Indice de protection 0

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

Juste après ce post, il m’est venu une question (si, si, il m’en vient, elles frappent à la porte de mon bureau le soir), et je me suis demandé pourquoi je m’exposais ainsi au vu et au su de tous, avec les ” risques professionnels ” que cela comporte ?…

A ce titre, l’expérience avec les e-readers est un bon exemple : j’en parle au tout début de l’opération, alors que nous n’avons pas tout verrouillé du point de vue organisationnel (et loin de là d’ailleurs : ceux qui travaillent avec moi/me connaissent savent que j’agis d’abord, et que je réfléchis ensuite…) Et donc, si ça se trouve, ça va être un énorme four, et je vais être la risée du monde des bibs : je ne pourrai plus entrer dans aucune bibliothèque, les livres me jetteront des cailloux, et je passerai pour un c.. boursouflé d’orgueuil.

Bon, une fois passées les explications liées à un exhibitionnisme chronique (alors que même pas, je suis toujours habillé au travail…), j’ai trouvé des éléments de réponse :

  • je n’ai pas peur de me planter en public. Ce que je veux dire par là, c’est que l’erreur n’est pas, pour moi, honteuse, si l’on en apprend quelque chose ;
  • si je fais des conneries, autant que d’autres les évitent et donc, autant le faire savoir ;
  • je crois (surtout depuis que LM nous a expliqué à l’ENSSIB pourquoi il fallait se réincarner en fourmi) que plusieurs cerveaux valent bien mieux qu’un seul. Mais pour cela, il faut que chaque cerveau sache ce que font les autres ;
  • je n’ai ni peur, ni honte de ne pas savoir. Personne ne sait tout. Personne ne sait rien. Quand je ne sais pas, je suis heureux d’avoir quelque chose à apprendre. L’ignorance ou l’incompréhension de quelque chose, pour moi, c’est juste la promesse de pouvoir apprendre/comprendre peut-être quelque chose ;
  • je ne crains pas de recommencer un travail, de l’arrêter en route, de changer de direction, etc… Je n’ai aucune logique du type ” j’ai commencé, ça ne marche manifestement pas, mais je continue parce que j’ai commencé un jour…” Comme disait ma grand-mère, ” Faire, défaire, c’est toujours travailler…” ;

Voilà. Donc je m’expose, mais ce n’est pas pour promener mon petit ego (je n’en ai pas, il n’y en avait plus en magasin).

C’est juste pour que nous avancions ensemble et que, autant que possible, nous ne fassions pas tous les mêmes bêtises en même temps… Dit autrement : je m’expose par pur pragmatisme.

PS : Et puis, si je saoule, il suffit de ne pas me lire : la lecture, c’est pas obligatoire.

0 thoughts on “Indice de protection 0

  1. Je suis d’accord avec ta position. Mais j’avoue que le devoir de discrétion et de réserve que le statut de fonctionnaires nous impose me gênerait, pour ma part. Je ne saurais pas où me mettre de limites à ce que j’aurais le droit ou non de dire….

  2. Coucou Perrine. Les limites, je pense qu’il faut les chercher tout seul et ne pas s’auto-censurer. Après, il suffit d’assumer ce que l’on écrit et fait. Et puis, l’on ne parle pas de secrets d’état, non plus. Juste de bibliothèques…

  3. Oserais-je ajouter un adage au tien? “Mal fait, ni fait ni à faire”. Je crois en effet que quand on se trompe, il est essentiel de l’assumer pour pouvoir inventer autre chose qui marche mieux. En tant que fonctionnaire s’entend, pour le reste, je ne sais pas…
    Et au risque de passer pour une groupie, j’ai bien aimé l’humilité de ton intervention à l’enssib ce mercredi.

  4. @ Lilou : euh…. Pas de fan club, mais je vais penser à lancer des tee-shirts… Plus sérieusement, merci pour la remarque sur l’intervention Enssib : si ton avis a été partagé par d’autres, alors une partie du but a été atteint.

    @ Liberlibri : pile dans la cible. Merci.

  5. Bonjour

    Pourquoi s’expose-t-on ? Pourquoi prend-on le risque de se planter ?

    J’aime bien vos réponses, et la philosophie qui en découle :

    On s’expose pour avancer.

    Apprend-on mieux de ses erreurs que de ses succès.
    Personnellement, je penche pour l’erreur formatrice… quand on a perdu la crainte d’être ridicule, ainsi que l’illusion de tout devoir savoir avant de se lancer.

    Quand on lance une expérience avec cet idéal, même si elle s’en va vers un four, on peut continuer à apprendre. Et nous sommes le fruit d’expériences multiples, réussites, et plus souvent d’échecs surmontés.

    Expérimenter, on peut le faire dans son coin, ou l’exprimer en public.
    L’exprimer en public, ça permet – dans un esprit communautaire – d’obtenir l’écho d’autres expériences. Ainsi que d’autres réflexions, impossibles à obtenir le nez dans le guidon.
    Le point de vue extérieur sait être riche, lorsqu’on le déblaie de toute interprétation critique.

    Dans un esprit concurrentiel, ce n’est pas la même donne. Mais sommes-nous en concurrence dans le monde des bibliothèques, ou bien complémentaires ?

    Un blogueur est-il complémentaire des autres, s’ouvre-t-il aux autres pour obtenir leur approbation ou pour permettre leur expression, afin d’alimenter sa propre réflexion, et celle des autres.

    Au niveau d’une bibliothèque, le blog est-il une expression narcissique de la bibliothèque, ou bien invitation à venir partager la réflexion de la bibliothèque.

    Pour l’instant, on note très souvent les coups de coeur des bibliothécaires. Peu nombreux, faute de temps ou faute du nombre de coups de coeur ? (pas assez, ou trop… un bibliothécaire, qui dévore, est-il mal vu de sa hiérarchie ? 🙂 )
    Expression narcissique de la bibliothèque, qui n’ouvre pas au dialogue avec les lecteurs ?

    Demain, avec de vrais blogs ouverts à la discussion, nous aurons aussi les coups de coeur des lecteurs, ainsi que leurs coups de coeur extérieurs à la bibliothèque (Net, expositions, recommandations, etc.)

    Une communauté n’est vivante que par l’expression de ses membres, par leurs réflexions, par leur partage… et ça, on le voit bien sur toutes les plates-formes 2.0.

    Et sur tous les blogs qui s’ouvrent aux commentaires, et enrichissent la communauté. 🙂

    Bien cordialement
    Bernard Majour

  6. L’histoire de la réincarnation en fourmi m’interpelle. J’eusse cru qu’il fut préférable de se réincarner en chat.

  7. J’ai l’intuition, à vous lire assez souvent ici ou là, que vous ne risquez pas grand-chose à titre personnel et que vous le savez fort bien. Ce qui vous permet de poser en posture une attitude assez détachée. Je n’aime pas le ton de votre réponse à Perrine, qui nous rappelle, à juste titre, à nos obligations de fonctionnaires (et non à des propos badins de bibliothécaire dont les conséquences en terme d’image, personnelle ou collective, resteront internes à ce petit monde, quitte parfois à le faire avancer, c’est vrai). Elle rappelle notamment l’obligation de discrétion. C’est la plus difficile à interpreter. Et les tribunaux administratifs, les maires le savent. Les placardisés de toutes sortes aussi. Je trouve particulièrement stupide de considérer que chacun doit tester ses limites tout seul et d’afficher ce type de position comme courageuse. On ne risque rien parce qu’on “parle juste de bibliothèques” ? Etonnant, ça touche beaucoup de sujets, les bibliothèques, vous savez…
    Tout fonctionnaire qui s’exprime court potentiellement un risque professionnel. Je vous crois assez malin pour éviter les sujets à risques et rester peu exposé à l’accident de carrière. mais ne poussez pas les autres à en faire autant.

  8. @ Yvonnic : je pense juste que nous avons toujours de bonnes raisons de ne rien faire, rien tenter ; et je pense que personne n’est assez “stupide” pour faire malgré lui et suite à mes conseils des choses le mettant en danger 😉
    Concernant l’obligation de discrétion, je pense qu’elle sert parfois d’excellente excuse, tout simplement. Je ne pense pas qu’il faille ne pas en tenir compte, je dis juste qu’il faudrait peut-être, avant de se réfugier tout de suite derrière, se demander quel est le risque réel… en terme d’accident de carrière, justement : que je sache, on ne fusille plus personne par ici pour des motifs d’opinion.
    Je ne m’interdis aucun sujet, ne m’interdirai jamais aucun sujet. Les risques dont vous parlez, croyez bien que je les assume/assumerai le cas échéant car effectivement, “Tout fonctionnaire qui s’exprime court potentiellement un risque professionnel “. Ces risques, je les ai déjà pris dans d’autres fonctions professionnelles et ma foi, je suis toujours vivant…
    Voilà. Au final, nous sommes donc bien d’accord : il y a des risques à parler ; et chacun parle, ou pas, selon ses choix propres. C’est le principe même de la liberté.

  9. Vieux débat risquophobes/risquophiles, dans lequel je n’entrerai pas. Vous faites tout de mème l’apologie du risque. Chacun son truc, effectivement. Un point quand meme sur les règles du jeu : en tant que fonctionnaire, nous bénéficions d’une protection fonctionnelle importante contre pas mal de gens et de choses. Sachons ne pas en abuser et renvoyer l’ascenseur. Beaucoup de gens ne sont pas aussi protégés que nous le sommes.
    “je suis toujours vivant” : Avez-vous rencontrez des placardisés ou des “accidentés de carrière” ? Ils sont vivants, je vous l’accorde. Mais il y a vie et vie …

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *