Y

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Nouvelle commande, plus sérieuse, où l’on me demande ” qu’est-ce que la génération Y ? Est-ce que (…) les métiers des bibliothèques peuvent attirer la Génération Y ? Et c’est quoi un lecteur de la Génération Y ?

Pour la définition de la Génération Y, je renvoie à l’article de wikipédia qui résume la question, et à Entreprise 2.0 qui se demande comment la génération Y va entrer dans le monde de l’entreprise. Et je réponds à Tph : la génération Y, c’est celle que nous voyons tous les jours dans nos Bu et qui commence à entrer dans les corps professoral. Dit autrement, la génération Y est le coeur de cible des Bu (je ne m’attarde pas sur les Bm qui, en plus de la génération Y, doivent servir les V, W, X et la Z…).

Or, si je reprends quelques éléments ce qu’en dit Entreprise 2.0 en citant Don Tapscott, les “enfants” de cette génération :

  • apprécient la collaboration et les rapports sociaux ;
  • privilégient le fun au fonctionnel ;
  • apprécient l’immédiateté ;
  • veulent de l’innovation.

Donc :

  • nous avons un problème pour apporter à cette génération, et à ses usagers, ce qu’ils veulent
  • mais les métiers des bibliothèques devraient les attirer (parce que cette liste, elle résume un peu ce que sont les métiers des bibliothèques, non ? 😉 )

Pour préciser ma réponse: les métiers des bibliothèques attireront forcément les enfants de la génération Y pour peu que nous leur montrions ce que sont nos métiers, vraiment, en les laissant passer dans les coulisses et en communiquant sur ces métiers et donc sur toute la bibliothèque.

Mais auparavant, il faudra aussi que nous commencions à proposer à ces usagers une bibliothèque qui correspondent à leurs besoins, envies, modes de fonctionnement, parce que nous sommes d’abord à leur service. Et pour cela, il convient sans doute de cesser de nous demander ce que nous voulons et de cesser de leur proposer ce que nous voudrions : le mieux, ce serait de leur proposer ce que eux désirent et ont besoin.

Dit autrement : nous, bibliothécaires des générations X et précédentes, devons transformer nos bibliothèques des générations X et précédentes en une bibliothèque évolutive, qui répondra à la demande de la génération Y, puis sera en mesure de devenir une bibliothèque de génération Z, Z1, Z2, etc.

0 thoughts on “Y

  1. “Mais auparavant, il faudra aussi que nous commencions à proposer à ces usagers une bibliothèque qui correspondent à leurs besoins, envies, modes de fonctionnement, parce que nous sommes d’abord à leur service. Et pour cela, il convient sans doute de cesser de nous demander ce que nous voulons et de cesser de leur proposer ce que nous voudrions : le mieux, ce serait de leur proposer ce que eux désirent et ont besoin.”

    Comment concilies-tu cette perspective avec les missions de ton autorité de tutelle ? A titre d’exemple, sur le site du ministère, il est précisé que :

    “Le rôle premier des bibliothèques est d’accompagner et de soutenir les activités d’enseignement et de recherche. Plus importantes que jamais dans ce monde de l’information numérique, elles identifient, acquièrent et rendent accessibles les ressources documentaires indispensables aux étudiants et aux chercheurs. Elles ont également pour mission de former à l’utilisation de ces ressources. Gardiennes de la mémoire et du patrimoine documentaire de l’établissement, elles occupent une place centrale dans la vie sociale et culturelle de ce dernier, en étant non seulement un lieu de travail, d’étude et de recherche, mais aussi de convivialité.” (http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid20545/les-bibliotheques-universitaires.html)

    Amha, les étudiants évoluent dans un milieu où règne essentiellement, je dirais même (pompeusement) ontologiquement, la prescription.

    Pour le dire autrement: il me semble qu’actuellement, ce n’est pas aux enseignants, aux enseignements et à la recherche à s’adapter aux besoins, envies, modes de fonctionnement.
    On peut le regretter, mais c’est comme ça – en tout cas dans l’établissement où je travaille. J’ajouterai que, par exemple, beaucoup de chercheurs définissent la recherche en l’opposant à la rapidité, à l’immédiateté, le fun.
    Ok, la plupart des étudiants ne font pas et ne feront jamais de recherche. Mais ils seront évalués par des enseignants-chercheurs. Pour lesquels ce critère est essentiel. Rappelle-toi : la France, en matière de BU, est une exception. Les acquéreurs, les responsables sont souvent des enseignants, qui ont après-coup choisi de bosser en bib. Je doute qu’ils changent fondamentalement de conception en passant derrière un bureau d’accueil.

    Je ne trouve donc pas choquant d’inscrire la bibliothèque dans le dispositif de diffusion verticale du savoir qui est celui de l’université. Autrement dit, je n’hésite pas à être prescripteur.
    C’est-à-dire, par exemple :
    – en indiquant aux étudiants, en formation, quels sont les livres dont ils sont susceptibles d’avoir besoin, en éco, en droit, en socio. En choisissant donc les livres en fonction de ce critère, en suivant les recommandations des enseignants, etc.
    – en défendant une vision totalement instrumentale de la culture générale, qui serait en gros les connaissances demandées pour réussir l”épreuve de culture gé d’un concours de la fonction publique. C’est totalement bête, crétin et réducteur et, à titre personnel, je ne m’y retrouve pas.
    J’assume, si cela permet aux étudiants de réussir dans leurs études ou à passer les concours.

    L’institution scolaire et universitaire n’est pas démocratique (en France, à l’heure où j’écris). Ce n’est pas à un vieux sing… – à l’ancien CPE que je vais apprendre ça. On peut le regretter. On peut proposer des modèles alternatifs. On ne peut pas se couper de ses tutelles.

    Mais les BU ne sont pas issues d’une communauté dont les représentants ont une légitimité démocratique, comme en BM ou en BDP. C’est la règle de la cooptation qui domine, y compris pour le président de l’université.

  2. @MxSz : eh bien, tout est dit dans ta citation ministérielle. Il suffit de faire du plus, de la prescription ET du fun, ” en étant non seulement un lieu de travail, d’étude et de recherche, mais aussi de convivialité. ”
    Prescription ET découverte.
    Fromage ET dessert 🙂

    Et le texte que tu cites nous permet ça, d’être alternatif sans se couper de sa tutelle. Largement. En plus 😉

  3. … et puis après, prévoir des opac plus fonctionnels, acheter plus de manuels en histoire, géographie, psychologie, racheter plus rapidement les ouvrages disparu, oui, oui, oui : mille fois oui.
    Là, on suit les besoins… et je suis (de loin, parce que vous allez vite) la bu d’Angers.

  4. “le mieux, ce serait de leur proposer ce que eux désirent et ont besoin.”

    Oui, c’est bien le mieux, mais c’est un peu lapidaire.
    Ont-ils besoin de tout ce dont ils désirent et désirent-ils tout ce dont ils ont besoin dans le cadre de leurs activités d’étude et de recherche?

    Ou pour prendre un exemple facile, certain(e)s désirent peut être très fort un cours particulier de formation à l’utilisation de nos ressources dispensé par Georges Clooney. Mais ils auraient peut être plus besoin d’un cours dispensé par D. Bourrion (sans présumer des compétences informationnelles et pédagogique de Georges)…

    D’où l’importance du cadre qui doit bien être posé : celui de l’université (la BU n’en étant qu’un service parmi d’autres).

    Au passage, c’est ce qui me chiffonne un peu avec Libqual qui mesure le désir et la perception du service rendu (et pas le besoin réel et l’efficacité objective), bref, si nous plaisons à nos usagers/clients et pas si nous leur sommes utiles dans le cadre des missions qui nous sont assignées (mais j’irai peut être squatter un autre blog sur ce sujet 😉

  5. @antmeyl : sans entrer dans un débat long, je pense que nous continuons à proposer un cadre, universitaire compris, datant du siècle dernier. Et nos usagers sont des usagers du siècle prochain… Il y a comme un problème, non ?
    Et puis on peut plaire et être utile…

  6. @dbourrion : le cadre ne dépend pas de nous mais de notre tutelle, nos usagers sont de ce siècle pas du prochain (ils seront peut être mais à cette date, ils risquent d’être un peu moins multi-tâches, branchés, mobiles, sociaux, expérimentateurs et producteurs d’information, etc. enfin sauf si la médecine fait vraiment des miracles 🙂
    Je suis sûr qu’on peut plaire et être utile à nos usagers, le tout étant de ne pas sacrifier l’utile à l’agréable, et de ne pas cracher sur l’agréable au prétexte qu’il n’est pas utile 🙂

  7. @antmeyl : certes pour le cadre, mais les cadres ça se bouge… Et éventuellement, de l’intérieur et sans instructions pour le faire…

  8. J’allais le dire.
    Et même pire : prenons le risque de plaire… ça nous rendra probablement utile(s).
    J’ai plein d’exemples (personnels, ou non) pour confirmer cette hypothèse.
    Et… que les bonnes âmes se rassurent, ma vertu n’a jamais eu à en souffrir ;-)))

  9. André Gunther est historien à l’EHESS.

    Il tient un blog que j’ai découvert récemment, via celui de Baptiste Coulmont (http://coulmont.com/blog/2008/09/23/why-blog/), qui est maître de conférence à Paris 8, en socio.

    Dans son dernier billet (http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2008/09/15/807-why-blog), André Gunther explique pourquoi il blogue.
    Je cite un passage qui t’intéressera sûrement, Daniel :

    […] Qui lit les Annales ? Pas mes étudiants. Mais ils lisent mon blog. Trouvera-t-on cette formule provocatrice? Editeur d’une revue peer-reviewed depuis douze ans, je ne suis pas suspect de vouloir la mort des revues. Mais je suis bien placé pour me rendre compte que le type d’essai que je suis en train de mener avec ARHV est une vraie expérience éditoriale. Qu’avec d’autres, nous sommes en train de créer non seulement un nouveau type d’organe, particulièrement bien adapté au travail savant, mais une nouvelle énonciation scientifique, à la croisée de la vulgarisation, de l’enseignement et de la recherche. […]”

    Voilà, tout cela pour dire que des enseignants prennent aussi le virage du web 2.0.

  10. @MxSz : merci pour cette belle citation et cet exemple parlant. Je crois, vraiment, que nous sommes en pleine mutation de civilisation avec le net. Et je ne voudrais pas que les bibs ratent ça. Voilà… Allez, bonne fin de soirée 😉

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