Beaucoup de bruit pour rien

closeUne année au moins est passée depuis la publication de ce billet qui peut donc contenir des informations un peu datées.

(après lecture du récent article de Marielle de Miribel dans le BBF n°4, 2007 ; une conversation – bruyante – entre votre serviteur, mon CDVA et « Marie de Tours » ; et ceci, entendu un week-end à la plutôt sympathique BM d’Angers : la bibliothécaire présente à la banque d’accueil, pleine de bonne volonté, se penche sur un petit garçon en train de rire comme une baleine et lui assène : « Ici c’est une bibliothèque, il ne faut pas y faire de bruit parce que des gens y travaillent ! »…)

Concernant la question du bruit dans nos bibliothèques, quelques questions/notes perso en vrac :

  • Quelle est la vision que les bibliothécaires ont de la bibliothèque et de ses publics ? Est-ce que cette vision correspond réellement à ce que sont les publics (universitaires) aujourd’hui ? Une bibliothèque que nous, bibliothécaires, trouvons bruyante, est-elle vécue comme telle par les étudiants qui la fréquentent ? Sommes-nous réellement en phase avec nos usagers et/ou avec la vie telle qu’elle est, et non pas telle que nous la rêvons ou la regrettons (ah l’âge d’or…) ? Le travail n’est-il pas parfois/souvent bruyant ?
  • Si la bibliothèque, même universitaire, est devenue/doit devenir aujourd’hui d’abord un lieu social (ce que je ne suis pas loin de penser), alors nous ne pourrons pas en faire sortir le bruit, parce que ce bruit-là est le bruit de la vie, la vraie.
  • Dit autrement et de manière un peu provocatrice : ouvrons les bibliothèques au bruit, elles revivront…

(Bien entendu, je ne prêche pas pour que les dispositifs techniques présentés par Marielle de Miribel ne soient pas mis en oeuvre, et pense au contraire qu’ils – ces dispositifs – doivent être déployés le plus souvent possible . Je ne pense pas non plus que nos bibliothèques doivent devenir des pétaudières partout et tout le temps. Je pose juste la question des représentations du monde que véhicule la vision que nous, bibliothécaires, pouvons avoir du bruit).

0 thoughts on “Beaucoup de bruit pour rien

  1. bonjour
    mmmh, si je suis à peu près d’accord avec l’idée que la bib est un lieu de rencontre pour les étudiants, je te trouve un poil démago. les bibliothèques mal insonorisées, fréquentées par des publics très remuants sont parfois assez pénibles pour le personnel qui passe l’essentiel de son temps en service public …

  2. Toi qui voulais des nouvelles de mon poste, en voilà !

    Dans les BU de médecine, où l’ambiance studieuse est de mise, le silence est à la mode. Les étudiants vous regardent de travers dès qu’on rentre avec des chaussures qui couinent. Et installer le Wifi est une gageure : chez nous, il y a le Wifi partout dans la Fac, sauf à la bibliothèque : des professeurs et des étudiants s’y sont opposés, sous prétexte (entre autres) que les claviers des portables allaient faire du bruit.

    Etonnant, non ?

  3. @ france : c’est pour cela que je fais ma parenthèse finale. Il s’agit bien de se demander qui le bruit dérange : les usagers ou nous ?…

    @ David B. : voilà, nous sommes d’accord : il s’agit bien de se demander ce que veulent les usagers, pas nous…
    Le CDVA, c’est mon Cher Directeur Vénéré et Adoré (oui oui, je suis toujours un immonde fayot…)

  4. On connaît assez bien ce problème dans la bibliothèque où tu travailles, ça a même fait l’objet d’une campagne de communication. Pas à la manière de Cujas, eh c’est pas Paris ici ! Une campagne élaborée en interne et basée sur les chiffres d’une enquête de satisfaction. NM s’en était fait l’écho à l’époque sur son blog.

    Sur les conditions de travail, le bruit apparaissait comme le point noir de ladite BU. 41% de peu satisfaits et 16% de pas du tout satisfaits. Ici, on peut dire que le personnel ET les usagers perçoivent le bruit comme un problème. La campagne n’a pas été un franc succès malgré les efforts du personnel, on reste prisonnier de l’architecture du bâtiment, de l’aménagement des espaces et des pratiques de sociabilité des usagers.

    Au delà des usagers (qui d’une manière ou d’une autre s’en accommodent), c’est la perception du problème chez les non usagers qui peut être intéressante. On sait que, souvent dans les lieux publics, un public chasse l’autre. Combien d’étudiants/profs ne fréquentent pas notre BU parce qu’elle est trop bruyante ?

  5. @ NA : je m’étonne alors que les usagers mécontents ne fassent rien. Ce sont des adultes, en principe. L’ancien CPE que je suis se demande combien de temps il faut que l’on accompagne quelqu’un avant qu’il se prenne en main. Autrement dit et d’une manière un peu provocatrice, si un usager trouve que son voisin fait trop de bruit, qu’il lui dise. J’ai toujours été très gêné par cette idée que quelqu’un doit s’occuper de nous tout le temps… Evidemment, cela ne nous (les bibs) exonère pas d’une régulation dans les cas particuliers (un groupe de Death Metal qui viendrait faire ses répéts. dans la BU). Mais pour le courant, des étudiants adultes peuvent s’auto-réguler, nom de nom.

    J’aime beaucoup ta remarque sur les non-usagers. Elle est très pertinente. Mais comme je ne suis pas un garçon sérieux, je file l’idée qui pourrait donner lieu à un billet : quelle offre documentaire pour les non-usagers 😉

  6. Je seconde NA: le sondage en question montrait clairement que le bruit était une gêne pour les usagers eux-mêmes, et pas pour les personnels seulement. Quant à l’autorégulation de l’espace public, c’est un tantinet utopique… Que voulez-vous, les gens sont ce qu’ils sont et ne mettent pas tous soigneusement leurs chewing-gums à la poubelle enveloppé dans un petit papier: on en retrouve plein sous les tables des bibliothèques.

    Ceci étant, je me souviens, en 2000, d’une discussion avec un usager de la BU Paris 8 St Denis où je passais une semaine et qui passait son temps au téléphone. Sa réponse à la question du bruit en bibliothèque était simple, sous forme d’une autre question: “ben c’est quoi ici, un hopital?”

  7. Comme la campagne de communication sur la bruit dans la BU où tu officies désormais, j’y étais un peu pour quelque chose, difficile de ne pas intervenir. NA a parfaitement posé le contexte, l’insatisfaction des usagers et la question de l’effet repoussoir du bruit.

    Par ailleurs, Les étudiants qui osent interpeller ceux qui font du bruit sont souvent rabroués par leurs homologues. Les usagers incomodés plus timides, eux, se transforment en non usagers (déjà que c’est pas facile de récupérer les non usagers, si en plus on en produit…). Quand à ceux qui font du bruit, ils baignent dans un environnement qui leur est favorable et on les fidélise…

    Pour ce qui est de l’autogestion au sein d’un espace public, je complète les propos de Nicomo: pour faire une comparaison simpliste, à la piscine municipale, quand les autres usagers ne respectent pas les règles (courrir, sauter dans le petit bassin, jouer dans les lignes de nage, etc.), je ne les réprimande pas : je ne reviens pas et je change de crèmerie!

    Et on en revient à espérer des espaces réellement différenciés pour des usages différents…

  8. @ Amélie : ouh là, je sens que je vais me faire exploser les rotules à la barre à mine, moi…
    Donc, des espaces réellement différenciés… Donc une cafétéria bien insonorisée DANS la BU, c’est ce que je disais quelque part dans ce blog 😉

  9. En BM le problème ne se pose pas tout à fait de la même façon qu’en BU parce qu’on ne vient pas (normalement) uniquement pour travailler.
    Personnellement j’y encourage le “bruit” ou la “rumeur” normale d’un lieu de rencontre : on parle à voix mesurée, voire on hausse la voix pour madame Lasourde. Oui un enfant a le droit d’interpeller maman pour lui dire qu’il s’ennuie pendant qu’elle butine dans le rayon “développement personnel”, n’en déplaise à monsieur Machin qui lui fait un chut encore plus bruyant et lui fait peur ; pis, c’est maman qui fait chut en regardant le bibliothécaire d’un air coupable…
    Ce sont les usagers qui viennent se plaindre : “mais enfin c’est inconcevable, dans une bibliothèque on doit être silencieux, sortez-les”. “- Ah bon ? Mais là nous sommes en train de parler, vous et moi, non ? On doit sortir vous croyez ?” …

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