce que c’est là que ça devient un métier particulier.

    Quant au fait que tu regrettes que quelqu’un de la qualité de Cécile – Liberlibri (ou Mathieu Vingt-sept point sept) “perde” du temps à cataloguer, je ne surprendrai personne en affirmant que je ne partage pas ton opinion. Ce sont justement ces catalogueurs consciencieux ET modernes Et au fait des évolutions du métier Et à l’écoute des publics qui font l’utilité du catalogage. Avec des liens entre les différents index qui permettent le butinage et les rebonds. Avec des notices d’autorités précises qui mettent en valeur les auteurs. Avec une indexation Rameau intelligente et pertinente qui valorise les collections. Avec une cotation du libre-accès réussie qui favorise la sérendipité. Ce sont eux qui font la différence entre un catalogage presque inutile et un catalogage efficace. Pour travailler sur le même catalogue mutualisé qu’eux, je suis bien content qu’ils soient mes collègues.

    J’ai lu des billets où tu défendais la technicité des métiers des bibliothèques aujourd’hui, et t’agaçais du manque de formation, ou plutôt de volonté de formation de certains collègues. Pourquoi la technicité du catalogage devrait-elle être une raison de s’en débarrasser ?

    1. Dont acte sur le désaccord.
      Je ne rebondis que sur le dernier paragraphe : je ne dis pas qu’il faut se débarrasser du catalogage, je dis qu’il faut cesser de faire du catalogage un enjeu essentiel et central – l’enjeu est vraiment ailleurs.

  5. Daniel, est-ce que tu ne lis bien pas ce que j’écris ? Tu reviens sur le fait de faire de la dentelle, ce que je ne fais pas. Ce que je décris, c’est un minimum indispensable dont même un supermarché, ou tout autre structure qui gère des ressources, a besoin. Prenons un magasin d’informatique : est-ce que tu accepterais que les fiches qui présentent chaque ordinateur soient dans toutes les langues sous prétexte qu’ils ont récupéré ça d’ailleurs et que le plus important est dans l’accueil ? Pas moi. Selon moi, c’est un tout : les deux doivent être parfaits.

    1. Oui, j’ai bien compris.
      Mais ce qui m’inquiète dans ta position sur le catalogage, c’est que je crains d’entendre bientôt ” vous voyez bien que c’est important qu’on fasse du catalogage, même les zhybrides le disent “.
      Dit autrement, ce mouvement de retour à l’opération fondamentale qu’est le catalogage, ça me semble en fait un retour en arrière parce qu’en l’espèce, entre le catalogage essentiel et la dentelle, il n’y a pas de frontière claire et que je crois que beaucoup se laisseront tenter par le côté obscur, i.e. la dentelle (c’est tellement plus facile de continuer à faire ce que l’on faisait depuis des années, que de commencer à évoluer).

  6. Je suis sensible à ce dernier argument que tu avances parce que je ne voudrais surtout pas que mon billet serve à justifier un retour en arrière ! Je vais laisser décanter tout ça et j’essaierai de mettre à plat dans un autre billet les différentes activités qui sont les miennes, dans lesquelles le catalogage n’est qu’un aspect parmi les autres.

  7. Si je comprends bien la description de Liber Libri, lorsqu’on dérive une notice anglaise (Library of Congress notamment), les deux tâches les plus longues à réaliser sont :
    1. la traduction de l’indexation en mots-matières Rameau, en bon français
    2. la “traduction” de l’indexation Dewey en plan de classement local.
    Les deux devraient être aisément automatisables. Dit autrement, c’est scandaleux que ce ne soit pas déjà le cas.
    Les LC Subjects Headings ont déjà été “mis” sous SKOS (web des données), Rameau aussi.
    Il n’y a aucune passerelle entre les deux ? Peut-être, je n’en sais rien. Si ce n’est le cas, ça devrait arriver un jour ou l’autre.
    Quant à la réduction d’une indexation Dewey, en fonction d’un plan de classement préétabli (genre : sont autorisés 944.4, 944.45 et 944.47, donc si vous trouvez 944.421 124, vous le transformez en 944.4), ça ne me semble pas une impossibilité informatique insurmontable.

    Bref, on n’est pas encore allé au bout des possibilités d’automatisation, et on va donc nécessairement vers une réduction encore accrue du temps de catalogage.
    Sauf si personne ne s’y intéresse, évidemment…

        1. @Lully : J’applaudis des deux mains pour SKOS, évidemment. Le problème qui nous reste est que la LOC indexe en LC, nous en Rameau. On ne construit pas tout à fait les notices pareil. Cela dit, s’il existe un jour un moyen que tout ça soit automatisé, je serai vraiment vraiment ravie ! Ce que je voulais dire dans le billet de départ, c’est que clamer qu’on ne catalogue plus alors qu’il reste quand même un certain nombre d’opérations qui ne sont pas automatisées, c’est contre-productif : si l’on tient ce discours, qui se souciera d’automatiser encore le boulot du catalogueur ? Pour l’instant on se contente de le faire passer pour un ringard sans rien lui proposer qui allège son travail.
          Pour les cotes, je suis plus dubitative. Il me semble qu’il reste beaucoup de particularités locales. Sans compter qu’on recote souvent au fil du temps en fonction des orientations qu’on donne aux fonds et des acquisitions développées. Mais il y a sans doute des possibilités que je ne soupçonne pas.

    1. Voui, Sauf que la pertinence des cotes Dewey “proposées” n’est pas toujours évidente. En tout cas selon le plan de classement local. Il ne s’agit pas toujours de virer les chiffres en trop qui renvoient à une subdivision chrono ou géo. Il s’agit de l’accès au document – du pourquoi et comment un lecteur va s’y intéresser : ça mérite d’y passer un peu de temps, surtout quand ça n’est pas évident. Il y a partout des bouquins qui ne trouvent pas leurs lecteurs parce qu’ils sont soit perdus dans la masse d’une cote trop générale “fourre-tout”, soit au contraire isolés dans une tranche précise mais éloignée des autres livres intéressant les mêmes lecteurs.

      Mais ce qui est très long aussi (et souvent même plus long), c’est de créer les liens vers les (bonnes) notices d’autorité auteurs – quitte à devoir les créer quand elles n’existent pas.

      1. @Pierre : je me doute que coter ne consiste pas “simplement” à tronquer une indexation pré-existante. La cotation est essentielle dans la mesure où la grande majorité des lecteurs accèdent aux collections uniquement en allant directement en rayon.
        Cela dit, je n’ai pas trop détaillé non par mauvaise foi mais plutôt par souci d’économie.
        Avant de concevoir un système plus complexe, on peut déjà estimer que ramener cette longue indexation Dewey à une cote existant dans un plan de classement prédéfini, sera une procédure satisfaisante dans un certain nombre de cas (quelle proportion ? à vous de me répondre).
        Mais concevoir un système plus élaboré n’est pas impossible, càd un système intelligent qui apprendrait progressivement de l’historique…
        (la table de correspondance entre indexation et plan de classement s’enrichissant au gré des création de notices).
        C’est pas pour tout de suite, certes.

    2. Bah si, Rameau et LCSH en SKOS sont déjà reliés. Par contre il faudrait des SIGB qui sauraient exploiter directement les infos en mode Web de données (il faut savoir suivre un lien de type URI et interpréter l’info en RDF qu’il y a derrière). Vous connaissez des SIGB qui savent faire ça, vous ? Parce que visiblement, déjà des bons vieux liens en MARC entre des notices biblio et des autorités c’est pas donné à tous les systèmes…

      Je vais formuler ça autrement, ce sera ma contribution à ce débat 😉
      Pour qu’on puisse faire moins de catalogage il faut
      – de très bonnes données source, faites à la main, par des spécialistes (+1 pour Daniel)
      – des gestionnaires efficaces qui sachent les réutiliser et les adapter à leur contexte (+1 pour Cécile)
      – des outils qui marchent bien.
      Si on veut faire des économie sur l’humain (catalogueur) il faut investir dans l’outil (SIGB qui marche bien). Or aujourd’hui on n’a pas de ressources à investir ni dans l’un ni dans l’autre… Ce qui fait que la qualité du service ne peut que se dégrader. Les catalogueurs se décourager. Et tout le monde dire que le catalog/ue/age c’est has been.

      Et si le fond du débat, c’était la définition du terme “catalogage” ?? Pourquoi les autres professions qui produisent des “catalogues” (Leroy Merlin par exemple, ou Renault) n’ont pas de catalogueurs ? Est-ce plus dégradant de décrire des livres que des voitures ou des râteaux ?
      C’est la société de l’information, ici. Les données sont nécessaires.

      1. “Bah si, Rameau et LCSH en SKOS sont déjà reliés” : le contraire m’aurait étonné, mais je n’osais pas trop m’avancer (et j’avais vraiment la flemme de vérifier)

    3. Comme toi, Étienne, j’ai été frappé par les remarques de Cécile sur les obstacles à une dérivation fluide des notices. Les rares échos analogues que j’ai pu entendre à ce sujet évoquaient d’autres causes de viscosité (détails des formats).

      Je suis frappé aussi du silence autour de cette logistique concrète du catalogage. On manque de descriptions concrètes, de faits et de chiffres sur ce qui fait perdre du temps et de la qualité utile. Quel est le profil des notices créées, faute de dérivation possible ? quel pays ? quels éditeurs ? C’est regrettable. #aveuglette

      Quant au passage de LCSH à Rameau, je pense que le passage à SKOS (RDF) ne change pas grand chose. Depuis longtemps (toujours ?), les notices Rameau pointent vers des notices LCSH. Ces liens peuvent aider, mais, faute de bijection, il faudra toujours une analyse humaine. Plus de détails : http://rameau.bnf.fr/utilisation/rameau1_3.htm#ancre_1324

      Par ailleurs, la plus grande difficulté doit moins tenir aux correspondances entre termes qu’à la construction des vedettes (syntaxe…).

      Mais j’suis pas spécialiste, j’ai pas d’exemple…

  8. Non je ne le crois pas ! Vous en êtes encore là ! Englués dans des histoires de catalogage… Une fois de plus un sujet dont on parle depuis des … Décennies. Une fois les 120 commentaires chacun repartira dans son coin en ruminant et en campant sur ses positions. On n’y arrivera JAMAIS !
    Ah si il y a une nouveauté depuis quelque temps : arrêter de cataloguer pour faire plus de médiation, ben voyons et la marmotte…
    Désolée pour ce com’ ecrit sous l’emprise de la colère jamais bonne conseillère et qui ne fera pas avancer le débat…

  9. Tout débat peut trouver un certain équilibre : oui, un catalogue bien foutu c’est intéressant (s’il est utile aux usagers qui cherchent dedans) ; non, passer deux heures sur une notice n’est pas nécessaire. Et je pense que c’était là le propos de Liberlibri. La catalographie est une des tâches possible des bibliothécaires et grâce à l’informatique, aux réseaux et au travail des catalogueurs de la BNF, du SUDOC, de la LOC ou autre, il est maintenant possible de faire de la “catalo intelligente” en récupérant les notices. Quitte à en adapter la cotation et l’indexation au centre de documentation pour lequel on travail, sans devoir réinventer la roue à chaque notice.

    A côté de ça, il y a d’autres tâches pour les bibliothécaires (et c’est tant mieux) qui prennent toutes un certain temps et certains se spécialisent dans une ou l’autre tâches.

    Pour moi ce débat est intéressant parce que même si on apprend à la fois la dentelle et la récupération de notice en formation, on parle rarement de la répartition des tâches, de comment mettre en place cette catalographie intelligente,…

  10. Pas face zinc pour 2 sous, contrairement au bibliofrien (biblioeffrayant) GCM : Lully, Manue et Yann ont très bien posé le coeur du débat, qui est qu’on fait souvent en local du “catalogage” à la petite semaine, de l’occupationnel, sans être capable d’en faire un outil à la fois :

    – mieux adapté aux réalités locales (cadre de classement Dewey contrôlé ou autre lié à des indicateurs précis et pertinents de gestion de collection à disposition de manière fluide pour les acquéreurs),

    – disciplinaire (j’ai eu un rêve un jour, que toutes les BU de dents s’unissent pour définir des mots MESH propres qui auraient vraiment garanti qu’une recherche par sujet soit à la fois pertinente et exhaustive – qui n’a jamais trouvé d’écho)

    – améliorable pour tous : pas de proposition, pas de lobbying (personne n’a sonné les oreilles à l’ABES pour que l’intéressant Idref deviennent le plus rapidement possible un outil de saisie full web permettant d’échapper au fastindieux F5 F11 de Win-Ib) – foncièrement Win-ib est tel que je l’ai découvert il y a 10 ans et ça n’effraie personne…

    – utile au web sémantique – donc à tous (donner à tous ceux ayant une information de première main, notamment les catalogueurs des universités sur les directeurs de thèses, de modifier une autorité auteur même si elle a été excellement cusinée dans les fourneaux de la BnF)

    Le problème du catalogage, c’est d’en faire un produit et une activité dissociée des autres, auxquels personne n’arrive à donner sens :
    – ni les équipes des bibnum engluées sans effectifs dans des problèmes de SIGB plus urgents que paramétrer correctement des modules statistiques, ou juste leurs bases d’autorités,
    – ni les chefs de section bloqués dans d’autres priorités que de réorganiser les collections en libre accès selon une classification rénovée, adaptée aux enseignements,
    – ni les formateurs qui n’osent guère montrer de rebonds sur les recherches par sujets, l’hétérogénéité et la disparité dans la granularité des mots clés étant telle que les résultats tendent trop souvent au mélange de torchons et de serviettes et le catalogue n’étant -dieu merci- plus l’alpha et l’oméga des formation (enfin, si je pouvais dire en médecine, voilà un mot mesh et je vous garanti qu’il marche de pubmed à WOK en passant par le SUDOC, ça changerait sérieux la donne…)
    – ni les collègues de base en service public (voir aussi : Accueil –Qualité de l’ ; Professionnalisation – Formation continue – Catégories professionnelles),
    – ni les directeurs peinant à monter des budgets plutôt que des projets de services permettant à chacun de trouver une place nouvelle, si certaines fonctions traditionnelles venaient à disparaître ou évoluer(utilité de l’occupationnel pour éviter de réinterroger les profils et de faire évoluer les compétences).

    Souvent, le catalogage n’est pas une dimension intégrée du travail des bibliothèques, mais un royaume à part entière. Bref, si tous les autres s’y intéressaient un peu plus et les catalogueurs un peu moins, la confiture prendrait mieux… (c’était un message du CDAF*)

    * Comité de défense de l’analogie fumeuse

    1. Compliqué le dossier WinIBW…
      C’est un outil vieillot mais puissant, rapide et extensible. On n’en a sans doute pas épuisé les possibilités (extensions, scripts…), mais il a sans doute épuisé beaucoup de patiences… Par ailleurs, OCLC ne compte pas le faire évoluer.
      Il est d’autant plus difficile de passer à autre chose qu’il fait beaucoup de choses différentes. Donc, c’est tout ou rien.
      Il faudrait peut-être s’en passer par étapes, par pans : petit à petit déporter certaines de ses fonctions dans d’autres outils Web spécialisés, qui communiquent entre eux. C’est ce qui commence un peu avec IdRef pour les autorités, mais c’est partiel : le catalogueur WinIBW qui veut créer une autorité ne bascule pas dans IdRef – ce qui serait un renversement amusant.
      On pourrait également réutiliser nos (abes) développements IdRef (formulaire Web configurable pour *toute* notice UNIMARC/XML, qui envoie par Web service les données dans la base historique du Sudoc). Par exemple, pour proposer une interface dédiée à l’exemplarisation – à la main ou à la douchette+main ou par listes d’isbn… Mais une interface pour dériver, c’est encore différent. Et une interface pour cataloguer ex nihilo c’est encore différent. Et je ne parle pas ce qui arrivera un jour : se localiser, ce sera accrocher un exemplaire à une notice de bouquin mais éventuellement aussi accrocher cette notice de bouquin à une notice d’œuvre et en récupérer le liens aux auteurs, l’indexation matière…
      Le catalogage comprend(ra) différents types d’opérations (cf. le billet de Cécile) et ces opérations sont plus ou moins découplées. Faut-il que les outils reflètent cela ?

      (Version de cela en Soap Opera : “La Grand évasion du bateau de Thésée en peau de chagrin”)

  11. Je le crois pas… Tu profites d’un we paradisiaque pour mettre les mains dans la terre, tailler tes haies et tes rosiers, lézarder avec un Folio (ben oui, mon Ipad est en we à la campagne, lui aussi…) et un gorgeon de Bourgogne, bref tu profites du soleil et des mésanges… Et de retour à la vie sociale, la nuit tombée, tu t’aperçois que pendant ce temps-là… un quarteron de bib désoeuvrés (sinon, je vois pas…) arrivent à s’écharper (poliment, mais quand même) un dimanche sur le catalogage. Le catalogage ! Je te dis, j’y crois pas… :-))

  12. “pourquoi diable continuons-nous à demander la même chose à tout le monde, comme si tout le monde était ou devait être bon en catalogage ET en accueil ET en je ne sais pas quoi. Pourquoi ne pas considérer qu’on peut être un catalogueur épouvantable mais un excellent hôte pour les usagers ? Et à partir de là, pourquoi ne pas tout simplement créer des spécialités réelles, des filières ?”

    Sur le catalogage, je botte en touche. Ce n’est pas ma spécialité ;o)

    Par contre sur la spécialisation des profils, j’ai ma petite idée. Elle s’appelle mobilité ou défaut de mobilité. Soyons clairs : arrive un moment où la spécialisation implique la mobilité. Ce n’est pas un hasard si les conservateurs et bibliothécaires tendent tous progressivement à la spécialisation (bibnum, evaluation, encadrement, collections, gestion de projet, etc). Ce sont les personnels les plus mobiles de la filière (safe bet, mais si quelqu’un a des chiffres, ça m’intéresse).
    Se spécialiser suppose de prendre le risque de la mobilité : lorsqu’on en a soupé de sa BU, qu’on a une spécialité à laquelle on tient, qu’on a construite et bonifié dans le temps, comme on a pas tous la chance (?!) d’habiter Paris ou Lyon, , il faut parfois accepter d’atterrir à 500 kms. La mobilité professionnelle implique aussi souvent la mobilité géographique. Il est ici question de mode de vie, de vie privée. Pas si simple… même si je suis totalement favorable à que tu décris.

    Pour autant, la spécialisation sur une thématique sur toute une carrière, ça ne me fait pas rêver non plus. Bougeons, creusons des sillons et allons voir ailleurs de temps en temps. Mais c’est pas à un ex CPE que j’apprends quoi que ce soit.

  13. @Liberlibri, pareil pour nous : j’achète pas mal de livres étrangers : sciences, romans, … et évidemment quand j’achète je regarde le prix et la disponibilité pas si c’est déjà catalogué dans le SUDOC (devrais peut-être changer de critères d’acquisitions ;-)), alors il faut dériver, copier ou créer la notice. On essaie bien de laisser dormir le livre en entendant qu’une BU s’y colle, mais on ne gagne pas à tous les coups (messages aux gros SCD avec équipes de catalogueurs !). Dans les plus beaux catalogues du monde, il faut bien que quelqu’un crée la première notice, non ? Ou alors on peut rêver : comme m’a dit un enseignant “ce ne sont pas les éditeurs qui vont cela et on cherche juste l’ISBN ?”.
    Et pour les fous qui entrent encore dans notre bibliothèque, qui cherchent quelque chose sur les éléments finis ou les bétons, il faut bien que quelqu’un est choisi une cote, non ? et que quelqu’un est vérifié que le livre est à la bonne place (on fait quoi si les livres ne sont pas à leur place ?)
    On ne passe pas tant de temps que cela à cataloguer : 20% des livres achetés environ, c’est quand même 80% des acquisitions qui sont exemplarisées en 2 clics en remerciant le bibliothécaire inconnu qui a fait le boulot.
    Je résume : on laisse tomber le catalogage (trop archaïque et puis y a google books), les livres aussi (puisque il n’y a plus que le numérique qui a de l’avenir), les prêts/retours (les machines sont fort utiles), et puis aussi le bulletinage (plus personne ne lit les journaux, non?) et puis pour l’accueil le soir on prend des vigiles et des moniteurs.
    C’est sûr qu’on se demande pourquoi on a eu le concours ….
    Je ne dis pas que nos chefs sont idiots, dans notre bibliothèque on est que 2 et c’est moi le chef …
    Tiens, je vais reprendre du chocolat pour me remonter le moral.

  14. Je repasse ici longtemps après la bataille et je découvre avec joie les commentaires de Manue et de Nacl2.

    Manue dit tellement mieux ce que je voulais exprimer : comment se passer des métadonnées ? “Et si le fond du débat, c’était la définition du terme “catalogage” ?? Pourquoi les autres professions qui produisent des “catalogues” (Leroy Merlin par exemple, ou Renault) n’ont pas de catalogueurs ? Est-ce plus dégradant de décrire des livres que des voitures ou des râteaux ? C’est la société de l’information, ici. Les données sont nécessaires.”

    et je bois du petit lait en lisant Nacl2 : “Bref, si tous les autres s’y intéressaient un peu plus et les catalogueurs un peu moins, la confiture prendrait mieux…”
    Nous avons besoin, nous, catalogueurs, que vous tous (chefs, geeks, etc.), vous vous intéressiez à ce que nous faisons. Seuls, nous n’avons que des possibilités trop limitées pour améliorer les choses et nous n’avons pas d’autre choix que celui d’entretenir les pratiques. Pourquoi si Rameau et LCSH en SKOS sont déjà reliés, on s’embête encore, hein, pourquoi ?!

    En fait, je n’aurais pas dû appeler mon billet “Le catalogage est mort ! Vive la catalogage !” mais “Il reste encore des catalogueurs, ne les oublions pas !” 😉

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