Oui mais non

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Acte 1 : nous décidons de refaire le site web de la Bu, qui commence à vieillir. La nouvelle mouture tournera sur des outils et un CMS libre ;

Acte 2 : rédaction d’un CCTP pris, repris, écrit, terminé, avec toujours une idée à l’esprit : être au plus proche de ce que nous voulons avoir au final tout en prenant garde à ce que tout ce que nous demandons dans ce cahier des charges soit réalisable sans engager des mois de développements (en somme, rêver de manière réaliste) ;

Acte 3 : lancement de l’Appel d’Offres et attente des réponses. Nous pensons à ce moment-là que les acteurs du marché du libre en bibliothèque vont être nombreux à répondre parce qu’il nous semble que :

  • ce marché est un marché “facile”, au sens où nous savons exactement où nous voulons aller et comment l’outil doit s’insérer dans notre démarche globale ;
  • ce que nous demandons est relativement simple à faire ;
  • nous pouvons être une “vitrine” efficace pour une entreprise qui souhaiterait  développer puis décliner ensuite une solution “Site web de bib clefs en main” ;

Epilogue : à la date limite de l’AO, malgré une petite dizaine de dossiers chargés, une seule entreprise a finalement répondu. Une seule. Nous sommes actuellement en train de dépouiller sa réponse.

Deux questions depuis me travaillent :

  • Notre CCTP était-il incompréhensible ?  (mais personne ne m’a laissé entendre cela, parmi les professionnels qui ont jeté un oeil dessus) ;
  • Les acteurs de ce marché émergeant du libre en bibliothèque sont-ils en mesure d’être des partenaires crédibles ? (maintenant, je doute alors que j’ai toujours cru dans le libre)

Voilà. Des doutes, des doutes.

49 thoughts on “Oui mais non

  1. (disclaimer : j’ai lu le cctp à l’époque où j’étais prestataire, mais je n’ai aucune idée si mon ancienne société a répondu ou non).
    Franchement, je ne vois pas comment l’abs. de réponse à ton CCTP peut t’amener à la seconde question sur la crédibilité des acteurs de ce marché? Si tu peux élaborer le raisonnement…

  2. Ben c’est assez simple : si je n’ai pas de réponses sur un marché simple, je me demande s’il y en aura le jour où je ferai un marché plus complexe ; si personne ne s’engage sur un truc facile, quid des trucs plus lourds ?
    L’absence de réponse, pour moi, ça fait tout, sauf pro et crédible. Voilà.

  3. une autre piste peut être : c’est une demande un peu trop marginale (comprendre entre deux secteurs) pour que les différentes prestataires se positionnent :
    – pour les SSLL la composante bibliothèque bien que marginale fait qu’ils ne vont pas se lancer pour ne pas avoir à développer une compétence pour un “petit” marché; Ils préfèrent faire du site vitrine ou du très standard.
    – du côté des prestataires libres en bib (pas très nombreux quand même) les sites web ne sont pas leur spécialité, ils doivent se dire que des SSLL seront plus concurrentielles

    d’où le résultat qu’on trouve ici.

    Et au final c’est dommage quand même, le cahier des charges ne m’avait en effet pas l’air insurmontable …

    1. Ouep, comme tu dis, rien d’insurmontable.
      Mais si demander un site web pour une bib en France, c’est une demande marginale, on est mal 😉

      1. Marginal en terme de volumes de marché pour ces deux types d’acteurs : “SSLL” & “SSLL Bib”.

        Mais ça va le faire, et puis vous aurez la main pour bidouiller quand vous aurez développé la compétence en interne, et ça c’est quand même un gros plus du LL !

          1. ok, donc la réponse des boîtes qui proposent du libre sur un AO, ça va être “internalisez” ? Hum… bizarre, commercialement parlant, non ?

          2. Ah non, ça c’est pas pareil, c’est ma réponse de collègue, pas de prestataire 😀
            Nicomo le conservateur skizo

      2. C’est tout à fait marginal en terme de chiffre d’affaire, c’est clair : les bibs n’investissent pas dans le web. Point.
        Et il y a d’autres hypothèses encore (complémentaires plus que concurrentes à celles de symac) :
        * les prestataires libres, en très forte croissance, ne peuvent répondre à toutes les demandes. La rançon du succès : des appels d’offres qui les intéressent restent sur le carreaux parce qu’ils sont déjà en train d’en faire à la limite de leurs capacités
        * tous les bibliothécaires lancent leur petit AO tranquillement avant de partir en vacances d’été… période où c’est du coup l’emboutaillage pour les prestataires qui doivent répondre à tout ça tout en accordant quelques congés à leurs salariés…
        * t’es-tu assuré avant de sortir ton appel d’offre que tu aurais bien des réponses, que tu le sortais dans un calendrier crédible pour les éventuels prestataires, avec un budget suffisant pour rendre le projet intéressant (financièrement)? En gros, as-tu eu un dialogue approffondi avec les prestataires potentiels avant de passer dans une phase d’appel d’offre (note préemptive : fais pas chier avec “les marchés publics, j’ai pas le droit” : c’est de la coui*** en barre)

        1. Je sais que c’est de la coui** – mais ça ne règle pas mon problème : je dois donc me caler sur les possibilités de mes prestataires éventuels pour faire mon AO ? M…. le mieux, c’est encore que les prestataires m’indiquent quand ils seront ok (à tous les points de vue) pour bosser avec moi et entrer sur le marché… (on marche sur la tête, là, non ?)

          1. Non, on ne marche pas sur la tête. C’est pas toi qui demande et le prestataire qui répond. C’est un rapport de partenariat : tu te cales sur les possibilités de tes partenaires, bien sur, car ils ne peuvent te proposer que ce qu’ils peuvent te proposer, vois-tu. Si tu fais un AO qui ne correspond pas aux possibilités de tes prestataires, tu auras une belle demande, mais peu de réponses. Ca me semble assez logique.

  4. Je suis quand même un peu étonné des commentaires type “y’a pas de marché suffisant pour que les boîtes s’y investissent” ou “faut le faire soi-même”…

    Comme je le disais sur twitter, quand je vais faire réparer ma voiture, mon garagiste ne me dit pas “j’ai pas le temps” (ou alors il ne me le dit qu’une fois et salut) ; et encore moins “je gagnerai pas de fric là-dessus, vous devriez réparer votre caisse vous-même”.

    Par ailleurs, s’il n’existe pas de prestataires capables de faire un CMS avec des outils libres, je me demande où on va (l’AO était conçu pour ne pas être bloquant pour une société non-spécialisée bib).

    Tout ça me sidère. Ca me fait penser à certains restaurateurs que tu as l’impression d’emm… quand tu manges chez eux.

    Eh oh, on proposait un marché et du taf + de la pub gratuite. En plus, une fois le CMS monté, il pouvait être revendu presque tel que à d’autres bibs (et facturé comme il faut). Apparemment, ça n’intéresse pas grand monde. Dont acte.

    1. Je retiens cette phrase “En plus, une fois le CMS monté, il pouvait être revendu presque tel que à d’autres bibs”.

      Pourquoi, ne pas avoir fait une AO groupée avec plusieurs bibliothèques (comme cela s’est déjà fait avec des SIGB) avec pour demande la réalisation d’une distribution “orientée bibliothèque” réalisée à partir d’un CMS open source (exemples de distri sous Drupal : OpenScholars, OpenAtrium, OpenPublish), le tout associé à des tranches optionnelles pour la personnalisation des interfaces par établissement.

      Sans évoquer les longues discussions entre bibliothèques partenaires pour s’entendre sur un cahier des charges fonctionnel, cela aurait pu être intéressant, non ?
      D’autre part, le budget alloué aurait été plus important, donc peut-être plus intéressant pour les prestataires… En outre, nous aurions également un véritable projet vitrine pour le prestataire.

      1. “Sans évoquer les longues discussions entre bibliothèques partenaires pour s’entendre sur un cahier des charges fonctionnel”

        Ben justement, c’est le problème…

        1. J’en étais sûr ! 😉 Tout dépend avec qui tu travailles, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier, c’est dommage…

          Ou alors, il faut faire un AO (et pas “une AO” déformation professionnelle) pour sélectionner ses partenaires :-p

          En tout cas, j’imagine que je ne suis pas le seul intéressé par un projet de ce type 😉 #drupal4lib

          1. Et contrairement à d’autres projets qui partent de rien, tu t’appuies, ici, sur une base solide (le CMS opensource). De mon point de vue, ça me semble faisable mais faut voir…

  5. L’analogie du restaurant n’est pas mauvaise. Il t’es déjà arrivé d’avoir des restaurateurs qu’on semble emmerder, certes. Moi aussi. Mais plus simplement il t’es sans doute arrivé aussi d’aller dans un restaurant, de trouver une queue de 20 mètres sur le trottoir et un serveur qui te dit que tout est réservé. Désolé.

    Mais encore une fois, je ne fais qu’émettre des hypothèses, je n’ai aucune idée, bien sûr, de ce qu’on pensé les prestataires et de ce qui se passe dans ton dossier particulier.

  6. Pour sûr que ça n’intéresse pas grand monde. Les grosses boites type Archimed ne sont pas intéressées par le libre (“Je m’en moque d’être sur Linux, ça me fera rater 3 appels d’offre, et après”. Copyright Eric Délot). Pour les petites boites qui seront sur du libre, elles seront nécessairement confrontées à des clients qui refuseront du libre. Donc pas pas simple que ça à refourguer.
    Il fallait soit ne pas indiquer la préférence pour le libre, ou alors le faire soi-même. D’où l’idée de l’embauche d’une personne capable de vous faire ça.
    Le plus difficile dans un projet web, c’est l’appropriation du système par le client. Passer par un prestataire diminue toujours cette appropriation, ou au mieux allonge le temps d’appropriation. En gros, c’est reculer pour mieux sauter. Donc à 300% ok avec Nicomo et Symac, Do it Yourself, et pas la peine de dépendre de qui que ce soit pour changer ton bouton bleu en bouton rouge le jour où ça te chante.
    Après, faire un “AO était conçu pour ne pas être bloquant pour une société non-spécialisée bib)” me fait sursauter. C’est déjà pas simple de causer avec des boites spécialisées. Alors quelqu’un qui n’y connait rien, bonjour le choc des cultures et le dialogue de sourds !
    Bon, ceci dit, sans savoir ce qu’il y avait précisément dans votre CCTP, difficile d’aller plus loin

    1. Archimed m’a bien fait rigoler sur ce coup-là. Mais passons.

      Sur “AO était conçu pour ne pas être bloquant pour une société non-spécialisée bib”, ça veut dire : nous avons bien séparé CMS et partie catalogue pour avancer au moins sur la partie CMS – nous semblait que des boîtes prêts à faire un CMS avec des outils libres, c’était facile à trouver.

      Rendre la partie catalogue incontournable, (i.e. ajouter la contrainte “on veut un catalogue qui tourne avec genre vufind ou sopac” nous semblait risqué – déjà qu’une seule réponse est arrivée sur le CMS, tu imagines sur le catalogue… CQFD)

      Update : je mets le CCTP en ligne dès que possible

  7. ça me rappelle l’histoire de l’appel d’offre de la BM de Lyon pour la numérisation de leur fonds. Eux aussi n’avaient eu qu’une seule réponse. Je ne voie vraiment pas de quoi tu te plains 😉

    1. Faut quand même reconnaître que l’AO de Lyon sélectionnait sévèrement les fournisseurs : numérisation gratos de 450 à 500 000 volumes, haute qualité, délais garantis…

      C’était plus un appel au mécénat.

  8. Salut les geeks… le point de vue du directeur :

    1) Nous décrochons mi 2009 un budget qui nous permet grosso modo de payer un type en interne pour un an et demi. Mais comme nous sommes pressés,

    2) On choisit de partir sur une solution externalisée en libre pour éviter que @dbourrion y passe ses jours et ses nuits, mais qu’il capte quand même le machin pour faire tourner ensuite. (Ben oui, contrairement aux apparences ou à d’autres établissements, la bua n’a pas un staff de 3 ou 4 personnes à mettre sur le bousin)

    3) Comme on n’est pas complétement débiles et butés, nous sommes prêts à mettre jusqu’à deux fois le budget de départ pour avoir au moins en tranche ferme le CMS à défaut d’avoir aussi l’opac éclaté dans le machin pour début 2011.

    4) On décide d’y aller seul parce que franchement, faut arrêter de nous la raconter sur la coopération documentaire, là ça ne me fait plus rire. Quand il faut une bulle papale pour que les établissements mettent un malheureux widget ubib sur leur front page ou bien attendre 6 mois un retour de convention perdue dans les méandres administratifs… et je parle pas de allers retours pour les ; – : .

    5) Et puis pour être franc, la chaîne de production éditoriale de la BUA a peu de similitude avec d’autres BU. En résumé, un cms ok, mais pour gérer quel contenus chez les autres ? Je me vois déjà expliquer à mes collègues directeurs que ce serait bien qu’ils produisent, agrègent et valorisent des contenus. Et pitié, ne me sortez pas les projets d’herbiers, de planches mycologiques, de livres anciens numérisés et autres bibliothèques numériques où 40 bouquins se battent en duel

    6) On veut juste un cms qui gère, ergonomise et balance dans n’importe quel tuyau notre production quotidienne et la valorisation en ligne de nos services et ressources : recommandations, animations, expositions, fonds spécialisés, vidéos…

    Je pense sincèrement que ce genre de marché n’intéresse pas les prestataires. Trop petit. et en plus, difficile à refourguer tel quel puisque tout le monde veut le refaire… le monde. La suite ? On ouvre la réponse et on voit.

    1. C’est bien dommage qu’Angers ne veuille pas faire un repas de groupe au restau, parce qu’à Toulouse III, ç’aurait pu nous intéresser. Nous, promis, on ne sera pas pénibles, pas exigeant sur la qualité des mets (on bouffera au Mac Do s’il le faut)… vu qu’on part de pas grand chose pour ne pas dire quasiment rien.

      1. D’ailleurs, ça prouve qu’il n’y a pas de geeks à Angers : les geeks mangent des nouilles devant leur écran et là, c’est quand même mieux que des nouilles à même le clavier.

  9. Avec du retard : ça n’interressera sans doute personne mais 1. je suis plutôt de l’avis du directeur. 2 à la bib de Centrale Lyon, après un faux départ, on a finalement un projet de site de bib assez ambitieux (à notre échelle – rien de comparable au déferlement de contenu de la BUA 😉 – et jsicot a trempé dans cette sombre affaire fut un temps) autour de Drupal. Mais adossé à une refonte en parallèle du “site” de l’école

      1. Non, qu’il a monté un premier AO mal ficelé qui a foiré (infructeux) puis un second qui a réussi, remporté par une SSII (CleverEdge) en partenariat avec BibLibre pour la partie Bibliothèque.

      2. Précisions (entre temps, mon bus a brûlé, désolé)
        On a monté un premier AO “fourre tout” (dixit la chef) autour d’un projet de ged + site institutionnel + site bib + site web, puis, suite à réponses décevantes, relancé un AO uniquement sur site institutionnel + site bib, avec mention de techno opensources et Drupal explicitement
        Actuellement le projet site bib est le plus avancé.

  10. @nicomo : précisons tout de même 1. je ne suis pas à l’origine du document mais j’y ai participé, c’est vrai, comme d’autres membres de l’équipe. 2. la phase de concertation avec les répondants potentiels a été enrichissante et biblibre, avec d’autres, y avait participé (mais pas moi).
    Enfin, si nous disposons d’un chef de projet et depuis peu d’un graphiste-developpeur web rattaché au Centre de ressources informatiques, c’est en effet une SSII qui a remporté le marché et qui assurera le principal du boulot (en partenariat avec BibLibre, donc).

    1. @amarois. Ah la la ce que les bibliothécaires sont susceptibles c’est une catastrophe. L’AO numéro 1 était mal ficelé pour tout un tas de bonnes raisons, politiques pour l’essentiel et qui n’avaient pas grand chose à voir avec le travail fourni par les bibliothécaires. Et ce n’est pas, en effet, parce que l’AO est infructueux que le travail aura été entièrement inutile : ce genre d'”accident” permet souvent de bien avancer.

      1. Ben nous on était déjà à l’étape 2 avec notre cctp : bien ficelé, cohérent, réaliste et faisable… c’est là que ça cloche 😉 D’accord avec nicomo, un bon cctp n’est jamais perdu. Moralité : si tu ne comprends pas pourquoi les autres ne te comprennent pas essayent au moins de comprendre pourquoi tu es le seul à te comprendre !

      2. @nicomo : ha, zut, ma passion immodérée pour la citation et le “rendons à César…” m’a joué des tours.
        Ce n’était pas de la susceptibilité mal placée (“mal ficelé” est le terme que j’aurais aussi employé; la chef a dit “fourre tout” d’ailleurs) juste la nécessité de dire que nous avions été plusieurs a bosser sur le projet – on s’en doutait -, et donc que je n’avais pas “monté” l’AO, et que je ne suis sans doute pas le plus légitime pour en parler (oui, mais voilà, je crois être le seul de mon équipe à commenter des postes de biblioblogs; pas de chance…).
        Et je précise que je ne suis pas bibliothécaire (<= susceptibilité mal placée) 😉

        J'ai l'intuition que les projets de sites de bib (hors opac) sont très exigeants, dans le genre exigeant, par rapport à la moyenne des sites web orientés services. Des personnes "de l'autre côté de la barrière" pourraient-elles confirmer ou infirmer ?

  11. @jean-charles ; Je dirais même plus ?????
    Tu penses que je règle mes comptes avec @dbourrion ? Impossible, je suis co-auteur du CCTP 😉 Franchement, il était clair comme de l’eau de roche

  12. Moi j’aimerais bien lire le CCTP clair comme l’eau de roche, ça m’intéresse très beaucoup.

    1. Je ne sais pas s’il est clair comme de l’eau de roche (je finis par douter à force), mais je le dépose en ligne dès que possible, juré craché.

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