Chrono-machin

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Je vois passer de temps à autre des offres de prêts de fichiers numériques (livres) basées sur un modèle où les fichiers sont réellement prêtés à l’usager, ce qui se fait via des DRM et autres protections chrono-dégradables.

Cette option DRM+Chrono-machin n’a à mon avis aucun avenir pour une raison simple : un fichier protégé, ça se déplombe ; et un chrono-bidule, ça s’arrête. Une fois déplombé, l’usager (ou le bibliothécaire, oh mon Dieu….) fait ce qu’il veut dudit fichier (entendez, le diffuse comme il en a envie). Et à mon avis encore, on trouve déjà (ou alors ça viendra très vite, c’est une simple question de masse critique), des outils opensource sur le net qui permettront de déplomber TOUS les fichiers drmisés et chrono-protégés (souviens-toi du Vase de … euh non, de la protection “inviolable” des DVD et de DeCSS).

C’est pour cela que l’autre option (livres accessibles online, ce que nous avons déjà pour la doc. élec. “classique”) me semble nettement plus viable. Parce qu’il est plus compliqué de pirater ça. Techniquement, il est certes possible de “vider” le réservoir d’un fournisseur (tout gestionnaire de doc. élec. a déjà eu des soucis avec des bots pilotés depuis la Russie qui utilisent une machine dans le réseau Univ., sont donc reconnus via IP et pompent massivement les réservoirs – pour en faire quoi, je ne sais… l’intégralité des archives d’une revue scientifique n’intéresse pas M. Durand, citoyen lambda pour lequel j’ai par ailleurs le plus grand respect)

Pardon je m’égare (mais l’histoire russe est vraie) : donc techniquement on peut “déraper” dans le cadre d’une lecture online avec reconnaissance via IP, mais c’est plus technique, justement. Alors que déplomber un fichier DRM, c’est pas pour dire….

Bref : je pense donc que les fournisseurs qui proposent du DRMisés Chrono-machin ont tout faux. Ils creusent leur propre tombe. Et ce d’autant plus vite, je crois, si l’on croise ce qui précède avec l’évidente arrivée d’outils connectés 24/24 et donc parfaitement aptes à la lecture online.

Le DRM chrono-machin, c’est une réponse technique du passé, sur des modèles du passé, à des problématiques on ne peut plus actuelles. Enfin, tout ça n’engage que moi.

PS : ce billet est la resucée quai-intégrale d’un mail échangé avec quelques affreux autour de ces problématiques. Lesdits affreux voudront bien rester discrets sur ma fainéantise manifeste.

6 thoughts on “Chrono-machin

  1. Complètement d’accord ! tiens pour les bibliothécaires qui n’en sont pas convaincus et qui croient encore que le prêt numérique, bah c’est comme le prêt réel, mais sans la logistique, je vous recommande cette vidéo : http://www.bibliobsession.net/2009/05/20/les-contenus-a-lere-de-labondance-reponse-a-un-pourquoi/

    Et pour ceux qui se demandent comment faire pour adapter tout ça aux bibliothèques, quelques pistes ici : http://www.bibliobsession.net/2008/03/28/licence-globale-et-droit-de-pret-en-bibliotheque-meme-combat/

    (a fainéant fainéant et demi, je ne commente pas vraiment, je recommande juste des liens) 😉

    et bien le bonjour à M. Durand !

  2. Bonjour Daniel, je tirais les mêmes conclusions quand j’étais aux commandes de Luc Pire Électronique, département numérique des éditions Luc Pire en Belgique. Pour les éditeurs, il est moins coûteux également et plus rentable de produire des fichiers non protégés ou protégés par leur hébergement que des fichiers portables avec DRM, pour lesquels il n’existe aucune garantie sérieuse de sécurisation. Après deux années de développement, nous avons laissé tomber l’idée de sécuriser les fichiers et nous avons changé de modèle économique. Comme sur Internet en général, on ne fait rien payer à l’utilisateur final. C’est celui qui cherche à diffuser l’info (donc la revue, l’instituion qui publie, etc.) qui finance la production et l’hébergement. Et ça lui coûte dans le pire des cas 5x moins cher qu’une publication papier (ce modèle fonctionne à plein pour les actes de colloque, les revues scinetifiques et tous les autres supports dont le but ultime est d’avoir à la fois la diffusion la plus large possible et une image de qualité repérable – ce qui est alors le rôle et le travail de l’éditeur via la notoriété, le référencement et le balisage).
    Si les pirates volent, c’est peut-être parce que de bons textes revus pour l’orthographe, en français, pris en grande quantité, ont une valeur pour les sociétés qui travaillent sur des outils de correction orthographique (j’ai ainsi reçu un jour une offre des collègues de Bill Gates pour acheter le contenu de livres en français de Belgique, corrigés mais sans mise en page, avec un prix au million de mots !)

  3. Sony vient justement de lancer son premier reader capable de se connecter sur les sites des bibliothèques pour télécharger des livres chrono-machin. Apparemment leur service marketing n’a pas la même analyse que vous sur l’avenir de ce modèle. Les bibliothèques américaines non plus, à voir le nombre d’entre elles abonnées à Overdrive.

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