Candide et le conservateur (Episode 5 Saison 3)

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Candide : Bonjour….. Euh…. C’est à propos des services web de la bibliothèque.

Le conservateur : Internet ? Pffff… Bon, dites-moi.

Candide : Je trouve que ma bibliothèque n’y est pas très présente.

Le conservateur : Bah, le réseau, c’est encore marginal, un truc de comment dites-vous… De Geek.

Candide :  Hum…. J’ai pourtant vu des chiffres parlant de 33 millions d’internautes.

Le conservateur : Les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut.

Candide : …

Le conservateur : Croyez-moi, l’important, c’est d’avoir de bonnes cotes et des étagères bien rangées.

Candide : …

17 thoughts on “Candide et le conservateur (Episode 5 Saison 3)

  1. Fais gaffe : le prochain Candide va débarquer et dire : “Bonjour, c’est à propos des web services de la bibliothèque.”
    Et on sera bien emmerdé !

  2. J’attends pourtant les résultats de notre enquête LibQual+ à ce sujet. Je ne voudrais pas te faire du mal, mais j’ai l’horrible intuition qu’aux questions sur le site web et le catalogue en ligne de la bibliothèque, beaucoup de répondants ont coché : “N/A” (pas concerné…) !!!

  3. > Dbourrion : Hmmm, pareil que Phelly. Ici, sur 35 000 étudiants, 259 facebook friends. Des lecteurs qui ne savent pas qu’ils peuvent prolonger les prêts sur internet alors qu’on leur dit tout le temps. Des doctorants (en avril de la première année) qui n’ont pas activé leur adresse de l’université sans laquelle ils n’ont pas accès aux ressources électroniques etc… On fait de la pub, on explique, on “communique” (comme disent les bibliothécaires modernes) mais tout le monde s’en fout. Ils n’en ont pas besoin (ou croient n’en avoir pas besoin diraient les bibliothécaires modernes qui savent mieux que les gens de quoi ils ont besoin)

    En revanche, une semaine sans acquisition dans leur domaine ; une absence qui nous oblige à interrompre une heure la communication des thèses ; du bruit dans la bibliothèque ; des livres mal rangés ; et nous avons immédiatement des réflexions orales ou sur le cahier.

    Eh oui, les lecteurs sont certainement très bêtes mais ils viennent encore très largement en bibliothèque pour travailler sur des livres et sur leurs cours. Ca ne veut pas dire qu’il faut arrêter d’offrir d’autres services. Ca ne veut pas dire qu’il ne faut pas former les lecteurs aux outils qui constituent un vrai apport pour leurs études (accès à distance aux revues en ligne etc.). Mais je m’étonne un peu d’un positionnement qui consiste à affirmer que l’on sait mieux que les lecteurs (et que tous ses collègues) de quoi ils ont besoin, sans jamais se fonder sur des données sérieuses.

    >Phelly : tu nous donneras les résultats Libqual de Brest mais, ici, les “études” confirment le ressenti.

  4. @RM : la peste soit des lecteurs 🙂
    Plus sérieusement je ne plaide pas pour l’abandon des missions “tradi” des bibliothèques, mais pour que nous considérions globalement ce chiffre (33 millions d’Internautes) et que la partie numérique ne soit plus considérée comme quelque chose d’annexe, mais comme une part parallèle de la bib – avec les RH que ça suppose.
    Pour ne pas laisser passer les trains marchands, entre autres. En gros, ma position est donc très “centriste” entre la bib tradi et la bib num, dans le “en plus” et pas dans le “à la place”

    Et puis quand même, si je reprends tes chiffres : 35 000 étudiants, 259 facebooks friends, mais combien de tes étudiants sur FB ?? Si c’est comme à Angers, un paquet. Pour qui nous (la bib) ne sommes donc pas des amis fréquentables… C’est ça qui me pose problème…

  5. D’accord avec Daniel, services “analogiques” et électroniques ne s’opposent pas et doivent s’intégrer dans une stratégie globale et unifiée.

    Les services “classiques” doivent être assurés (et largement améliorés) en parallèle avec l’investissement plus techno : l’électronique y aide d’ailleurs bien, chez nous la nouvelle version du site web lancée il y a deux ans a fait diminuer le nombre de questions par emails ou par téléphone par 8 : cela fait un gain de temps considérable qu’on peut consacrer à des tâches plus intéressantes et à plus forte valeur ajoutée. En plus la convergence analogique-numérique fait que les deux doivent aller de pair et être performants: un livrel cela se prête et s’explique au comptoir de prêt et pourtant dieu sais si cela parait techno à première vue…

    Notre LibQUAL est en cours mais les enquêtes précédentes montrent aussi que les étudiants viennent à la bibliothèque pour travailler parce que c’est le seul lieu du campus qui permette de le faire, s’ils ont des salles de travail facultaires ailleurs, c’est là qu’ils vont… C’est un de nos petit vice professionnel de voir trop souvent les étudiants comme un public captif et de nous rengorger en nous disant que la fréquentation est super élevée grâce à nos supers services de base ^_^. D’expérience les étudiants sont souvent là parce que c’est nous ou rien… Alors que les différents médias numériques hors-bibliothèque, ils les fréquentent par plaisir plus que par nécessité et qu’ils égorgeraient père et mère si on les privait de Google ou de Youtube.

    Je crois que le succès de nos offres numériques est aussi souvent mitigé parce nous le voyons comme la cinquième roue du carrosse, que nous les pensons mal et/ou que nous utilisons le mauvais canal pour le mauvais type d’information. Un groupe Facebook pour quoi faire si c’est pour y mettre les mêmes news que sur le site web classique, rédigées sur le même ton??? Nous avons 15.000 visiteurs uniques sur le site web tous les jours, le catalogue on ne compte même plus le fichier log est trop lourd a analyser correctement et le petit dernier, le blog, a eu 6000 billets lus en ligne sur son premier mois d’activité + les abonnés au rss : ces canaux sont largement plébiscités par les étudiants et donnent une image positive des bibliothèques (et une image positive se sont des moyens financiers en plus à terme). Pour le reste nous investissons massivement dans les formations (6000 l’année passée) parce que c’est là que nous essayons de nous faire connaître et de promouvoir nos produits y compris les électroniques (vu leur prix il faut mieux). C’est aussi lors de ses formations, souvent personnalisées, que nous arrivons à convaincre les usagers (étudiants et chercheurs) que les bibliothèques ont une vraie compétence technique à leur apporter (y compris pour apprendre à utiliser au mieux Google et Wikipedia) ; une fois qu’ils sont convaincu de cette compétence, ils sont plus à l’écoute de notre communication et près à passer du temps sur les différents supports électroniques que nous proposons. Il faut aller les chercher au départ avec les dents mais cela fonctionne sur le long terme.

    Enfin, nous avons peut être un nid de geeks à l’ULB mais chez nous, les usagers se manifestent plus quand c’est le site web ou les ressources électroniques qui flanchent que quand ce sont des services classiques. Là le facteur humain fait que le manque est mieux accepté (s’il est expliqué), alors que l’électronique cela doit être parfait tout le temps parce que lui on l’utilise aussi quand la bibliothèque est fermée : si vous voulez voir Hannibal Lecter apparaître devant, privez un médecin de son accès à Pubmed 😉

  6. @cbulte : je vais demander l’asile geekique à l’ULB, moi… RM et moi sommes dans le fond d’accord, mais il me fait payer quelques mois de colocation et le fait qu’il a découvert (mais trop tard) que je mangeais des tonnes de junk food dans ma turne sans le convier à mes agapes ;-).

    PS : je souscris totalement à vos dernières lignes… D’ailleurs, nos accès ACS sont tombés hier et depuis, j’entends comme des grattements d’ongles à ma porte… Je crois qu’ILS sont là….

  7. @cbulte: attention Christophe, “aller chercher quelque chose avec les dents” est très connoté politiquement en France… cela veut dire en gros : je vais faire des effets d’annonce, occuper le terrain de la com’, prendre des postures agacées, faire des déclarations à la hache, énerver tout le monde et… échouer ! Hein ? C’est ce qu’on fait à Angers , Ah bon… 😉 Bien d’accord à 300% avec ton excellent texte.

  8. On vous libère déjà un bureau !!! Moi et mes collègues nous avons envie de fuir à Angers (mais on nous a enchaînés). L’herbe est toujours plus verte ailleurs ;-)…

    Faites attention, ils réussissent toujours à entrer à la 70ème minutes du film malgré les planches clouées à la va-vite sur les fenêtres et le bahut breton poussé contre la porte.

    Visez la tête ! (Dans la formation du bibliothécaire, il faudrait imposer des visions multiples des films de George Romero, c’est très utile).

  9. @dbourrion : Mais oui, on est d’accord. Je n’interviens que pour casser le consensus du blog. C’est pas drôle les consensus. Et quand la balance pèse trop d’un côté, il faut appuyer de l’autre. Pas parce qu’on veut que la balance penche complètement de l’autre côté mais juste pour atteindre un équilibre

    Bon, cela dit, je suis tout de même allé chercher les chiffres. On a un peu moins de 60 000 connexions aux périodiques électroniques soit moins de 2 par étudiant et par an. Dans la section dont j’ai l’honneur de m’occuper (les étudiants de SHS ressemblent vraiment à leur caricature, c’en est désespérant), 1 connexion pour 13 étudiants chaque année. 0,07 connexion par étudiant en moyenne. Ils vont voir un article en ligne une fois tous les 13 ans, quoi.

    Donc, oui, je veux bien former, faire tout plein de choses, proposer une offre complémentaire électronique-papier, balancer toutes les revues papier disponibles de manière pérenne sur Persée, etc. Tout cela, je le fais. Mais il faut juste être conscient que les étudiants s’en foutent. C’est comme les ouvrages et articles en langues étrangères [vaste sujet…]. Précisons que je suis censé être dans une des toutes meilleures fac de France sur ces thématiques.

    PS : J’écrirai un livre avec toutes les anecdotes recueillies pendant notre vie commune, Daniel. Je vais surfer sur ta célébrité et ce sera un best-seller quand l’alliance Google-Facebook aura racheté ton blog

  10. @Rm : voilà, c’est exactement ça : Rm est le Candide de Candide, et c’est salutaire position 🙂
    J’aime beaucoup tes chiffres, qui prouvent ce que j’ai toujours pensé dans le fond : les étudiants, c’est comme les chats (http://www.youtube.com/watch?v=iDJM9T-2fY4) : il suffit de remplacer chats par étudiants et kiskas par bibliothèque…

  11. @RM : considère plutôt que tes 259 FB friends, il faut les rapporter aux étudiants/enseignants de la FB qui répondent aux 3 conditions suivantes
    – être sur FB
    – se reconnaître dans le réseau FB de ton université (1200 membres si je me souviens)
    – savoir que la BU existe et y être allé au moins une fois 😉

    En tout cas, cette discussion rejoint le débat qui a lieu suite à l’article de R.Bérard dans le n°768 de Livres-Hebdo
    – est-ce que le numérique à tout prix détourne de l’usager?
    – est-ce que les usagers ont vraiment besoin d’une bibliothèque 2.0?

    Ma réponse, c’est que quand j’ai répondu un soir à 23h30, depuis mon lieu de vacances, par mail à une étudiante qui demandait via l’opac comment prolonger ses prêts en ligne, j’ai été à cet instant une bibliothécaire tout sauf loin de ses usagers…

    C’est toujours cette question de proximité de l’usager (pour beaucoup, loin c’est loin, même par le biais du web) qui revient.

  12. Ouais.

    D’un autre côté, je ne suis pas sûr que pouvoir répondre à un étudiant à 23h30 pendant ses vacances soit l’argument le plus pertinent en faveur du oueb 2.0.

  13. @MxSz : bien sûr l’exemple est extrême… Mais l’idée générale que je voulais donner, c’est que le web permet de prolonger le service public au-delà de ce que permet la disponibilité physique de l’usager comme du personnel.

  14. “Mais l’idée générale que je voulais donner, c’est que le web permet de prolonger le service public au-delà de ce que permet la disponibilité physique de l’usager comme du personnel.” : voilà, tout est dit et bien dit. Merci phelly, c’est à la lettre ce que je pense.

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