Numbers

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Pour répondre à la commande de Lully :

1/ ” Du caractère nécessaire ou non de la dichotomie entre les bons (ceux qui aiment les TIC) et les mauvais (ceux qui font autre chose) dans les biblioblogs. ”

Je ne sais si cette dichotomie est nécessaire. Elle est en tous les cas classique, il me semble : la séparation Eux/Nous permet à chaque groupe ‘social’ de se définir en se bornant (je ne suis pas historien, mais définir le monde en pointant du doigt des barbares, ce n’est pas très nouveau). Et comme l’on se trouve, concernant le 2.0 (entendez, la bibliothèque numérique et les TIC), devant un groupe en construction, l’on tombe facilement dans ce Eux/Nous. Le problème (et la seconde partie de la commande soulève la question), c’est qu’il n’y a que peu de biblioblogs traitant du 1.0 (entendez, la bibliothèque traditionnelle) : ce Eux/Nous ne trouve donc pas de contrepoids (du moins, pas dans la blogosphère) et l’on voit se construire une quasi pensée unique (à laquelle je participe) selon laquelle les bons, c’est Nous. Or la pensée unique, c’est pas bon du tout pour les neurones… Ni pour les Eux.. Ni pour les Nous…

2/ ” De l’absence des tâches classiques des bibliothécaires sur les blogs de bibliothécaires – et de son caractère transitoire ou définitif. ”

Plusieurs remarques/hypothèses sur cette absence, en vrac :

  • Le bib 1.0 ne blogue pas, il a trop à faire avec Mme Michu qui le saoule avec le dernier livre tellement émouvant de…. Non, je ne donnerai pas de nom d’auteur
  • Le bib 1.0 a déjà disparu, donc il ne peut plus bloguer
  • Le bib 1.0 ne maîtrise pas les outils type blogs, ou il ne voit pas à quoi cela peut servir, que de parler de son quotidien
  • le bib 1.0 croit qu’il est has been, ce en quoi il se trompe lourdement, et il se cache donc.

Ici, je pense que nous sommes sur une absence transitoire et que la situation bouge déjà (cf. les encore trop rares blogs qui parlent de la bib 1.0 sans tomber dans le discours 2.0). Je pense également qu’il est aussi des “missions” des bloggeurs d’aller en vrai dans le monde physique pour montrer et expliquer comment marche un blog, par exemple ; à quoi ça sert ; et comment c’est utile aussi dans la bib 1.0

Partant, je pense également que la convergence 1.0/2.0 est une nécessaire/inévitable évolution (la bibliothèque numérique doit quitter le virtuel pour entrer dans le réel du quotidien – oui, c’est la bibliothèque hybride tout simplement) et que cette évolution produira de fait les blogs qui mettront fin à l’absence que souligne Lully : nous verrons bien un jour des blogs 1.5…

Cela dit, peut-être que les discours 1.0 et 2.0 vont continuer à ne pas utiliser les mêmes outils de diffusion (la revue pour le 1.0, le blog pour le 2.0 ? ) et que cette dichotomie perdurera mais franchement, j’en doute : les deux mondes ne pourront pas s’ignorer très longtemps, si tant est que ce soit le cas.

Voilà, rien de très original mais je n’ai jamais été bon en calcul (si vous saviez ma note en maths au Bac section scientifique/industrielle…)

0 thoughts on “Numbers

  1. Parler des “bibs1.0” avec des outils 2.0, par exemple utiliser un blog pour évoquer la vie quotidienne en bibliothèque, s’interroger sur nos pratiques, sur le réel, n’est pas forcément très bien perçu par nos autorités de tutelle. Je viens d’en faire l’expérience.
    Il suffit de très peu de compétences techniques pour tenir un blog, c’est vraiment un outil très facile à utiliser – on patauge un peu au début, mais au bout de deux ou trois posts on y est. A mon avis, le problème n’est donc pas là. Les bibliothécaires “ordinaires” sont loin d’avoir toute latitude pour s’exprimer sur leur métier, à moins de le faire de la manière la plus anonyme possible, en catimini, en se cachant (ce qui n’est pas très satisfaisant).
    La question que pose Lully me semble donc importante. Merci à Daniel d’avoir relevé ce défi

  2. 1.5 ? ton calcul est bizarre en effet… j’aurais dit 3.0, étant donné que 1.0 + 2.0 = 3.0, mais ça risque de prêter à confusion avec “l’aaaaaveniiiiiir”
    sinon, ça pourrait être 0.5, si on écrit 1.0/2.0 😉
    Moi j’ai trouvé la solution : bloguer sans faire de référence à mon métier (ou très peu)… c’est vrai quoi, il y a plein de trucs intéressants en dehors des bibliothèques ;o)

  3. @l’arc-en-ciel : certes. Mais il est peut-être temps que les tutelles se rendent compte que l’on ne peut pas maintenir le couvercle sur le Net….
    @Marie : 1.5 est entre 1.0 et 2.0 : c’est là qu’est la bib hybride, non ? Certes, la vraie vie est ailleurs, mais tout de même, amis bib 1.0 : Bloguez ! 🙂

  4. Je pense qu’effectivement il est très facile de créer un blog. Se pose alors la question du contenu, si certains collègues parlent de “tout sur rien”, de leurs coups de cœur, de leur métier, d’autres se “lâchent”. Avec le problème du contenu: en effet, et sans vouloir dénoncer, je suis retombé sur ce blog: http://www.bibliopathe.com/
    Je me pose la question suivante: à quoi sert un blog si le contenu sert à dénigrer le travail en bibliothèque, les collègues, et le public ? Pourquoi vouloir scier la branche sur laquelle on est assis? A part avoir un effet néfaste auprès des élus et du public, je ne vois pas. Car si nos chers élus lisent ce blog, comment proposer, ensuite, de créer un blog pour la bibliothèque, ou de défendre son propre blog? Ne doit-on pas agir de manière réfléchi? Parler du métier de manière positive, des petits tracas avec les lecteurs avec humour… Enfin bref faire découvrir notre métier, et donner envie aux lecteurs de venir, poser des questions qui peuvent faire avancer le Schnilblic? Je pense qu’on a une part de responsabilité dans l’image que l’on donne au travers les blogs, qu’ils soient privés ou non. Il ne faut pas perdre de vue que l’on ne sait pas qui le lit, mais que ceux qui le lisent peuvent savoir qui l’écrit!

  5. Je retiens 2 de tes hypothèses pour expliquer l’absence des bib 1.0 :
    ** Le bib1.0 pense qu’il est “has been” **
    : Réflexion d’un collègue, alors que je parlais web2.0 :
    “Y a pas moyen d’avoir des formations web 1.0 … parce que je ne suis déjà pas sur de tout maitriser … alors le 2.0” (!!!)
    … quelques explications plus tard pour désacraliser ce “2.0”, et ça allait mieux., mais y a encore du boulot à fournir pour expliquer et démystifier !

    ** le bib1.0 ne maîtrise pas les outils type blog **
    : il ne maîtrise pas l’outil, mais n’en a pas toujours une bonne image. Parlez de “blog” à quelqu’un qui n’en lit pas … Pour le néophyte, blog = “journal intime autocentré de piètre qualité” … courage à Bartok s’il doit convaincre un décideur 1.0 (!!)

  6. 1/ Cette dichotomie n’est ni nécessaire, ni souhaitable. Mais elle existe, au moins dans les biblioblogs, tenus généralement par les “bons” (ou les 2.0, les modernes, les évolués, les dans le vent, etc.), d’où une une boucle qui se boucle facilement comme tu l’écris très justement en évoquant l’émergeance d’une pensée unique.

    2/ Remarque préliminaire : “bib 1.0” n’est pas très valorisant comme appellation, en outre, elle n’a pas de consistance.

    2 hypothèses cumulatives autour d’une même question : quoi servirait un tel blog?

    1. Le/la bibliothécaire ne voit pas l’intérêt professionnel d’un tel blog. Un wiki partagé avec les collègues de son établissement présente plus d’intérêts pratiques, pour ce qui est de la mise en application concrète d’idées développées en interne ou en externe. Concernant la réflexion théorique, il/elle utilise d’autres lieux, d’autres moyens (ouvrages, revues, formations).

    2. Le/la bibliothécaire ne voit pas l’intérêt personnel d’un tel blog. Sa hiérarchie (on peut repasser très rapidement du statut de collaborateur à celui de subordonné) peut ne pas apprécier l’image donnée indirectement au service.

  7. @Norna : d’où : prendre son bâton de pélerin, expliquer, parler, montrer. Pédagogie… mais pas chiante, autant que possible (tout le monde a assez souffert sur les bancs de l’école 😉 )

    @antmeyl : je ne mets pas de jugement dans la numérotation, c’est simplement pour numéroter les étapes. Je préfère une belle bib 1.0 sympa et accueillante à une bib 2.0 pas sexy…

    Sur ton 2.1 : si l’hypothèse est bonne, quel dommage de ne pas voir que le blog permet de dépasser les frontières spatiales et constitue un formidable levier accélérateur pour la réflexion (cf. ce qui s’est passé dans le widget facile 4/4, dans les commentaires – la même chose pourrait se passer pour des problèmes de bib 1.0).

    Sur ton 2.2 : il n’y a pas d’intérêt personnel à un blog : c’est un outil de mise en commun de la réflexion, rien d’autre. Un outil.

    @Bartok et @autres, sur les élus : je pense que ce n’est pas parce que l’élu n’est pas content qu’il ne faut pas faire. L’élu est élu, pas de droit divin (et ceci vaut pour toute hiérarchie).
    Et au pire, effectivement, on peut rester anonyme – même si je pense qu’il ne faut pas l’être. Ce que je pense là, c’est que la démocratie passe aussi par la possibilité de parler. Ou de prendre la parole sans y avoir été autorisé.

    Enfin, je me dis que nous sommes aussi à une charnière, au sens où le blog peut/doit devenir un outil indiscutable – on ne demande pas à un bib en le recrutant “Sinon, vous avez un cerveau ?”… Il en a une et basta. Il y a bien un moment – mais ce peut être long, ce qui ne nous empêche pas d’essayer d’accélérer les choses – où le blog ira de soi, comme la titreuse ou la douchette…

  8. J’m’escuse, mais y’a des fois (ou des cas) où “Sinon, vous avez un cerveau ?”… pourrait sembler une question assez pertinente… hélas.
    Ok, je sors, j’vais devenir mauvaise langue

  9. Cher Daniel,

    content d’apprendre que tu ne mets pas de jugement dans la numérotation mais tu dois bien imaginer que dans un processus évolutif sensé aller du du moins bien vers le mieux, je ne pense pas que grand monde considère qu’être à l’étape 1 est plus valorisant qu’être à l’étape 2 🙂

    Je prends bonne note de ton ton “il n’y a pas d’intérêt personnel à un blog : c’est un outil de mise en commun de la réflexion, rien d’autre. Un outil.” et il me laisse plus que perplexe mais bon, c’est sûrement parce que je suis encore trop néophyte, considérant que le blog tient aussi du ”journal intime autocentré” 🙂

    Concernant le blog comme outil de réflexion et de partage d’expérience, je peut être d’accord avec toi pour l’exemple du widget pour lequel je serai bien en peine de trouver des conseils dans mon environnement professionnel immédiat.
    Mais pour des questions qui relèvent des collections ou des services aux publics (comment simplifier notre cotation, ajuster notre politique d’acquisition, cataloguer une ressource qui n’est pas dans le sudoc, monter une formation adaptée à nos étudiants, etc.) vaut-il mieux m’interroger sur mon blog ou bien m’adresser à mes collègues autour de moi en ”présentiel direct live” sachant qu’ils ont la technicité, l’expérience et la connaissance du terrain local?
    Du coup, il me semble plus intéressant d’investir mon temps (qui n’est pas extensible à l’infini) dans un wiki interne qui permettrait en outre de garder la mémoire de notre travail (à ce jour, je ne sais jamais pourquoi mes prédécesseurs ont fait tel ou tel choix et au final, je réinvente probablement régulièrement le fil à couper le beurre…)

  10. Bonjour,

    Je suis une bib tout ce qu’il y a de plus 1.0 (même 0.0) non pas par choix mais bien parce que ce sont les conditions concrètes dans lesquelles je travaille au quotidien : pas de bureau personnel (et encore moins d’ordinateur), OPAC datant de Mathusalem sur un nombre limité de postes … et pas encore de poste internet à destination du public…
    Donc c’est vrai, à force de lire des blogs de bib 2.0 je me sens un peu has been donc je me cache (et je m’abstiens d’intervenir). Sans doute ai-je l’impression que les bibliothèques comme la mienne n’ont plus vocation à exister, que ma collectivité est à la ramasse et que je ne vais pas tarder à devenir incompétente.
    Et puis parfois la colère me prends : mais qui sont donc ces gens qui parlent de carte 2.0 des bibliothèques 2.0 qui utilisent des OPACS 2.0 et ne parlent que de web relationnel et de livre électronique? Ils sont peut être dans un autre monde et sans doute à coté de la plaque parce que je ne crois pas que cela (le web 2.0) puisse remplacer dans certains quartiers l’accueil des classes, des groupes d’alpha, le travail avec les associations du quartier, bref, le travail de communication concrètement sur place au quotidien. Des fois je préfèrerais lire les interrogations d’un bibliothécaire qui se demande tout simplement quelles animations proposer ? quelles associations contacter ? comment rédiger un tract dans une langue claire ? quelle signalétique ? quelle cotation ? quelle mise en valeur des documents ?
    Alors ? je suis has been ou j’ai les pieds sur terre (et vous dans les nuages)?
    Entre les deux mon coeur balance…
    .. donc merci pour le billet

  11. @michmaa : merci pour le commentaire. Je pense que l’un des prochains défis de la bib 2.0, c’est justement de rentrer dans la bib 1.0 et d’accompagner cette dernière, par exemple, dans le travail de quartier. Je pense réellement que bib 1.0 et bib 2.0 peuvent s’articuler. Les objectifs sont les mêmes, bien que les outils soient différents 🙂

  12. @ michmaa, daniel et les autres
    Ce que l’on qualifie de “2.0”, ce sont des outils. Après la phase de découverte, on voit très vite à quel point ils peuvent être utiles. Oui, les blogs sont des amplificateurs de réflexion qui nous permettent de travailler ensemble au-delà des barrières spatiales et statutaires. Oui, le travail sur le terrain, dans tous ses aspects y compris ceux qui semblent les plus évidents, mérite d’être décrit, pensé, analysé. Le “2.0”, c’est aussi un état d’esprit : on n’est pas tout seul dans son coin, on échange, on partage.
    A mon avis, il n’y a pas de “has been” dans les équipes, seulement du travail en cours – il est vrai que les conditions de travail de certains sont déplorables et ne facilitent pas l’accès à la boîte à outils…

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