Si j’avais su…

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

“L’expérience ressemble aux cure dents, personne ne veut s’en servir après vous”. Google prétend que c’est du Dorgelès, Le château des brouillards, 1932. Il n’empêche que si j’avais su 2 ou 3 choses avant de me mêler de mener à bien l’intégration physique de bibliothèques associées, j’aurais gagné temps et argent. Voilà donc quelques cure dents, pour ceux qui pourraient en avoir usage :

  • Abonnements : vous croyez – bêtement – qu’il y a un marché périodiques dans votre institution, et qu’il vous suffira soit de supprimer les abonnements auprès du groupeur, soit de les reprendre. Et là, en mars, vous découvrez tout un tas de titres pris hors marché auprès des éditeurs, avec des contrats de tacites reconduction résiliables par lettre recommandée avec AR 3 mois avant la fin de l’année civile. Vous financez donc une année de plus les doublons que l’intégration physique était censée supprimer. Méfiez-vous donc des Journaux officiels, des Lamy, de l’OFUP, des publications associatives (liste non limitative).
  • Bibliothèques associées des bibliothèques associées : vous pensez – bêtement – que les centres de documentation gèrent la documentation. Vous traitez les collections, reprenez les abonnements, et découvrez que vous êtes désormais censé servir aussi 2 bibliothèques de composantes dans d’autres villes, quelques tiroirs dans les bureaux d’enseignants-chercheurs, qui ne comprennent pas être si mal servis.
  • Abonnements en ligne à mot de passe : vous imaginez – bêtement – que dans une institution honnête, personne ne fait plus ça. Et découvrez que vous être désormais incapable juridiquement de faire partager à une communauté de 800 personnes les fascinantes archives du Moniteur des travaux publics, des Cahiers Espaces, ou de la Gazette des communes. Là je n’ai pas le cure-dent, mais si vous en avez un, je vous l’emprunte bien volontiers.
  • Des mémoires d’étudiants : vous supposiez – bêtement – que les 300 ml de mémoires qui ornaient votre magasin représentaient une belle part des travaux d’étudiants soutenus dans votre université. Vous allez découvrir que vous avez 2 ans de boulot à traiter les 60 ml dont vous venez d’hériter, à identifier les filières de production qui menacent en 2 ans de vous saturer votre marge d’extension et à monter un dépôt institutionnel pour arrêter les frais.

Morale de toute cette histoire, intégrer des bibliothèques de composantes, c’est s’exposer à une belle illustration de la loi de Pareto : 80% du boulot, 20% du temps, 20%  du boulot, 80% du temps. Le meilleur cure dent pour la fin : quand l’intégration est finie, le vrai travail commence. C’est plus facile quand on s’y attend.

Crédits photo : Hector par Zarathoustra, via Flickr CC.

 

26 thoughts on “Si j’avais su…

  1. Bon sang mais c’est bien sûr.
    Mode Watson on.

    Bon maintenant, sérieux : vous faites quoi avec les accès périos professionnels et franchouillards sur mot de passe ?

  2. @NaCl
    On y réfléchit. On cherche des solutions, via proxy Université ?, ou lien sur portail avec mdp affiché ?? Négociations serrées (et en première ligne, car l’agence d’abonnement ne veut/peut pas…) avec éditeurs ?

  3. Un tableau des identifiants et mots de passe dans AtoZ avec accès à ce tableau protégé par une identification LDAP. Évidemment on reste assez impuissants face aux cas pourris du type ” Chaque année, grâce à ces codes vous disposez de 53 crédits, l’accès à un article coûte 2,76 crédits, l’accès à un tableau 3.95 crédits etc…)” Je ne citerai pas de nom mais c’est en droit évidemment…

  4. @Sphinx : Oui, à Jussieu c’est ce que nous avions fait.
    Quand on trouve un titre avec mot de passe, l’URL fournie n’est pas celle de la revue, mais celle de la page (accessible uniquement sur authentification) contenant le login/mpd
    (exemple)

  5. C’est quand même grosse bidouille pas claire, ces histoires de mdp sur une page accessible “seulement” aux usagers LDAP – qu’est-ce qui les empêche de filer le mdp à tous leurs potes ?

    Bon, dans le même temps, si les éditeurs ne comprennent pas que le plan login/mdp, pour une université, c’est juste ingérable…

    Pour info, on peut aussi utiliser une zone de note dans SFX, qui apparaît dans l’AZ pour chaque revue. Nous allons certainement faire comme cela, à défaut d’une solution sérieuse (Messieurs les éditeurs, entendez, via IP).

    Reste ensuite à expliquer aux usagers que le login/MDP est planqué là…

  6. @dbourrion c’est vrai que c’est pas clair mais qu’est ce qui les empêche de filer leurs identifiants LDAP à leurs potes (plusieurs m’ont déjà dit l’avoir fait)?
    C’est vrai qu’on peut retrouver des listes d’identifiants/mdp siphonnés et accessibles sur des sites persos à l’étranger (je m’en suis rendu compte en me googelisant et comme c’était mon mail qui servait d’identifiant…) Cela dit les éditeurs qui conservent ce merveilleux système en profitent généralement pour changer leur mdp chaque année, non?

  7. S’ils en ont besoin, ce sera facile à expliquer (notamment pour les trucs hyperspécialisés en français pour diplômes spécialisés, genre la Revue Espace).

    Je sens déjà le Nico_Asli et l’Anne-Marie ravis à l’idée de gérer les mots de passe qui changent, et surtout mes demandes grandissantes (parce qu’il y en a une tripotée, de titres français à mot de passe dans les fonds qu’on a intégrés – et les nôtres…)

    Va falloir me fixer une politique contraignante, si vous espérez avoir la paix !

  8. @sphinx : en filant tes identifians LDAP tu ouvres tes comptes perso… En filant les login/MDP d’un éditeur, tu ne livres pas ta vie perso à tes potes… 😉

    Enfin moi, ça ne me dérange pas outre mesure, c’est jusque que ce genre de bricolage n’est pas propre et ne s’explique que par l’amateurisme de certains éditeurs (francophones en général…) : j’ai adoré la dernière fois que l’un de leurs commerciaux m’a expliqué au tél. à quel point leur solution était sécurisée par login/MDP…

  9. Al-ll-leeez (yeux-de-suppliante-bouche-en-coeur), juste une vingtaine ?
    Je suis sûre que vous savez le faire !

    (ah mince, j’ai déjà grillé cette technique là pour Gesco)…

  10. Avec les accès professionnels et franchouillards… on ne fait rien ! Comme dit Daniel, c’est ingérable dans une institution comme la nôtre. Et d’ailleurs, ce n’est pas conçu pour une diffusion large puisque cela fonctionne sur le modèle de l’abonné particulier. Donc on zappe ! Bon allez, juste une concession pour les collègues vraiment accros : on met une mention dans AtoZ sur le fait de s’adresser aux bibliothécaires pour avoir l’accès. Cela fonctionne bien pour les revues très ciblées qui se trouvent dans des bibliothèques d’IUT ou de département où tout le monde connaît la bibliothécaire.

  11. Comment on traite les abonnements en ligne à login/mot de passe ? c’est simple : on ne les traite pas. Soit les éditeurs font les choses correctement pour les BU, soit ils restent dans leur coin, avec leurs contenus en ligne incommunicables par nous. Nous sommes des professionnels, pas des bricolos.

  12. @raphaele @marlened et là, dans une petite université, où notre public est composé à 80% de licence et master à vocation professionnalisante, vous proposez des revues de recherche qu’ils n’utiliseront [plus] jamais, et jamais les revues qu’ils demandent et dont ils auraient un usage et immédiat et futur.
    M’énerve que nous nous lavions les mains de ces non-accès en nous cachant derrière le dos des éditeurs franchouillards.

    Et en formation, c’est vraiment pénible, de ne pas avoir de réponse satisfaisante au “bon c’est bien beau ce dont vous nous parlez, mais les trucs qui nous sont utiles, on peut les avoir ?”. Et quand on a intégré dans une grosse BU des petites bibliothèque le “oui mais avant on pouvait” commence aussi à me sonner les oreilles…

  13. Ben oui mais non : je ne vois pas pourquoi nous irions gaspiller du temps et de l’argent (public) pour chercher des solutions d’accès aux contenus de ces éditeurs qui restent sur leurs positions étriquées, alors que la balle est dans leur camp. Et l’étudiant dans tout ça ? On l’oriente vers des contenus + accessibles, ou vers le format papier, et il ne s’en porte pas plus mal.

  14. @marlened voui. J’ai quand même un peu l’impression, là, que
    1) nous n’avons pas envie de nous pourrir la vie. Quand je vois que parallèlement on bulletine numéro par numéro des milliers de fascicules chaque année, posons de dizaines de milliers d’étiquettes, antivole, filmolux, coups de tampons, je me dis que saisir et resaisir une centaine de mots de passe, on devrait savoir dégager du temps/homme pour faire ça dans nos équipes.
    2) notre loyauté va plus aux éditeurs qu’aux usagers, et ça, ça me met en rogne. S’ils ne sont pas fichus de mettre en place des solutions sécurisées, fiables, campus-proof, je ne vois pas pourquoi nous serions les gardiens du temple de leurs mots de passe, mince quoi.

  15. @NaCl : l’argument n°1 est imparable… Et comme nous venons d’en discuter in RL, ce type de tâche n’est pas d’une technicité folle (pas plus que d’utiliser un SIGB en backoffice toute la journée) et est donc réalisable dans un périmètre Bibnum élargi.

  16. +1 pour @marlened : que ça devienne un critère d’acquisition comme une autre. Un support électronique avec authentification login/mdp, ça n’est pas satisfaisant, donc on n’achète pas. On a arrêté d’acheter des disquettes quand le cederom est arrivé, on a arrêté d’acheter des cederoms quand les bases en ligne sont arrivées, maintenant on veut, pardon, on EXIGE des accès par IP, avec accès distant autorisé. Sinon, on passe son chemin

  17. @NaCl : “1) nous n’avons pas envie de nous pourrir la vie” : Absolument. On a déjà fait le choix de supprimer toutes les ressources à mises à jour papier aussi pour dégager du temps/homme pour faire autre chose, on ne va pas recommencer avec de l’électronique.
    “2) notre loyauté va plus aux éditeurs qu’aux usagers” : pas question de loyauté là dedans, juste de la prudence : 9 fois sur 10 les CGV nous interdisent de faire circuler les identifiants sous peine de poursuites, je ne vois pas pourquoi on irait s’exposer à ça. Surtout qu’on sait très bien que les identifiants des abonnements des labos (pris en dehors du SCD, donc) circulent très bien tous seuls… 😉

  18. @marlened comme d’hab, le bon service, la vraie vie est hors des services rendus par la BU : ça me navre.

    @davidolib vous avez raison, le boycott fait avancer les choses – pour les gens dont le chiffre d’affaire dépend des BU (niveau recherche). Pour les outils orientés pro, leur chiffre d’affaire, c’est les pro individuels, pas nous : donc, risque de piratage plus dissuasif que boycott. Et pour les universités non Plan campus, dont le centre de gravité n’est pas la recherche, ce n’est pas une part négligeable de notre offre.

  19. Comme je le disais (et pour répondre à “Oui, mais avant on pouvait”), rien n’empêche les bibliothécaires des petites unités de continuer à promouvoir ces accès en fournissant les mdp ou en connectant les usagers. Mais pas question d’une gestion centralisée de ces mdp à destination de toute la communauté.
    Et ce n’est pas une question de rendre ou pas service à l’usager, c’est une question d’offre. Pour moi, l’offre n’existe pas en version électronique, c’est tout.

  20. @nacl2 : ce qui me navre, c’est notre agence d’abonnement qui se fout de nous en pensant s’exonérer de son obligation contractuelle d'”informer les acheteurs, ou le coordinateur, des modalités d’accès aux informations proposées en ligne par les éditeurs, en complément d’une publication papier. Il doit, le cas échéant, négocier avec l’éditeur ces modalités d’accès pour l’ensemble des usagers de l’Université.” en nous envoyant un courriel avec un pdf pourri expliquant comment nous servir de leur logiciel qui ne propose en fait rien de plus qu’un pense-bête des démarches qu’on doit faire tous seuls (mon agenda papier fait ça mieux, je n’ai pas besoin d’ID/MdP pour le consulter).

    Alors, en bon fonctionnaire soucieux de mon efficience, je calcule le temps que je vais perdre à faire le boulot de l’entreprise privée que nous payons grassement pour servir d’intermédiaire avec les éditeurs au détriment de tout le boulot que je dois déjà accomplir pour hier et que “SwEbsco” ne fera jamais.

  21. @raphaele : c’était le thème initial de mon billet. Quand on intègre physiquement des petites unités – comme nous l’avons fait- nous avons beau être plus ouverts, mieux rangés, plus formateurs, pour une partie des lecteurs “c’était mieux avant”.

    Les périos pas en ligne pour nous qui étaient en ligne “avant” participent de cette minoration du service rendu et de la mise en cause des “grosses BU” contre le “small is beautiful”.

    ça n’empêche aucun des évidents bénéfices en terme d’économie d’échelle (notamment pour les entités qui nous ont délégué le barda) : faut juste s’attendre, même quand la BU est objectivement mieux sur bien des points après une intégration, à ne pas satisfaire pleinement tout le monde. Quand on a beaucoup bossé, on “les” trouve ingrats -voire comme moi qu'”ils” ont raison de râler- mais on fait avec (et eux sans) !

  22. Juste un petit post sur les accès aux archives d’un périodique par mot de passe : Nous avons mis en place une liste en banque de prêt. Le lecteur voit dans le listing que des archives sont disponibles par ce biais. Il demande donc au bibliothécaire ou au magasinier en service public les mots de passe. Nous ne les donnons pas mais les inscrivons nous-même sur les postes pour les étudiants.
    Naturellement on ne fait pas non plus trop de pub pour ce système.

  23. @Gisyl : gloups…..
    1. Ca doit générer un sacré trafic physique (déplacement de la BdP aux machines), non ?

    2. Et vous faites comment pour les accès distants ? La personne en BDP se déplace 24/24 et 7/7 à domicile chez l’étudiant ? (si oui, je postule demain chez vous, parce que j’imagine qu’il y a un scooter de service ? 😉 )

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *