La forme, en plus (1)

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Reprise autour d’un échange dans les commentaires chez Bertrand Calenge : j’y avançais que les livrels permettraient sans doute l’apparition et la diffusion de formes littéraires que nous n’imaginons pas encore, et je donnais l’exemple du roman SMS “inventé” par le téléphone portable.

L’échange, vivifiant, a alors débordé vers des questions de valeurs d’une production artistique, et d’éthique du bibliothécaire comme prescripteur. Il me semble important de préciser ma position :

  • Je persiste et signe : tout outil nouveau, toute technique nouvelle portent en eux la possibilité de formes artistiques nouvelles qui ne pouvaient pas exister avant eux (deux exemples : le cinéma ; la guitare électrique). La technique augmente le champ des possibles artistiques.
  • Je considère qu’un bibliothécaire ne doit pas être un prescripteur. Le rôle du prescripteur, c’est le rôle de l’enseignant ou du médecin. Certes, je peux avoir une opinion sur Amélie Nothomb et lui préférer Pierre Bergounioux ; et vouloir faire découvrir à un usager les écrits du second quand il me demande le dernier opus de la première. Mais en tant que bibliothécaire, je ne suis pas là pour prescrire : je suis là pour rendre un service. Si mon usager veut de l’Amélie Nothomb ou l’intégrale du grand cycle de garden-opera La baudruche masquée contre l’Empire du Rien, je dois lui permettre d’y avoir accès, ce qui ne m’empêche pas de lui suggérer (pas prescrire, suggérer…) d’autres chemins.

(à suivre)

0 thoughts on “La forme, en plus (1)

  1. En vérité, la différence entre le suggéré et le prescrire me semble assez largement cosmétique. Je préfèrerais que tu te contentes de lui donner le Nothomb qu’il réclame: qui es-tu pour lui enfoncer ton Bergounioux dans la gorge?

  2. @nicomo : par “suggéré”, j’entendais un truc visuel, une tête de gondole ou une ligne sur l’OPAC, rien de plus, quelque chose de neutre/passif qui suggère d’autres pistes. Evidemment, dans tous les cas, c’est sa demande d’usager qui a priorité absolue. Moi, je peux entrouvrir des portes, et encore… Libre à chacun de les pousser, ou pas.

  3. Le sociologue Howard Becker a travaillé sur thème, dans son bouquin Les monde de l’art (Paris : Flammarion, 2006. 1ère édition: 1988).

    L’ouvrage se lit bien (comprendre “y’a pas trop de concepts”). Il tient en gros une posture hyperrelativiste sur la question de l’art.

  4. Sur la question de la prescription, Daniel, ce n’est pas à toi de dire si oui ou non il faut prescrire. Cela figure logiquement dans un document un peu formalisé (comprendre : une charte documentaire), validé par tes tutelles.
    Autrement dit : ça dépend des missions de l’établissement où tu travailles, et non pas d’un idéal du-métier-de-bibliothécaire qu’on ne trouve que sur biblio.fr

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