Le quart d'heure R&D

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Et voilà, j’ai ramassé tous ceux qui pensent que je vais parler de RnB… Désolé, vous avez mal lu : mon propos va porter sur la Recherche & Developpement en bibliothèques. Ou plutôt, sur son absence sa rareté.

Parce que sauf erreur de ma part (auquel cas, merci de me corriger et de vous signaler dans les commentaires, ça nous permettra de commencer un annuaire), ça n’existe pas vraiment en tant que tel, ce n’est pas en général reconnu comme une tâche à part entière ou comme une composante essentielle des fonctions présentes dans les bibliothèques (et ça montre une chose, je crois : que nos structures sont globalement tournées vers le passé et la tradition, pas vers l’avenir et l’innovation).

Du coup, est-ce qu’il n’est pas temps de monter de telles cellules ? Est-ce que l’on ne peut pas envisager que, dans les bibliothèques, certaines personnes des équipes voient apparaître, dans leur profil, noir sur blanc, cette mission de R&D ? L’on aurait alors des cellules chargées de veiller, tester, inventer, créer, innover (vous en voulez encore ?)… De préparer les virages, ou mieux, de les initier.

Bon, formellement, on peut tout imaginer : de vraies cellules à fonctionnement très régulier, genre réunion mensuelle, etc.. ; des missions temporaires (“Tiens Coco, dans les six mois qui viennent, tu me défriches tel sujet et tu me proposes un prototype à la fin”) ; deux lignes sur trois profils (ça fait 6 lignes et ça fait déjà une cellule R&D) ; que sais-je encore. Vous en pensez quoi, vous ?

PS : Evidemment, si le niveau local ne s’y prête pas, peut-être qu’une cellule R&D régionale ou nationale pourrait jouer ce rôle – même si je pense qu’en l’espèce, il y aurait un gros risque d’auto-enlisement administrativo-structurel mâtiné d’ego-luttes.

PS2 : Je ne suis candidat à rien.

PS3 : la R&D n’est pas réservée aux “geekeries”, loin de là : ça ouvre des perspectives pour tout le monde, non ?

28 thoughts on “Le quart d'heure R&D

  1. Le lien avec tes 3 posts précédents est pour moi évident (sommes-nous des…?)

    Cette activité est nécessaire, le partage de ses résultats/cogitations (comme le font plusieurs collègues dont tu es) est vivifiant.

    Cela peut-être en partie de la recherche académique en “sciences de l’information”. Cela doit être de la “recherche-action” pour reprendre l’expression de B. Calenge (Cette dernière se nourrissant de la première ainsi que d’autres recherches académiques dans toutes les disciplines).

    Toutes les activités des bibliothécaires et tous les services offerts par les bibliothèques sont des sujets importants (et pas seulement les “geekeries”, bien entendu)

    Reste la question de l’organisation de cette activité. Je ne crois pas qu’elle soit rare ou absente. Par contre, je suis à peu près sûr qu’elle est rarement reconnue comme telle dans les services de documentation. Partant de là, elle ne fait pas l’objet d’une politique délibérée à l’exception de quelques rares établissements. Cela ne veut pas forcément dire que nous sommes tournés vers le passé. Plutôt que nous sommes focalisés sur le présent, le quotidien, la tête dans le guidon, à essayer de faire fonctionner correctement ce qui (est sensé) existe(r) déjà.

    Je ne penses pas qu’il y ait un niveau idéal (local, régional, national, international) pour organiser cette activité. Les idées, les concepts peuvent émerger et s’enrichir à un niveau national ou international mais si elle est orientée vers l’action, cette recherche doit se rapprocher du terrain dans lequel elle doit s’appliquer au fur et à mesure que les idées deviennent des projets d’actions concrètes (il y a donc forcément une phase locale).

    Je crois que cette activité doit être reconnue et valorisée dans chaque établissement, au sein de chaque équipe, à quelque niveau d’activité ou de statut que ce soit.

    Je suis en faveur d’une structure nationale qui propose des orientations
    et qui met en place des cadres propices à cette activité mais qui NE METS PAS en oeuvre elle même cette activité qui doit être liée au terrain : un travail sans séparation entre activité de conception et d’exécution avec une coordination assurée par la coopération directe entre acteurs.

    Pour aller plus loin, je crois possible une version hybride “fonction publique” de l’éthique du hacker en tant qu’éthique de travail telle que décrite par Pekka Himanen. D’abord parce qu’elle existe déjà dans notre milieu professionnel et qu’elle correspond à un certain nombre de valeurs partagées (ou du moins affirmée) depuis longtemps par les bibliothécaires (coopération, passion, non-appropriation privée de la connaissance, etc.). Ensuite par ce que ça me plaît 🙂

  2. Il me manque encore la partie “Définition” pour être sûr de comprendre de quoi et de qui on parle.
    Mais j’ai l’impression que ce que tu décris là, c’est ce que font certains blogs de temps à autres.
    Tu me prendrais donc de court sur un projet de billet que j’avais en tête, sur le thème suivant : je constate que les stats de lecture des biblioblogs (le mien, en tout cas) sont sur les heures de travail, donc sont assimilées à une activité professionnelle — quelle serait la condition pour que la rédaction des billets lus professionnellement soit elle-même reconnue comme une activité professionnelle ?
    Mais je dévie un peu de ton sujet initial, désolé.

    Si je comprends bien (mais je VEUX être corrigé, sinon fouetté), il s’agirait de réfléchir par exemple
    1. aux flux de travail pour les améliorer, proposer des outils adéquats permettant ces améliorations, etc.
    2. aux (nouveaux) services à mettre en place, réflexion qui existe déjà dans toutes les bibliothèques sous forme de groupes de travail généralement, ou d’un responsable des “services aux usagers”.

  3. Très bonne idée, voilà un sujet qui est rarement abordé : l’innovation dans les bibliothèques, ses conditions de réussites, et son développement au niveau national. Je note. 😉

  4. Je crois qu’un certain nombre de détenteurs de biblioblogs font déjà de la R&D. La question est: est-ce à titre officiel (même si parallèle) pour l’établissement ou à titre personnel?
    Pour le premier PS je ne suis pas d’accord. Si un poste complet peut sembler réservé aux établissements moteurs, intégrer de la R&D dans le profile de l’agent me semble aller de soi, dans le sens global de validation des acquis, formation professionnelle continue, etc. Ce qui se traduirait au niveau organisationnel par une “cellule innovation” (tiens, on es en pleine actualité là :)… ) réunissant les personnes désireuses d’intégrer de la R&D dans leur poste et permettant de mettre sur la table les différentes expériences et leur trouver une orientation et application utiles au service. En somme, une R&D a deux niveaux, qui aurait le mérite d’être souple et adapté aux spécificités locales. Des “instances” nationales seraient nécessairement lourdes, nécessiteraient une sorte de validation scientifique et poseraient le problème de la transposition locale des travaux…

  5. Pour commencer, tu peux monter un groupe de travail avec Narvic, qui s’interresse à la R&D dans la presse (http://novovision.fr/?Pour-un-journalisme-experimental). Je cite : “Comment mettre en relation l’information d’actualité avec les informations de documentation qui l’éclairent ou la prolongent, disponibles dans les fonds documentaires et encyclopédiques du net ? Une part de la question est d’identifier rapidement l’information documentaire pertinente auprès de sources validées. C’est une recherche à mener entre journalistes et documentalistes web.”
    C’est à mon sens un bout du “problème”, qui touche à la mise en perspective de l’information. Il l’aborde du point de vue du journaliste – chacun son métier – mais il y a matière aussi côté bib/doc. Dans ce cas précis, n’est-ce pas finalement réinventer ce qui existe déjà (le bon vieux dossier documentaire) en se posant la question de sa forme/de son support ? Là intervient en effet le boulot d’une cellule projet, innovation, R&D, appelle-la comme tu veux.

    J’ai tout de même un peu de mal à saisir ce que recouvre pour toi la R&D en bibliothèque. Mais si j’ai bien compris, le post et les commentaires sont là pour défricher 😉 Ce que tu décris me semble quand même être une sorte de groupe projet, piloté par un veilleur aux attributions élargies (ça me rappelle un post précédent, “vigies du Net” si ma mémoire ne me joue pas des tours). Le veilleur veille, est compétent et a le réseau nécessaire pour repérer les problématiques émergentes, est ensuite force de proposition dans le cadre du groupe projet suscité. Précision la veille se fait au dehors et au dedans : le veilleur écoute le net, la presse pro, ses réseaux, mais aussi ses collègues, ses usagers, son environnement (peut-il d’ailleurs veiller efficacement s’il zappe ces données ?). Je l’imagine comme un radar, capable d’observer à 360°. Comme un phare aussi, qui possède ces mêmes propriétés giratoires, dans le sens où il occupe une place de personne-ressource. Le risque avec la structure que je suis en train de décrire (j’écris comme ça me vient et en mangeant, soyez indulgents !), c’est une organisation centrée sur un seul individu et donc totalement dépendante de lui. Le risque aussi c’est de rester focalisé sur son organisation et de passer à côté de la définition d’un cadre plus vaste, qui puisse être partagé par une communauté professionnelle. D’où la nécessité de mettre mes phares/radars en réseau, à l’échelle régionale, nationale et plus si affinités, en fonction de ce qui sera le plus pertinent.
    Reste en suspens la question des outils, qu’il faut, en bon professionnel de l’info, se poser dès le début, et notamment en terme de capitalisation des connaissances. Je crois que sur ce point, il y a beaucoup à apprendre du KM dans l’industrie.
    Bref, c’est une belle question à tiroirs !

  6. Je m’associe à la remarque de Marlène ; j’aurais l’impression de faire de la R&D dès que j’essaie d’améliorer mon service, sinon :).

  7. @tous rapidement :
    1. Je ne dis pas qu’elle (la R&D) n’existe pas, je dis qu’elle n’est pas (sauf erreur) présente de façon formelle dans les organigrammes et/ou les fiches de poste (mais si votre fiche de poste ou votre organigramme en fait mention, indiquez-le)

    2. Par La R&D, j’entends réflexion et surtout mise en action d’innovations (nouveaux services, nouvelles façons de faire). Exemple (désolé, je prends un exemple de geek) : a) Je veille et je remarque qu’Androïd va certainement faire un malheur ; b) Par ailleurs, je note que les étudiants ont presque tous un téléphone c) Donc je travaille avec un développeur pour assurer la présence de ma bib sur ce créneau, les “GSM” – pour faire court et ouvrir cette nouvelle porte. d) Je teste e) ça marche on garde ; ça marche pas on jette.

    Ca intègre la veille ET la création (mais pas forcément une théorisation préalable : je crois plus au bilan-projet qu’à la démarche-projet…)

    Donc, juste, des personnes qui veillent, créent, inventent, officiellement, dans le cadre de leur mission (mais ce ne serait pas forcément leur unique mission) et dans un cadre affiché politiquement par une bibliothèque (toutes les boîtes sérieuses ont un département R&D, pourquoi pas les bibliothèques ?)

  8. concernant le PS1
    une idée comme une autre mais qui est peut-être hasardeuse…
    au lieu de créer de nouvelles instances, ne serait-il pas envisageable de re-dynamiser/ré-activer/re-… des assoc professionnelles en sommeil
    en proposant la création de ce genre de groupes R&D “officiels” en leur sein (niveau local, régional, national)
    groupes qui ne seraient pas uniquement axés sur la veille/réflexion mais aussi sur l’action innovante, le tout, en mixant les pbmatiques BU/bib publiques le + possible
    quid des tutelles ?
    il me semble qu’avec un telle instance pointue dans la recherche et le développement, nous gagnerions en légitimité de façon générale aussi bien pour défendre des projets innovants, que des profils de poste spécifiques ou des missions/études R&D (cercle vertueux)

  9. Une question en passant : faut-il un doctorat pour pratiquer la R&D telle que tu la présentes ? A titre personnel, je pense que oui (mais pas le temps de développer ce soir…)

  10. A ma connaissance un poste de R&D existe aussi à temps complet à la DOK, plus des personnes embauchées sur des missions de développement de projets (stagiaires ou experts dans un domaine)…mais bon c’est la DOK et ils sont un peu hors compétition sur tous les plans.
    Par ailleurs au moins un autre profil de poste de la DOK est en grande partie sur de la R&D “informatique”… d’ailleurs la zone de travail où ils officient est baptisé “media en innovatie”, aie-je-besoin de traduire?
    euh si j’ajoute que sur tous leurs profils de poste en plus des missions décrites il y en a une d’imposée et que c’est “have fun” je sens que je ne vais plus être la seule à travailler mon néerlandais…
    Ah oui désolée de réagir aussi tardivement à ce post mais mon disque dur est mort donc j’étais en chômage technique, 😉

  11. Il n’est jamais trop tard pour lire un billet et y répondre, n’est-ce pas ?

    Une cellule Recherche et Développement … quelle belle proposition.

    Du coup je repense au billet de ton chef (“Dépôt de bilan”) et à ses commentaires Ce qui me frappe surtout, c’est l’idée d’une collaboration nationale (peut-être est-il possible de ne pas chacun essayer de réinventer l’eau tiède dans son coin, surtout qu’on n’y arrive pas toujours).
    Moi je rêve d’un wiki auquel pourrait participer tous les bibliothécaires, une sorte d’encyclopédie des bib et un club utilisateurs géant de tous les outils. On pourrait y partager des manips, ex. comment configurer tel opac, ou comment améliorer son A-to-Z, mais aussi avoir un aperçu des expériences locales qui ne font pas forcément l’objet d’une communication, faute de bibliothécaire bloggeur, ex. quelle campagne de pub pour quel service, avec quels moyens.
    Dans mon rêve ce wiki est doublé d’un blog collaboratif, pour annoncer les nouveautés et en discuter.
    J’insiste sur l’aspect collaboratif. Idéalement, on pourrait recevoir les codes utilisateur du wiki en même temps que son Numen 🙂

    Je pense que la recherche & développement aurait tout à fait sa place dans un contexte de collaboration nationale. Il me semble aussi qu’il est important de ne pas figer les choses, que les groupes se fassent et se défassent, et surtout que la participation reste ouverte à tous.

  12. Comme j’ai été propulsé à la tète d’un service informatique à in-former et à dynamiser ; je me suis bien interrogé à ce propos.
    Je voulais donc intituler ce service “Stratégie et développement informatiques” (http://bibliotheque20.wordpress.com/2008/01/10/comme-un-gout-de-plan-triennal/)
    Finalement, je me suis réfréné pour créer le service “Gestion et développement informatiques” – parce que, soyons sérieux, 80% de notre temps consiste à gérer les outils que nos camarades utilisent (mal).
    Pour autant, notre organigramme reflète qq ch en stipulant : “veille technologique” , et le mot “développement” lui-même a un peu titillé notre DSI.
    Non, Max: pas de Dr – plutôt des mecs bons !! ;^P
    J’entends personnellement par développement (et donc un peu “R&D”)
    * Apprendre à utiliser nos outils à 100%. On peut déjà faire des tas de choses avec ce qu’on a
    * apprendre à lier nos outils avec 3 lignes de code
    * Acheter des outils performants et souvent simplissimes et très bon marché (pour ca, il faut : 1.faire de la vielle , 2.avoir des idées)
    * Faire le geek et jouer avec de nouveaux outils (bof, point trop n’en faut)
    * Prendre le temps d’installations lourdes où l’on prend vraiment un risque de se lancer dans une aventure, sans précédent.
    —–
    Je tiens à souligner un point qui n’a pas été évoqué (le 4) , la R&D c’est compliqué parce q :
    1. c pas ds les moeurs
    2. y’a pas les gens (compétences)
    3. y’a pas les fiches de poste
    4. y’a pas le matériel (je ne PEUX PAS tester un petit serveur TRUC en l’installant sur mon poste : ca va tt de suite etre un gros projet DSI alors q si ca se trouve : je vais rien comprendre, ca correspondra pas, ca m’interessera pas…)

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