Les dealers

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Découverte récente sur le site de l’Atelier National de Reproduction des  Thèses : il y est possible de commander contre monnaie sonnante et trébuchante (et ce n’est pas peu dire puisque j’ai trouvé des thèses vendues 60 euros, soit le prix d’un volume de la Pléiade) la reproduction de certaines thèses (plus d’explications dans la rubrique “produits dérivés…)

J’avais déjà bien du mal à comprendre pourquoi l’on s’amusait encore à faire des micro-fiches des thèses, mais alors là, j’en suis tombé de ma chaise. Alors même que tout un mouvement essaie de rendre les produits de la recherche gratuitement et librement accessibles (Open Access, etc), voilà qu’une structure nationale VEND des thèses.

Si vous avez une explication, je suis preneur quoi qu’en colère.

PS : je suis curieux d’en savoir plus – j’ai contacté l’ANRThèses pour avoir des détails. Rien, à part un appel téléphonique arrivé au mauvais moment (j’étais en plein RDV, j’ai demandé que l’on me maile des infos que j’attends encore) ;

PS2 : et qu’on m’évite le plan “le coût est celui de la reproduction” : les thèses ont déjà été microfichées, la reproduction est sans doute un tirage papier de ces microfiches… ça fait cher de la photocopie. Et si le coût est celui d’un numérisation rétrospective, alors il faut m’expliquer comment font les Bu qui numérisent leurs thèses et les diffusent gratuitement ;

PS3 : enfin, reste la question des droits d’auteur… Si les docteurs ont signé un contrat d’édition, je trouve honteux de les pousser vers ce type de logique commerciale (et illusoire – franchement, les droits d’auteur sur une thèse…) au moment où ils commencent (éventuellement) une carrière de chercheur et/ou d’enseignant ;

PS4 : même si des officines privées explorent déjà le marché, ce n’est pas à une structure nationale de faire ce genre de choses.

15 thoughts on “Les dealers

  1. A mon avis ils ont oublié de mettre à jour les pages web ;-))) de toute façon qui irait s’amuser à acheter une thèse chez eux…

    Léo

  2. @Léo : certes, mais c’est toute la démarche qui m’insupporte et est totalement incohérente avec tout le mouvement des AO.

  3. Dans l’absolu, il n’y a pas de contradiction entre une libre diffusion des thèses sur le Web et un service d’impression à la demande. Dans l’absolu… Sauf si l’imprimeur-à-la-demande s’abstient de diffuser la thèse en ligne pour favoriser son débouché papier payant…

  4. @Yann : la contradiction pour moi est dans les politiques nationales, qui d’une part, donc, acceptent du deal de thèses ; et d’autre part, prétendent avoir une politique de mise en avant des AO. C’est ça qui me pose problème – en plus de la logique droits d’auteur etc. qu’il y a derrière.

  5. @jean-charles : Je ne sais pas. J’avais demandé plus de précisions (conditions, contrat signé avec les auteurs, etc.) à la personne que j’ai eu au tél, rien n’est arrivé.

  6. @ALO59 : je n’ai pas bien compris votre commentaire.
    Est-ce que vous voulez dire que je n’ai pas le droit d’avoir un avis sur la question parce que je n’ai pas soutenu de thèse ? Si c’est ça, c’est une position intéressante… Pouvez-vous développer, SVP ?

  7. Je ne trouve en aucun cas que c’est un avis dont vous faites part mais plutôt des attaques.
    Si vous aviez soutenu peut être que vous n’auriez pas trouvé que leur activité si méprisable…

  8. @ALO59 : toute explication de l’ANRThèse sera la bienvenue, sur :

    – le paradoxe (peut-être apparent) que je souligne : pourquoi est-ce que l’on commercialise des thèses lorsque, par ailleurs, les SCD travaillent à diffuser ces thèses en AO ? ;

    – les conditions faites aux docteurs (droits d’auteur, contrat d’édition, etc) dont les thèses sont diffusées commercialement ?

    – les raisons qui justifient ces coûts très élevés.

    Une précision : je n’ai aucun mépris pour aucune activité, je trouve juste scandaleux qu’une activité commerciale ait été montée sur la production scientifique des “jeunes” docteurs.

    Sur le fait qu’effectivement, je n’ai pas soutenu ma thèse, pouvez-vous m’expliquer en quoi, en tant que professionnel des bibliothèques, cela m’interdirait d’interpeller l’ANRThèse ? Seuls les Docteurs certifiés conformes sont-ils autorisés à poser des questions et/ou à réfléchir et/ou à débattre ?

  9. @ALO59

    Le problème pointé par dbourrion, c’est qu’une activité de recherche semble glisser, comme d’autres (suivez mon regard vers les éditeurs commerciaux électroniques…) vers une dimension commerciale qui semble tout bonnement incompréhensible dans le cas présent.

    Et je ne vois pas non plus ce qui nous interdit à nous, personnels des bibliothèque, d’avoir notre mot à dire en la matière… puisque (entre autres) la gestion en est effectivement assurée par des personnels de bibliothèque.

    Non ?

  10. Merci Daniel pour ces remarques,

    Depuis 8 ans que je suis dans le circuit de l’info-doc française, je trouve la gestion (j’entends la valorisation) des thèses universitaires totalement catastrophique.

    Nous avons contacté l’ANRT ici (ECL) car nous avons un projet de numérisation rétrospective de thèses, afin de savoir s’il avait commencé de leur côté à numériser leur microfilms, histoire de ne pas faire de doublons et de ne pas gaspiller l’argent public. La réponse a été évasive, visiblement un vague projet dans les tuyaux de leur côté mais rien de plus.
    Las, nous bossons donc en interne sur notre workflow de numérisation.

    Mais, je m’avance peut être, l’ANRT dispose des microfilm de “toutes” les thèses françaises, et ces microfilms sont beaucoup plus simple à numériser, donc beaucoup couteux (moins de manipulations, numériseurs de masse plus rapide, pas de massicottage ni de reliure à réaliser); on est par ailleurs objectivement certain que leur version des documents est bien celle qui fait référence.
    Je ne vois pas pourquoi cela n’est pas déjà réalisé ou en cours de réalisation.
    Nous, l’univ. de Metz, d’autres SCD et écoles avons des projets de numérisation de thèses, forcément lents et coûteux.
    Les seuls éléments expliquant un tel blocage (ou une telle inaction) ne peuvent être que financiers selon moi (on retombe sur le terme de dealers), ou tout simplement l’incompét…, ha, non, il ne faut pas dire ça, mince.
    Si un tel projet est en cours (je prends les devant, au cas où), pourquoi n’en entend on pas parler ? Où sont les infos ? La coordination ? Là aussi on tombe sur le second constat (l’incompét… ha, non, mince, il ne faut pas dire ça !) 😉

  11. Pour être à la fois bibliothécaire ET auteure d’une thèse soutenue, dûment félicitée et publiée, chez un éditeur qui me reverse des droits d’auteurs à la limite du ridicule et m’empêche par contrat de mettre ma thèse en ligne gratuitement, je me permets d’approuver totalement les propos de notre hôte !

  12. Bon, restons tout de même calmes et courtois 🙂

    Quoi qu’il en soit, le silence de l’ANRThèse devient… hum… assourdissant sur cette question. Si quelqu’un de chez eux passe par ici, les commentaires sont ouverts à tout argumentaire.

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