Vous m'en mettrez deux chapitres ?

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Rebond sur le post du Nombril : si OT s’étonne plutôt du fait de voir vendu des bouquins que l’on peut consulter par ailleurs gratuitement en ligne (voir son billet), cette pratique de vente au chapitre me semble en plus appeler quelques remarques.

De fait, le parallèle avec le changement de granularité déjà constaté en musique me semble évident (plutôt qu’un achat d’album, on achète un ou deux titres). Si ce modèle se transpose au livre, cela pose pas mal de questions :

  • Quid de la cohérence de l’oeuvre – mais c’est déjà pareil en musique ;
  • Quels sont les intérêts financiers en jeu (la vente à la découpe est-elle plus lucrative et si oui, pour qui ? Quid des droits d’auteur, en l’espèce ? Sont-ils calculés au chapitre vendu ? Au mot ? Est-ce un forfait ?) ;
  • Quel peut être le positionnement des bibliothèques par rapport à ce possible modèle (allons-nous acheter des livres numériques entiers puis les prêter par chapitres ? Là, on voit bien que le modèle achat pour lecture en ligne est beaucoup plus intéressant et pratique)
  • etc. (aidez-moi à compléter, les commentaires vous attendent)

En bref : la vente à la découpe est-elle l’avenir du livre ?

(MàJ) : Il y a des réponses à mes questions (en particulier concernant les droits d’auteur) dans les commentaires du billet en question.

16 thoughts on “Vous m'en mettrez deux chapitres ?

  1. Dans les faits, cela existe déjà sur les grosses plates-formes scientifiques (ScienceDirect, SpringerLink, Interscience,…) qui proposent des revues et des livres électroniques. Pour les deux premiers, il semble qu’il y ait une politique de prix unique du chapitre (25$ contre 31,50$). Bien évidemment, dans le cadre d’une vente à un particulier, l’intérêt financier pour l’éditeur est assez flagrant : je n’ai pas trouvé un moyen d’acheter un livre entier autrement qu’en sélectionnant tous les chapitre, ce qui nous fait un bouquin à plusieurs centaines d’euros !

  2. Merci pour le débat qui s’ouvre, ici et chez OT.

    Plusieurs éléments.

    1. Une offre légale manquante
    D’abord, moi aussi je suis “pour” les alternatives légales, c’est-à-dire que j’aimerais pouvoir lire (par exemple) “Pour en finir avec la mécroissance” qui vient de sortir en version numérique, en le payant, ou plus précisément en rétribuant le travail des auteurs et de l’éditeur. Aujourd’hui, cette offre légale est absente. Et si on n’y prend pas garde, c’est l’offre pirate (d’une part) ou l’offre dégradée (style Google) qui vont s’imposer.

    2. Les écrits de la recherche
    Pour tout ce qui est réellement universitaire (c’est-à-dire produit par le travail de la recherche), je pense également qu’il faut continuer à développer des archives ouvertes, et que les remarques d’OT sont extrêmement pertinentes de ce point de vue. L’un des soucis c’est que auteurs et éditeurs universitaires, à juste titre, aimeraient obtenir rétribution de leur travail, et que les archives ouvertes sont un grand pas en avant pour l’avenir du droit à apprendre et à savoir (voir ce qu’en pense Debray), mais ne sont pas le meilleur modèle, actuellement, concernant la rétribution. Là je regarde plutôt du côté des portails, avec abonnement et barrière mobile (les anciens articles “gratuits” et les nouveaux “payants” cad compris dans l’abonnement).

    3. Vente à la découpe
    Il ne faut pas sous-estimer la cohérence d’une œuvre. Il ne faut pas la surestimer non plus. Autrement dit, c’est sans réel intérêt de vendre de la fiction au chapitre, mais ça a du sens pour le chapitre sur la thermodynamique du pavé de 700 pages sur la physique vendu par le professeur X de l’université Y. Aujourd’hui, les ouvrages universitaires devraient être étudiés en tant que tels du point de vue de leur modèle économique.
    Aujourd’hui (et ce que je décris existe à peine (encore) en France si on compare avec UK et US), le modèle est (!!Attention, je caricature exprès ! !!) de la sorte : les profs sortent, tous les ans, une version actualisées de leur livre essentiel, 50 dollars environ. Les étudiants fortunés (à la fois d’un point de vue culturel et intellectuel) achètent le livre de l’année, ainsi que les autres livres recommandés. Les autres achètent le livre de l’an dernier, d’occasion de préférence, ou photocopient quelques bouts de chapitres.
    Dans ce contexte, le livre numérique (style sur Kindle DX) est surtout une opportunité pour Amazon (et les éditeurs) : out, le livre d’occasion ! Mais…. et l’égalité des chances dans tout ça ? Et… le piratage!!! Ce serait ignorer, je crois, les besoins vitaux des étudiants, qui consiste à avoir BESOIN d’accès à des ressources de qualité, et qu’il faudrait pouvoir leur fournir à des coûts acceptables, en toute légalité, pour eux, les éditeurs et les auteurs.
    Bref, pour moi, la vente au chapitre est un modèle qui mérite qu’on le considère, et qu’on en ouvre le débat.
    Archi_bald

  3. @Benjamin : oui, nos “grossistes” nous font déjà le coup, c’est vrai. Ce qui m’a interpellé, c’est l’arrivée de cette pratique sur une petite entreprise française (sans vouloir vexer personne) ; et je me dis : bientôt le dernier Gavalda en barquette ?

    @caracteremobile : merci d’être passé de twitter à ici (ça permet de publiciser le débat 🙂 ). Donc :

    1. suis globalement ok
    2. pareil
    3. merci pour ces précisions et éclairages.

    Donc toujours la même question : qu’est-ce la bibliothèque va/peut/veut faire dans un modèle à la découpe ? Si ça se développe, on suit ? On achète à la palette ? On prête comment ? Des morceaux ? Etc. etc.

  4. Autant un morceau de musique ou une recette de bœuf en daube peuvent être considérées comme des œuvres détachables d’un ensemble, autant un chapitre n’a jamais été prévu par son auteur pour être détaché du reste du livre.

    Isoler des chapitres pour les mettre en vente revient tout bêtement à amputer une œuvre. Pourquoi pas des pages isolées pendant qu’on y est (sauf pour les pages 48, mais c’est une autre histoire). Ni l’auteur ni le lecteur n’y ont intérêt !

    L’erreur de ceux qui proposent des chapitres à la vente est de confondre l’extrait comme point d’entrée dans une œuvre, et l’extrait comme mini-œuvre.

    Permettre à ses lecteurs d’accéder à des extraits d’une œuvre s’ils ne souhaitent pas tout lire d’un coup, c’est un service pertinent, lié à l’œuvre dans son intégrité, qu’on peut éventuellement monnayer. Mais cela ne fera jamais de l’extrait en question une mini-œuvre qu’on aurait envie d’acquérir de façon isolée !

  5. Oui, certes, mais qui a envie de marchands de filets de blockbusters ? Ils trouveront bien leur voie tout seuls, en plus…Qui veut mon Millenium en 28 chapitres, 2€ le chapitre ?
    Tiens ça me rappelle que la vente à la découpe existe déjà dans la presse, avec les “fascicules” vendus chaque semaine (premier gratuit, second 4€, les suivants 9,99€, collection complète 349€…). Finalement ça a presque aussi quelque chose à voir avec nos sociétés malades de la consommation à crédit…
    Dans la fiction, ce n’est pas de la vente à la découpe, mais de la vente usurière doublée d’un crédit à la conso !

  6. Je suis assez pour les livres “à la découpe”, mais uniquement pour le domaine scientifique, car là il y a un véritable intérêt à identifier les chapitres comme une entité, en dehors des problèmes de coût et de diffusion. Intérieurement, je réclame cette approche depuis longtemps car dans un bouquin d’anatomie on sait bien que l’on va trouver un chapitre sur le squelette, un autre sur les muscles… mais dans d’autres domaines cela est moins évident, et le bouquin entier est plutôt un handicap qu’un avantage… Je suis prêt à ouvrir un étal de chapitres !! Par contre, en sciences humaines, ça me semble moins évident…

  7. J’aime mieux le modèle inverse, on achète le livre dans son entier et on est livré à la découpe, chapitre par chapitre, épisode par épisode, au fil de la publication.
    Ça fait tout de même plus de sens dans ce sens-là 😉

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