Sédiments

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Juste quelques lignes pour garder traces de cette impression que :

  • twitter et facebook (twitter surtout, pour ce qui me concerne) sont les premiers niveaux d’une ‘réflexion’ qui apparaît et s’élabore là, en vrac, sur les réseaux ;
  • puis se cristallise en s’organisant dans les blogs ;
  • puis se sédimente dans les revues papier.

Bon, au début, il y a beaucoup de bruit mais quand même : quelque chose se passe là.

Certes, rien de bien nouveau dans le fond : la discussion et les échanges (dans des salons) amènent des réflexions que l’on peaufine dans des ‘notes’, que l’on organise dans des ‘articles’, que l’on structure dans des ‘livres’.

Mais quand même, une bascule dans ce qui change :

  • l’instantanéité des échanges ;
  • le nombre de participants à la discussion ;
  • le fait que les prémices d’une idée (d’un texte) sont enregistrés dès ses premiers ‘pas’… (les généticiens du texte, les historiens, les épistémologues  en général sont assis sur un tas d’or, pour le futur)

Vous voyez autre chose ?

(MàJ) : en écho, un billet très détaillé sur twitter et les bibliothèques chez le bibliobsédé, à ne pas rater (le billet, pas l’obsédé – enfin si, aussi ; enfin bon, allez lire).

25 thoughts on “Sédiments

  1. La vraie question c’est à qui appartiennent les twitts et que peut-on en faire ? Puis-je construire un paragraphe de mon livre en paraphrasant ou citant les twitts des autres ?

    Après le peer-to-peer et hadopi, y aura-t-il une loi contre le “Retweet” 😉 ?

  2. @Manuel : sans doute que le droit d’auteur (et donc les bonnes pratiques de citation, etc) s’appliquent à twitter – on peut aussi imaginer quelqu’un qui mette ses twitts sous Creative Commons par exemple…

  3. Deux remarques.
    1. d’après Sophiebib, il faut dire tweet et non twit (j’avoue ne pas avoir vérifié).
    2. comment est-ce possible que ce présent billet mentionne celui de Bibliobsession, et que Silvère cite celui-ci ?
    En fait, je soupçonne la vérité : Daniel et silvère ne seraient qu’une seule et même personne !

  4. Pour la question de la citation, j’avais noté http://gunther-eysenbach.blogspot.com/2009/04/how-to-cite-twitter-how-to-cite-tweets.html. Et vive le CC, je vais règler cela pour notre Twitter demain.

    Pour l’utilisation de Twitter vers nos usagers, nous avons fixé la politique suivante: “Nous allons utiliser cet outil pour vous communiquer des informations brèves, vous recommander des ressources électroniques ou des articles et billets qui nous semblent intéressants… En gros, vous parler de tout ce qui nous semble incontournable mais que nous n’avons pas le temps de traiter plus complètement sur le site ou le blog des Bibliothèques.” http://blogusoperandi.blogspot.com/2009/04/nous-gazouillons-sur-twitter.html Les tweets seront retravaillé dans des billets de synthèse sur le blog avec du recul et une vision plus critique.

    Je le vois aussi comme un outil de valorisation du travail de veille que nous devons faire de toute façon, cela permet de la rendre directement et facilement utile et visible pour nos usagers, au delà des politiques à plus long terme.
    D’autre part, le flux rss des tweets arrive immédiatement vers les boites mails des catalographes qui répercutent les nouvelles ressources identifiées dans le catalogue pour une utilisation à long terme. Cela évite les échanges de mails interminables entre collègues.

  5. @cbulte : merci de ces précisions. Mon propos porte toutefois moins sur twitter et les bibliothèques (c’est le thème du billet de Bibliobsession) que sur les effets que sur ma manière dont twitter, facebook, blogs et autres s’articulent dans ma propre “pensée” ou “réflexion”(et ça dépasse largement les bibliothèques). Il faut que je fasse un billet plus précis là-dessus…

  6. Pour répondre à la dernière question du billet, je vois “autre chose” : notre incapacité croissante à lire une information longue (cf. un tweet de Marlène récemment, incitable puisque privé).
    Nous sommes passés du livre ou article BBF au billet de blog.
    Et nous passons du billet au tweet.
    Je suis convaincu que cela influe sur la capacité, à terme, à réfléchir en nuances — ou plus exactement à réfléchir dans le temps.
    En effet je pense qu’il est possible dans une certaine mesure d’exprimer une pensée nuancée en peu de mots.
    Toutefois la pensée elle-même se trouve parfois au fil des phrases pour l’exprimer, elle évolue pendant qu’elle se dit et son auteur se rend compte que sa conception initiale n’est finalement pas celle qu’il croyait.
    Je ne sais si je suis très clair, mais je pense être dans le vrai (en tout cas je suis d’accord avec moi-même) : notre pensée prend forme dans le temps, et ce temps désormais se raccourcit.

  7. @Lully : peut-être alors que la forme de notre pensée même est en train de changer (j’ai tendance à le… penser) ; et que par ailleurs, nous sommes en train de passer d’une pensée individuelle à une pensée collective (j’ai aussi tendance à le penser, et mes autres mois, collectivement, sont d’acord)

  8. Si nous passons parallèlement d’une pensée inscrite dans le temps d’une réflexion, à une pensée instantanée — et d’une pensée individuelle (celle-ci étant tout de même un mythe aussi, et la République des Lettres n’est pas une invention récente) à une pensée collective, peut-on en conclure que les phrases qui se succédaient jusque là dans mon cerveau pour aboutir à un beau concept prennent désormais la forme de tweets émanant d’auteurs différents, la communauté s’emparant alors de la conclusion de ces échanges ?

  9. étrange : depuis plusieurs jours je tourne autour d’une idée que je ne sais pas / n’ose pas développer, et aujourd’hui c’est @lully qui poste exactement ce que je pensais… #wdl

  10. Si vous mettez des #tags sur vos commentaires, j’aurai du mal à suivre (l’impression de s’être trompé de porte). Et si, d’une certaine manière, la WDL a été abordée sur Twitter puisque j’ai demandé si qqun voulait s’en charger. Tout le monde m’a remercié par avance. Donc ça signifiait : c’est bien si qqun en parle, mais c’est vrai que c’est pas emballant.

    D’ailleurs, c’est intéressant comme concept : le billet dont l’écriture n’intéresse personne, dont le sujet n’intéresse personne, mais dont l’existence soulage tout le monde…

  11. Bon, je n’ai eu qu’un seul café, donc il faut m’excuser, mais juste en réaction : je suis frappée de plus en plus (sans doute que je vieillis ? oh, je ne vous remercie pas de cette pensée 🙂 ) de la façon dont des règles, des “jugements” se dégagent de la pensée autour de nouvelles technologies. Elles traduisent souvent une inquiétude latente (je suis peut-être à côté de la plaque, mais c’est ce que je ressens ici, je twitt plus, donc je pense en 140 signes donc ma pensée se fait différemment, hou, soyons attentifs à cela, sinon, nous allons penser en 140 signes toute la vie et finir cons comme des paniers -en 140 signes). C’est pareil pour les débats autour du livre numérique et du livre papier qui sent si bon ma bonne dame, c’est sensuel un livre, comment se passer du contact charnel avec le livre hein ? (rhô, je me moque, pas réveillée et déjà peu charitable).
    Pourquoi n’y aurait-il pas de la place pour tous. Et l’homme est-il si malléable qu’il lui suffit d’utiliser un outil pour être contaminé, modifié ? Et pourquoi vouloir établir des liens de cause à effets en négligeant la possibilité de l’éventail ? Je ne twitt pas comme je blogue, je ne blogue pas comme je parle, et ma pensée s’active autour (oui, elle s’active, ne riez pas, hein, je vous ai à l’oeil) de ces différents supports différemment, tout comme je ne mange pas la même chose à tous les repas (repas rapides, repas interminables, repas où l’on échange) tout comme je ne regarde pas tous les soirs le même documentaire sur Arte. (j’ai honte, mais des fois, je regarde une série policière bien naze sur TF1 juste pour pouvoir rigoler un peu) bref, je me sens enfermée par ces réflexions qui nient l’imprévu, l’impromptu, le non classable et en plus, j’y pense, c’est justement ça ce que m’apporte un twitt : non pas sur le plan de l’idée ou du contact, mais sur le plan de la surprise. J’ai twitté et cliqué sur un lien pour arriver ici. Pouvais-je savoir 3 secondes avant que j’allais écrire un commentaire de 3 tonnes sur la façon de penser par rapport aux outils neufs ?
    Plus j’y pense, plus je crois que l’être humain possède en lui un grand besoin de contrôle. Les twitts et blogues contiennent une part de chaos (genres, substances, sujets, violence parfois) et cela est rassurant de vouloir en extraire des types de fonctionnement. Mais je me dis que c’est comme vouloir contrôler un fleuve, les règles se font elles-mêmes en dépit de nous, elles suivent chacun et sa pratique sans forcément être partagées, parce que nous ne sommes pas tous identiques. Et je crois qu’il faut laisser la porte ouverte à ce qui ne colle pas avec ces règles sous peine d’installer un mode de pensée réducteur (tout en croyant exercer une pensée objective). Et devant moi se dresse l’exemple effrayant (hoUHouu…) d’un Finkelkraut, homme d’une belle intelligence, mais que sa peur panique de perdre pied (de perdre le pouvoir que sa pensée élevée lui confère, supériorité du cerveau et de la kulture) contraint à dire des contre-sens et du grand n’importe quoi lorsqu’il juge internet, en faisant des généralités d’un morceau d’iceberg qui dépasse..
    Bon, je suis désolée de ce commentaire long et un peu blebleble, le café je dois rejoindre pour retrouver ma forme humaine, ne m’en voulez pas…
    🙂

  12. @pagesapages et @dbourrion : les outils que nous avons à disposition pour réfléchir conditionnent notre manière de réfléchir.
    Ce n’est pas une critique de ma part, et ce n’est pas lié aux nouvelles technologies.
    Exemple : au XIIIe siècle ont fleuri les Sommes (pas seulement théologiques). Elles n’auraient pu être rédigées si, au siècle précédent, les moines n’avaient pas découvert que les tablettes de cire étaient bien pratiques pour faire des brouillons de leurs pensées. Ils pouvaient désormais élaborer d’avance, et par écrit, un plan d’ensemble, avant de se lancer dans la rédaction.
    Donc, au XIIe siècle, on a des Sentences (Pierre Lombard, etc.) et au XIIIe les Sommes (de saint Thomas d’Aquin et autres).

    Mais réfléchir en 140 caractères pousse à un plus grand partage de la pensée, qui s’élabore différemment, produit des résultats différents (un mélange de haiku et de think-tank). C’est une richesse, incontestablement.
    Et naturellement elle n’est pas suffisante (mais qui réclame que Twitter soit désormais la seule manière de penser ?).

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