Ton meilleur profil (5/5)

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Je précise pour finir que les compétences évoquées dans cette série sont parfois déjà existantes : j’ai ainsi la chance d’avoir dans mon équipe bibnum – 4 personnes, pour 3 ETP sur bibnum – des personnes qui en possèdent certaines, voire toutes. Je connais par ailleurs nombre de bibliothécaires, dans d’autres lieux, qui possèdent ces compétences.

Mais…

La bibliothèque future, la bibliothèque numérique et son extension hybride ne peuvent se contenter d’heureux hasards et de compétences acquises par la bande et/ou par des passionnés.

Ce qui apparaît au final, et c’est peut-être le plus important, c’est qu’il semble nécessaire que les métiers évoluent au niveau national, et qu’une réelle volonté politique et de formation accompagne ces évolutions.

Le futur présent des bibliothèques se prépare doit se réaliser par le contenu des concours et des formations, et doit également être inscrit dans les organigrammes : la bibnum, la bibliothèque hybride, en particulier, ne sont pas des danseuses ou de vagues occupations pour quelques allumés du clavier et/ou rêveurs, mais participent très largement au cœur du métier de bibliothécaire en ce siècle (pour mémoire, le 21ème). Ne pas voir cela est se condamner, et condamner les bibliothèques.

Entende qui voudra.

0 thoughts on “Ton meilleur profil (5/5)

  1. C’est vrai que cela commence par des formations en adéquation avec la réalité du terrain… Mais on constate que les programmes sont mis en place sans vraiment de concertation avec les professionnels (cf l’IUT Carrières du Livre, Maitrise InfoCom…). Du coup, on fait de jolis profils @bibnum et on récupère des catalogueurs !
    D’ailleurs ta dernière phrase me laisse penser que tu aimes bien envoyer des bouteilles à la mer 🙂

  2. @dbourrion : il suffit juste de ne pas t’embarquer en solitaire 🙂
    Merci pour ces 5 contributions. Je trouve ta démarche très constructive. Je vais les lire avec beaucoup d’attention.

  3. Ci-dessous le fruit de mes cogitations d’hier soir (désolé c’est long). Je profite d’une pause pour poster.
    Je compte l’envoyer sur biblio-fr
    Encore merci pour ton travail Daniel.
    —————————————————-

    Synthèse / réflexion sur « ton meilleur profil »

    Débat réel : 5 posts, 72 commentaires ! C’est ce qui s’appelle un débat.

    Objet : les « profils » nécessaires à « la bibliothèque numérique et son extension hybride »

    Précision : je ne ferai pas de mauvais esprit sur les intitulés des profils incontest@blement « hype » et prob@blement « 2.0 » (après tout, il ne s’agit que de formulations) pour me concentrer sur le fonds

    Propositions de dbourrion : 3 pôles avec 8 profils dédiés :
     technique : e-veilleur, biblio-geek, développeur et dompteur (du SIGB)
     hybride : e-mediateur et animateur
     sm@ll-hands : compagnon-f@çonneur et m@inteneur
    + 3 profils préexistants : catalogueur, acquéreur et hôte (accueil)

    Le terme de « profils » recouvre des champs plus ou moins large. Ces profils mélangent des « missions » (raison d’être d’un emploi) et des « activités » induites par la réalisation de ces missions.

    Concernant le pôle technique :

    La veille de l’e-veilleur est-elle une mission en tant que telle ou plutôt une simple activité transversale ?

    Des 3 autres profils, on peut retenir 3 corps / emplois-types existant actuellement.

     – le « biblio-geek » est un conservateur ou un bibliothécaire intéressé par et formé solidement à l’informatique documentaire (bien au-delà de la formation initiale délivrée par l’Enssib). Il peut être également un ingénieur de recherche ou d’étude de la BAP F (branche d’activité professionnelle Information : documentation, culture, communication, édition, TICE), famille A (Information scientifique et technique, collections patrimoniales);

     – le « développeur » est un ingénieur d’étude ou de recherche de la BAP E (branche d’activité professionnelle Informatique, Statistique et Calcul scientifique) probablement de la famille B (Etudes, développement et déploiement);

     – le « dompteur » est un ingénieur d’étude de la BAP F, famille A dont l’emploi-type est intitulé « Chargé de système d’information documentaire ». Mais dans la mesure où il n’existe pas (à ma connaissance) de diplôme attestant d’une connaissance intime des SIGB, un bibliothécaire ou un conservateur expérimenté ou formé post-recrutement peut faire l’affaire.

    Concernant le pôle hybride :

    Même problématique mission/activité.

    Le profil d’e-mediateur décrit l’activité d’étude, d’acquisition et de promotion de supports de documentation qui n’a pas vocation, à mon sens, à être confiée à un spécialiste dont elle constituerait la totalité de la mission. C’est une activité complémentaire aux activités similaires qui doivent être mises en oeuvre par les responsables de ressources documentaires. Dans l’optique d’une bibliothèque hybride tendant (on peut en débattre) vers le tout numérique, il convient de distinguer les ressources documentaires non en fonction de leur support, mais en fonction de leurs thèmes, disciplines, publics de destination.

    De la même façon, le profil d’animateur décrit à mon sens une simple activité et pas une mission à part entière.

    Il a été noté que le profil « marketing » manquait à l’appel. Sans entrer dans le détail, il me semble que l’activité d’information et de promotion (communication) évoquée plus haut est souvent largement déficiente. A côté du « faire » il est absolument nécessaire de « faire savoir » : faire sans informer ni promouvoir notre action auprès de nos publics, c’est comme mettre un bouquin en rayon sans cote ni signalement dans notre catalogue. On s’en remet un peu trop facilement au hasard ou à la curiosité du public qui, on le sait bien, passe la majeure partie de son temps à explorer nos sites Internet, nos catalogues, nos dépliants et nos rayonnages pour découvrir les nouveautés dans nos services et collections…

    Concernant les sm@ll hands (petites m@ins :-/)
    Pour moi, ce sont également des activités techniques qui peuvent tout à fait relever des corps existants.

    Concernant les profils traditionnels (acquéreur, catalogueur, animateur)
    Avec des affirmations comme « le catalogueur est mort » ou « l’acquéreur… est condamné » et la proposition d’une spécialisation des bibliothécaires dans le travail interne, ou au contraire dans l’accueil du public, c’est cette contribution qui a naturellement soulevé le plus de commentaires (49).
    Je relève la même problématique mission/activité. Ce sont pour moi des activités (acquisition, catalogage, animation) et pas des missions spécialisées.

    Sur le catalogage, on observe le clivage devenu traditionnel entre les tenants d’un catalogage exhaustif et les partisans d’un signalement minimal. J’ai remarqué que les premiers sont souvent des catalogueurs chevronnés tandis que les seconds manifestent généralement un goût très modéré pour cette activité, et remercient chaque jour le catalogage « partagé » (càd fait par d’autres qu’eux :-), ceci expliquant peut être cela (et vice versa).

    Au-delà du signalement traditionnel, ce sont les activités d’enrichissement de ce signalement qui sont promues au rang de nécessité incontournables, pour laquelle les bibliothèques doivent beaucoup investir, et, « deux-points-zéro » oblige, dans une démarche coopérative avec les usagers.

    Sur l’acquisition, j’ai l’impression que l’auteur professe une vision de cette activité qui voudrait qu’à partir du moment où la politique documentaire est fixée, la mise en œuvre n’est qu’une activité d’exécution qui peut même être externalisée. Et là, le raisonnement est faussé dans la mesure où la politique documentaire ne peut être que dynamique, évolutive, conçue, mise en œuvre puis évalué pour être réajustée, mise en œuvre et à nouveau évaluée, etc. dans un mouvement perpétuel de conception/mis en œuvre/évaluation qui doit, à mon sens, être réalisé par les bibliothécaires (au sens générique du terme) responsables de fonds (à mon sens multi-supports), dont le travail doit être coordonné au niveau du service et de l’établissement en fonction de la politique documentaire de ce dernier. Et les possibilités d’acquisitions industrielles (style bouquet de 5000 titres de revues en ligne) ne change rien au nécessaire travail de sélection et de mise en valeur de notre documentation.

    Sur l’activité d’hôte (accueil), elle est, à mon sens, valorisée et mise en avant à juste titre. La bibliothèque doit consacrer, à mon sens, autant de temps de travail à ses publics qu’à ses collections si elle veut que les deux vivent (enfin) une vraie histoire d’amour grâce à elle et chez elle.

    Polyvalence vs spécialisation?

    La confusion que j’ai relevé entre mission et activité ne semble pas en être une pour l’auteur qui plaide pour la spécialisation des activités qui deviendraient de fait la mission des bibliothécaires spécialisés dans une activité (catalogage, accueil, etc.)

    Trois angles de réflexion :

    – L’équipe considérée : petites ou grandes. Une équipe restreinte implique la polyvalence de ses membres tandis qu’une équipe nombreuse permet, voire nécessite (BnF) une spécialisation des activités

    – L’intérêt professionnel : répéter la même activité (même si elle n’est pas qu’une simple exécution mécanique de tâches), n’est-ce pas lassant ?

    – L’intérêt du service : la bibliothèque est une équipe. Spécialisation et parcellisation du travail peuvent sembler « l’allocation des ressources humaines la plus rationnelle ». C’est une vision managériale nourrie par des managers qui surestiment à la fois les théories qu’ils ont apprises en formation et leurs propres capacités à faire fonctionner une équipe avec des méthodes inadaptées au terrain. Comme l’a très justement fait remarquer une collègue, il faudrait des « hypermanagers » (profil purement théorique au demeurant) pour faire fonctionner ensemble des individus spécialisés et focalisés sur leur activité à eux tous seuls. Je n’y crois pas du tout sur le long terme. Pour moi, un bibliothécaire doit connaître et comprendre les activités de ses collègues, et pour ce faire, en partager le maximum.

    Le bibliothécaire doit pouvoir évoluer, changer d’activité au sein de son équipe. C’est bon pour lui et c’est bon pour les activités elles-mêmes qui peuvent bénéficier d’un regard neuf, périodiquement.

    A titre de comparaison (qui fâche), j’ai travaillé plusieurs années dans la restauration rapide et je n’ai retenu qu’une seule bonne pratique managériale : un directeur régional qui venait d’être recruté par cette chaîne internationale, quinquagénaire, très expérimenté dans son domaine, a passé 3 jours derrière les plaques à fabriquer de la malbouffe comme simple « équipier » afin de connaître l’activité de base de cette industrie.

    J’ai vainement cherché à l’Enssib un stage de magasinier pour élève-conservateur. J’en constate très régulièrement l’effet négatif : une méconnaissance parfois crasse (ou tout le moins une absence de connaissance intime) de ce qui constitue à la fois la base et la principale vitrine de l’activité de la bibliothèque : accueillir, orienter, informer, communiquer des documents, etc.

  4. @antmeyl : waaaaouh, le record du commentaire le plus long vient de tomber, chapeau bas ! Et merci pour la synthèse, que je relirai à tête reposée dès que possible…

  5. @antmeyl. Totalement d’accord sur le chapitre “acquisition” et sur la fonction accueil.
    Une remarque sur la restauration rapide ;-), néanmoins : un stage à l’Enssib ? Bigre !
    Qu’est-ce qui empêche n’importe quel conservateur/bibliothécaire/ etc. de se mettre, dans sa bibliothèque, en situation d’accueillir, orienter, informer etc. , une fois de temps en temps, pendant une semaine à plein temps, ou de façon régulière dans son emploi du temps hebdomadaire ??? Perso, je le fais depuis 30 ans, je ne m’en porte pas si mal.

  6. @antmeyl : juste une chose encore (je n’aurai pas le courage de répondre plus loin ce soir) : je ne fournis aucun travail, ce sont mes commentateurs qui font tout. C’est typiquement de la réflexion collective qui se passe ici, et c’est tout l’intérêt de la chose !

    @Mrs Bean sur “Qu’est-ce qui… ” : rien n’empêche personne, je suis bien d’accord avec vous…

  7. @Mrs Bean : certes, mais encore faut-il qu’il/elle soit convaincu(e), comme vous, de l’utilité de cette démarche, et ça c’est pas gagné. Par contre, si c’était considéré comme une expérience naturelle que tout bibliothécaire (au sens large) se doit de vivre, ça changerait la donne

    @dbourrion : bien sûr, il s’agit d’une création partagée, mais tu en es à l’initiative et tu en as fournis la base alors sans flatterie aucune, à tout seigneur…

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