Planète Marseille

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

MàJ : l’université d’été / chuchotements sur twitter

MàJ : les notes de la Feuille pendant que je racontais mes petites âneries.

MàJ : l’enregistrement sonore

Le Cleo a eu l’idée bizarre de me convier à l’Université d’été se déroulant à Marseille du 07 au 11 septembre. J’y interviens juste maintenant.

Ma mission, que j’ai accepté (ça devient difficile, ce job, les allumettes me coûtent une fortune) : esquisser le tableau ce qu’est une Bu de nos jours, quels sont ses publics, ses missions, ses besoins.

Ma présentation est juste là dessous. La zone Commentaire de ce billet n’attend plus que vos avis, questions, remarques, critiques.

23 thoughts on “Planète Marseille

  1. @marlened: les digital natives sont en fait très très vite largués en techno dbourrion #uecleo

    Usage n’est pas forcément maîtrise…

    Effet d’hystérésis des expériences passées qui doivent s’oublier peu à peu, dans l’horizon de mémoire de la BU, pour offrir aux étudiants un usage immédiat et la construction d’expérience au service d’usages à venir ?

  2. J’aime l’idée du pont. J’y pensais hier soir à propos d’autres bibliothèques dans un autre contexte, et ça me réjouit de le lire ce matin…
    En 1991 ou 1992, j’ai inauguré une bibliothèque toute petite dans une espèce de bout du monde, un 14 juillet. Le même jour, un gros tas d’huiles diverses et variées inaugurait au même endroit un pont monumental. J’avais intitulé l’invitation pour la nouvelle bibliothèque : “La Bibliothèque… l’autre pont “.
    Je crois que je vais creuser le truc. Ne pas oublier qu’un pont se passe et se repasse. Et que c’est évidemment au milieu du pont que le monde s’invente.

  3. Je doute.
    Un lieu. Des contenus. Contenus achetés et maîtrisés par le lieu. Même dématérialisés. Et des services *autour* de ça, pour valoriser ça. La médiation. Finalement peut-être c’est bcp trop classique encore.
    Par exemple le choix des contenus du livrel est un choix arbitraire, autoritaire de la bibliothèque. Il ne découle pas d’une étude de besoins. C’est volontariste (+), ou paternaliste (-).
    Google c’est l’Autre. Ce n’est pas une réalité, ce n’est pas le monde tel qu’il est, c’est un autre possible par rapport à la bibliothèque. A voir.
    Peut-être une université n’a pas besoin d’une Bibliothèque. Le passage, à certains endroits, du terme de “library” à “learning center” n’est pas juste anecdotique. Pourquoi ne change-t-on pas purement et simplement les missions? Pourquoi la bibliothèque/learning center/Nouveau Machin n’aide-t-elle pas les étudiants à remplir leur feuille d’impôt? A faire le dossier d’APL de leur appartement? A faire la répét’ de leur groupe de rock? A organiser des colles préparatoires avant examen? Et pas juste dire: on ferait ça si on avait le temps une fois qu’on a fini de remplir les missions “classiques”. Mais s’interroger sincérement, en mettant à plat, sur les ressources à mettre dans les missions “classiques” par rapport aux missions “inventées”.
    Peut-être que la bibliothèque n’a aucune importance, n’est qu’une coquille administrative, mais que seuls comptent les gens qui travaillent à l’université et ce qu’ils décident de faire?
    On confond peut-être renouvellement de l’institution bibliothèque et renouvellement des missions.
    Peut-être la bibliothèque universitaire n’a-t-elle pas autant qu’on pense de rapport avec le livre ou le document? Mais plus avec le service.
    Peut-être le découpage institutionnel n’est plus adapté. Un “Service Universitaire aux Etudiants” et un “Service Universitaire aux Enseignants-Chercheurs” sont peut-être les unités de base, demain? Et la bibliothèque coupée en deux entre les deux?

  4. @nicomo : suis assez (voir beaucoup) d’accord avec toi – mais là, le saut est énorme et il est déjà tellement difficile de faire passer les quelques idées ici proposées… Je tiens quand même à ma petite vie….
    Essayons déjà de bouger le truc un tout petit peu, puis une fois le mouvement acquis, on pourra utiliser l’énergie pour bouger plus, non ?
    Pour le doute : on doute tous, et moi le premier. La “bonne” bibliothèque (si ça sert encore à quelque chose), c’est peut-être euh… non je donne pas de nom 😉

  5. ce qui me fait douter en fait, c’est de savoir si la politique du pas à pas à un sens.
    Sans faire mon Michel Foucault de bas étage, il y a des périodes de stabilités globale propices aux évolutions. Et des disjonctions qui nous font changer d’époque.
    Bref, des fois on progresse étape par étape. Mais des fois il se produit des révolutions. Et là, l’étape par étape n’a aucun sens: on saute le pas. Ou pas.

  6. @nicomo : Les missions de la bibliothèque universitaire sont quand même censées avoir un léger rapport avec les missions de l’université, non ? Soit, partant de la (re)production et de la transmission de savoir et savoir-faire : former des citoyens, donner un métier, apprendre à se réaliser (pratiques culturelles, sportives, associatives…). Partir de la demande des usagers et de ce que décident les gens d’y faire et ce dont ils ont besoin, c’est forcément retomber à un moment ou un autre sur ces fonctions ! Des nouvelles missions ? Pourquoi pas. Mais les exemples donnés sont un peu maigres et volontairement caricaturaux. Les nouvelles missions seraient alors la réponse pratique aux besoins des seuls usagers et non plus l’expression politique d’un intérêt général posé par et pour le corps social ? Il y a un côté nihilo-anti-morale dans ton point de vue qui me gêne car plaider pour une (r)évolution radicale revient à nier l’utilité de la bibliothèque dans sa forme actuelle. Rejeter tout en bloc ? Je préfère de loin l’interrogation de cette utilité et sa mutation partielle et progressive… les grands-petits pas.

  7. @nicomo

    Journée Formist de juin dernier.

    Une directrice de SCD vient fièrement présenter “ses” deux salles de formation: 9000 m² de BU… dont 87, 9 m² de salle de formation.

    Suit la présentation du learning center de Kingston par Graham Bulpitt. Fonctionne aux 3/4 sur fonds publics. Des frais d’inscription élevés, mais rien à voir avec ceux des universités américaines. Du personnel à 90% en CDI. Ouvert 24h/24. 8 à 10 millions de livres par an de budget, je ne sais plus. Et quoi ? Eh bien, “Le coeur de l’université ne se trouve plus dans ses amphithéâtres et ses salles de classe, mais dans son centre de ressource pour l’apprentissage.”
    Non plus fac + BU, non plus fac – BU, comme c’est trop souvent le cas, non plus la fac à côté d’une BU, mais fac = BU.

    Elle est peut-être là en effet, la révolution. Et oui Daniel, elle coûtera cher, et c’est pas avec des économies de bout d’encyclopédie universalis que, fondamentalement, les choses changeront.

  8. @MxSz : l’argument des Bu “on fait rien parce qu’on a pas de tunes” c’est insupportable parce que ça permet à tous les glandus de continuer à glander.

    Je ne suis absolument pas d’accord avec toi : la grosse grosse majorité des (r)évolutions dont je parle ici ne sont pas un problème de budget, mais un problème de volonté et d’énergie. Bien accueillir ses usagers, par exemple, ça coûte un sourire et de sortir de derrière son comptoir, ça ne coûte rien.

  9. @MxSz Tu sautes juste une petite étape : le contexte dans lequel tout cela se fait et les différences fondamentales entre le modèle d’enseignement supérieur anglo-saxon plutôt bottom-up et celui à la française top-down. La BU comme learning center et point central du dispositif pédagogique ok, mais je ne vois pas comment cela serait possible en France sans une (r)évolution pédagogique qui remette l’étudiant au coeur du dispositif, dans la construction-expérimentation des savoirs et pas seulement l’ingestion-digestion.
    Pour les thunes, d’accord à 200% avec Daniel. Dans le cas avancé, c’est bien un choix et non une contrainte financière qui délimité les 89m2 sur 9000 construits.

  10. En fait sur cette révolution (financière ou de pensée) qu’il faudrait attendre pour bouger… je me dis que plutôt que d’attendre un hypothétique grand soir des bibs, faisons déjà de “petites” révolutions locales – par percolation, ça fera une (r)évolution, une vraie.

  11. étonnant comme d’une discussion sur “la bu dans le monde de Google”, en gros, on en arrive en à peine 12 commentaires à : “faut un accueil de meilleure qualité”.
    Et je trouve qu’on se trompe sur le terme de révolution (je plaide coupable, c’est moi qui l’ai utilisé le premier). Je ne rejette pas tout en bloc, contrairement à ce que pense OT. C’est plus une question de point de vue sur l’activité (changement de paradigme, uh uh).
    Quant à “l’expression politique d’un intérêt général posé par et pour le corps social”, j’en reste sans voix. Ce serait vrai si l’université était une sorte de démocratie, où le corps social peut s’exprimer. Mais tous les participants à cette discussion savent bien que ce n’est pas le cas: la composition des conseils, la dynamique “politique” (je mets des guillements parce que dans la plupart des cas il n’y a pas grand chose de politique là-dedans) de l’université, l’absence des étudiants dans le cadre universitaire, etc… permettent très difficilement l’expression de besoins.
    Et les enquêtes, capables de faire ressortir des besoins, sont rares: c’est tout à l’honneur de la BUA d’en faire, d’ailleurs.
    Mais la “politique” mise en place à Angers, et partout ailleurs, n’est pas l’expression des besoins exprimés par le corps social. Elle est l’expression des idées de l’équipe des conservateurs. Point. Ce n’est pas un reproche du tout: étant donné la structuration de l’université, je ne vois pas bien comment il pourrait en aller autrement à ce stade.
    Mais connaissant cette réalité, le blabla sur “l’expression du corps social” soûle un peu: le corps social est dans le bureau du fond, non?

  12. oui c’est vrai, j’ai mêlé deux types d’argument: la BU comme centre d’apprentissage, ou plutôt comme le centre de l’apprentissage, et la question budgétaire.

  13. Si j’ai bien lu les commentaires de Nicomo, Daniel, il n’y est pas question d’attendre une révolution pour bouger. Il n’y est même pas question d’attendre du tout …

    Pour moi il ne s’agit pas d’un grand soir des bibs, mais peut-être juste de faire table rase pour mieux reconstruire. Oublier ce qu’est censée être une BU (le modèle canal historique, si difficile à faire évoluer et qui craque pourtant de partout) pour mieux la réinventer. C’est peut-être ce que vous faites déjà à Angers.

    Si les bibliothèques universitaires n’existaient pas, et qu’il me revienne de créer la première, que souhaiterais-je qu’elle soit ?

    Ce qui est insupportable dans les bib c’est la lenteur, les hésitations, les craintes qui font qu’on n’ose jamais rompre avec une certaine tradition, au prétexte qu’il faut prendre en compte l’historique, ou que telle pratique est nationale, ou qu’il ne faut pas aller trop vite pour ne pas bousculer les habitudes etc. Et alors ? Si telle pratique est mauvaise, qu’importe son historique et/ou son périmètre d’application ? On en change et c’est tout. Il faut oser innover et prendre le risque de faire des erreurs, les erreurs nous aideront à trouver le chemin.

  14. mince, je pensais être tranquille sur Face Ecran et vous êtes toujours là 😉

    Bon essayons de résumer :
    – le fonctionnement des Facs et des Bu fait que l’on oublie de consulter l’usager, en général : vrai. La première (r)évolution serait sans doute de lui demander ce qu’il veut, puis de le mettre en place.
    – les Bu devraient des centres d’apprentissages et aussi des centres de vie (je suis d’accord sur les deux points, mais encore faut-il s’assurer que les usagers veulent cela…)
    – il faut faire table rase pour tout réinventer et ce qui manque le plus, dans les Bu, c’est l’esprit d’innovation (mais on n’a dans les équipes qui l’on recrute, et le/s concours, globalement, ne vont que reproduire l’existant, non ?) ;

    tout ça nous donne des points de départs plutôt intéressants pour l’avenir, non ?

    Personnellement, je pense très clairement que si les Bu ne changent pas (de manière révolutionnaire ou évolutionnaire), elles crèveront. Et à dire vrai, ça ne m’empêche pas de dormir : c’est le propre de l’évolution, que de voir disparaître ce qui ne sert à rien et/ou n’a pas su s’adapter, dans un écosystème. Wait & see, même si on peut essayer de participer à l’évolution.

  15. @nicomo : je savais bien que “le corps social” t’énerverait. Le problème est surtout la collision d’une temporalité courte pour les étudiants et longue pour les acteurs permanents : enseignants-chercheurs/personnels. Tout existe en théorie dans les instances pour que les premiers se fassent entendre mais rien n’est fait pour leur donner le temps et donc le poids nécessaires. A peine arrivés, déjà repartis. Mais je parlais surtout du corps social au sens large, celui qui paye pour que les universités existent et “lui” redonne un retour sur investissement sous une forme plutôt qu’une autre. En ce sens, la destinée des BU dépend tout autant des volontés et des représentations extérieures qui fixent “l’horizon des possibles” que des volontarismes internes. Dans ce schéma, d’accord avec toi, les conservateurs sont ceux qui doivent faire changer ces représentations en montrant que d’autres voies sont possibles et souhaitables. C’est ainsi qu’on peut juger de l’action de nos respectables collègues : sont-ils plutôt en phase ou en rupture avec les représentations communes ? Cherchent-ils à conforter l’acquis ou a défricher de nouveaux champs d’expérimentation ? Ensuite, percolation ou révolution ? La question est plutôt liée au nombre d’acteurs convaincus/investis (difficile d’être seul sur la barricade…) et au niveau d’acceptabilité de chaque nouvelle idée.

  16. “Mon chat n’aime pas le mou, il n’a jamais mangé de mou.”
    Les “corps sociaux”, y compris les usagers à qui on demande leur avis, cf. excellents résultats Libqual ici où là en France, même sur les questions d’horaires, là où les horaires sont objectivement médiocres, se contentent souvent de ce qu’ils ont faute de points de référence et de savoir rêver mieux.

    L’exigence se nourrit d’exigence et la médiocrité de médiocrité. Tant que tant d’étudiants et d’enseignants ne connaîtront que leur Angers, Rennes, Toulouse, Lille, Paris ou Lyon natal, il manquera aux universités le ferment des idées venues d’ailleurs, de la comparaison qui fait avancer, de l’envie d’avoir de l’herbe plus verte comme à côté.

    A nous de nous saisir de l’Erasmus des profs et IATOS, aux universités de s’ouvrir à l’international, puis à nouveau à nous de mettre en oeuvre ce que nous aurons aimé ailleurs, par petits ou grands pas.

    L’évolution des esprits, sauf de quelques esprits vraiment forts, mais là je parle de la moyenne des gens de bonnes volonté, commence dans la confrontation avec l’autre et l’ailleurs. Bougeons, pas seulement dans des journées professionnelles auto-entretenues, où l’angevin de service est trop souvent sommé d’être le héraut de la r-évolution, mais sur sites, hors frontières, là où d’autres gens mettent en oeuvre d’autres représentations.

    A part Nicomo, qui avale pour vendre biblibre ses 20 000 km par an, combien avez-vous vu dans les 12 derniers mois d’autres bibliothèques que la vôtre, ou causé IRL ou virtuellement à des collègues d’universités étrangères ?

  17. Ah ah lol: rien de tel qu’un relance de dimanche matin pour passer de 12 à 18 commentaires.

    NaCl2 marque 1 point, je pense, avec la question des références. Plus, depuis 1 an, je suis en contact avec des bibliothèques en France, et surtout à l’étranger, mieux je me rends compte de notre isolement collectif.

    Et un consultant français, qui est dans le milieu des bibs depuis des années en France, que je ne citerai pas me disait off the record il y a quelques jours qu’il en venait à souhaiter qu’un mairie ou une université FERME sa bibliothèque: au moins, on pourrait alors espérer un électrochoc dans la profession.

  18. “- il faut faire table rase pour tout réinventer et ce qui manque le plus, dans les Bu, c’est l’esprit d’innovation (mais on n’a dans les équipes qui l’on recrute, et le/s concours, globalement, ne vont que reproduire l’existant, non ?) ”
    Daniel, tu parles des équipes, mais la question n’est-elle pas d’abord inverse, savoir qui recrute ? Si le chapeau est conservateur, au sens propre, les forces en présence en-dessous importent peu …

  19. @nicomo : bonne idée, fermons les bibliothèques pour mieux les réouvrir !

    @Stéphanie : le poisson commence toujours à pourrir par la tête…

  20. “les Bu devraient des centres d’apprentissages et aussi des centres de vie (je suis d’accord sur les deux points, mais encore faut-il s’assurer que les usagers veulent cela…)”

    Bon là encore, on revient sur la question des missions des BU, du rapport politique de l’offre/politique de la demande, etc. Sans remettre 100 balles dans la machine, je pense que le fait que les BU deviennent des lieux d’apprentissage intègre les missions fondamentales d’un établissement universitaire. S’ils ne veulent pas apprendre à l’université, ben faut changer de crèmerie

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